Un dix-septième anniversaire à Oakland

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Le soleil dardait ses rayons sur la belle ville d'Oakland, aux Etats-Unis, réchauffant le corps de l'une de ses habitantes. Une mèche de ses longs cheveux lisses et roux glissa sur son papier. Elle la repoussa et effaça un trait de son chien qui malheureusement ressemblait plus à un ours qu'à un représentant de son espèce. C'était tellement agréable d'être assis là, à profiter paisiblement. Kaya consulta sa montre: 14h30, le 1° juillet. Le jour de son anniversaire. Qui ne rêvait pas d'être né le 1° juillet ? Avoir sa journée pour soi, le beau temps de manière presque certaine, savoir que l'on s'apprête à passer deux mois en jouissant de cette même liberté que celle on dispose aujourd'hui. Délivré de cours, de devoirs...Le bonheur absolu!

Habituellement, elle n'était jamais chez elle le jour de son anniversaire. En effet, ses parents les emmenaient, sa sœur et elle, à la découverte des merveilles des environs. Et Dieu sait que la région en regorgeait ! Une année, alors que Leah avait 9 ans et elle 12, ils étaient même allés jusqu' au parc d'attractions Disneyland d'Anaheim le temps d'un week-end et en avaient profité pour passer une semaine à découvrir Los Angeles. Ces deux journées faisaient partie de leurs plus chers souvenirs en famille.

Mais cette année, pour ses 17 ans, ils n'étaient pas partis. Leurs parents ne leur avaient même pas expliqué pourquoi, ce qui avait profondément énervé Kaya. Non qu'elle soit capricieuse ou égoïste mais elle aurait aimé connaître la raison pour laquelle la tradition n'était pas respectée. Ces escapades leur étaient si précieuses habituellement ! Son père n'avait rien dit, sa mère avait faiblement expliqué qu'elle avait du travail mais elle avait compris que ce n'était qu'un simple prétexte, un mensonge. Celle-ci n'avait d'ailleurs pas travaillé de la matinée...Cela serait au moins l'occasion pour elle de fêter l'événement avec sa tante et ses cousins le jour J, ce qui n'avait encore jamais été possible et qui lui faisait très envie.

Elle releva la tête et regarda passer un avion de ligne. Où se rendaient ces personnes qui traversaient le ciel si vite vers des destinations lointaines et merveilleuses ? Elle avait commencé à apprendre à piloter un peu par hasard et aujourd'hui, forte d'une expérience et de souvenirs inoubliables, de rencontres qui l'avaient transformées, elle savait enfin ce qu'elle souhaitait faire de sa vie. Conduire ces passagers, atterrir dans tous les aéroports du monde, vivre le mélange parfait entre ses passions pour le pilotage et pour les cultures étrangères, le voyage. Si Leah n'avait pas été chez sa meilleure amie, il ne faisait aucun doute que cet oiseau mécanique aurait fait l'objet de nombreuses suppositions partagées concernant sa provenance et sa destination. Soudain, un cri la tira hors de ses pensées.

- Kaya ! Luke !

Sa mère, Ella, les appelait son père et elle d'une voix tremblante. La jeune fille ne parvint pas à distinguer l'émotion qui l'assaillait, cependant: bonheur ? inquiétude ? excitation ? stress ? Sans doute un savant mélange des quatre...

Elle rejeta sa chaise au loin d'un geste brusque et traversa le grand jardin fleuri en direction du hall avant de rejoindre le bureau. Sa mère se tenait là, assise face à l'ordinateur, la messagerie ouverte. Quand sa fille arriva, elle se retourna brièvement vers elle et lui adressa un sourire. Kaya la sentit tendue, ce qui était rare chez elle. 

Ses longs cheveux bruns tombaient souplement sur ses épaules tandis qu'elle se tenait très droite sur sa chaise. L'adolescente était toujours contente de voir à quel point ses parents semblaient jeunes, particulièrement sa mère. Elle était restée féminine, ce qui aidait. De plus, ses parents, Américains tous les deux, s'étaient vite rencontrés et les avaient eues tôt. Leah avait d'ailleurs hérité de la chevelure maternelle. A côté d'elle se tenait son père. Il était blond comme les blés et n'avait légué ses gènes à aucun de ses deux enfants, au grand dam de Kaya qui avait toujours été persuadée qu'elle aurait été bien plus belle blonde que rousse. Avoir les cheveux couleur carotte, quel bonheur... En lui jetant un regard, Kaya trouva son impression aussitôt confirmée. Il avait toujours eu plus de mal que sa femme à cacher ses émotions et son malaise sautait aux yeux.

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