I. La flûte d'Hector Charlebois

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I. La flûte d'Hector Charlebois

Oh putain de bordel de merde !

Je déteste ça. Je suis peut-être l'unique femme sur Terre à ne pas supporter que l'on s'occupe de mes seins durant l'amour, mais tel est mon calvaire. Chaque fois qu'un homme s'attarde sur ma poitrine, j'ai comme une envie pressante de lui foutre un coup de boule.

Allez, ferme les yeux, Victoire, ce n'est qu'un dur moment à passer.

Hector ne semble pas se lasser de tournoyer sa langue autour de mes tétons, prenant sans doute les petits bruits qui sortent de ma bouche pour des gémissements de plaisir. Plus je me contorsionne sous l'effet de cette torture, plus le pauvre homme est convaincu de m'envoyer au septième ciel.

Aux grands mots les grands remèdes, disait ma grand-mère.

Putain, pourquoi je pense à Mamie dans un tel moment ?

Je décide de prendre le taureau par les cornes, posant fermement ma main sur son crâne, cherchant à le faire descendre un peu plus, vers un endroit où l'humidité de sa langue me conviendrait davantage. Hector semble un instant surpris par mon audace, puis m'observe, un sourcil relevé.

— Tu sais ce que tu veux, toi.

Je sais surtout ce que je ne veux pas, mon beau.

Ce mec, c'est le fantasme de toutes mes copines depuis un bon bout de temps. Celui qu'on rêve toutes de se taper en secret. En principe, Hector est censé être intouchable. Derrière ses faux airs de Don Juan, il crie à qui veut l'entendre qu'il rêve d'une histoire sérieuse. Parce qu'il approche des trente ans et a l'espoir de fonder une famille au plus vite. Le problème, c'est que ni lui, ni moi, ne résistons à l'alcool. Ni à la playlist endiablée d'Albert, le DJ de la boîte de nuit de notre petit patelin. Cela faisait plusieurs mois que nous nous tournions autour, sans jamais rien tenter. De base, je ne suis pas censée être son type de fille. Après tout, depuis que je le connais, il ne sort qu'avec des Cindy et des Jennyfer.

Non, je ne suis pas Cindyphobe, mais quand même.

Hector est le cliché de base du mâle alpha qui fait mouiller toutes les petites minettes qu'il croise. Des cheveux bruns décoiffés, un teint hâlé qui ferait pâlir de jalousie une cabine d'UV et des iris noisette qui donnent plus envie qu'un pot de Nutella.

Bien sûr, je vous épargne les détails sur son corps d'Apollon qui va chevaucher le mien d'ici quelques minutes.

Surtout, Hector a un grain de beauté au coin de sa paupière droite. Allez savoir pourquoi ce petit truc marron me met dans un tel état. Je n'en ai aucune idée moi-même.

Seigneur Dieu !

Est-ce que sa langue est réellement entrain de faire ce que j'ai l'impression qu'elle fait ?

Mes dents mordent fortement ma lèvre inférieure sous l'effet de la décharge électrique que sa bouche vient de me produire. Mes doigts se perdent dans ses cheveux, les ébouriffant un peu plus au passage.

Si je sais ce que je veux, il sait ce qu'il fait.

J'ai l'impression que mon cerveau s'est transformé en supporters de foot qui enchaînent holà sur holà, clapping sur clapping. Ma respiration se fait saccadée sous ses coups de langue experts et je me sens à deux doigts de défaillir tant c'est intense, sensuel, exaltant. Hector redresse ses pupilles vers moi pour découvrir mon visage déformé par le plaisir. J'aperçois une lueur de satisfaction traverser son regard. Comme s'il souhaitait me faire céder au plus vite, l'une de ses mains vient se poser sur mon sein gauche.

VICTOIRE - La théorie de la RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant