Chapitre 1 (partie1)

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When morning comes again

Quand le matin arrive

I have the loneliness you left me

J'ai la solitude que tu m'as laissée

Each day drags by

Chaque jour passe

Until finally my time descends on me

Jusqu'à ce qu'enfin mon jour arrive


        Ces paroles résonnent en moi alors que je me réveille doucement au son de la voix de Sia. Elles ne me font plus pleurer, et pourtant, je les comprend de mieux en mieux. Les jour défilent, mes blessures restent. Les matins, je ne suis pas d'humeur à rire ou à chanter. La musique est présente et m'aide énormément à ne pas flancher. Je me dirige vers la fenêtre de ma chambre et l'ouvre pour laisser entrer les rayons de soleil. Dans la salle de bain, j'essaie de cacher le plus possible mes cernes. Après vingt bonnes minutes sous l'eau bouillante de la douche, je me décide enfin à affronter le regard insistant de ma mère, comme chaque début de journée. C'est une femme bavarde, stricte et sûre d'elle qui n'accepte pas qu'on se morfonde au fond de son lit, comme j'ai tendance à le faire ces derniers temps.


_ Aly ! Tu te lèves ?


Toutes les personnes de mon entourage me surnomment Aly, à croire que mon prénom n'est pas assez court à leur goût. C'est tellement rare que l'on me nomme Alice que j'en ai perdu l'habitude. Même au lycée, les professeurs m'appellent par mon nom de famille «Gregore».


_ Oui, oui ... J'arrive.

_ Dépêche-toi, ou tu seras en retard !

_ Rooh ... C'est bon, on n'est pas pressé, murmurai-je

_ Pardon ? Tu as dit quelque chose ?

_ Non non. J'arrive.


Après un dernier coup d'œil dans le miroir, je descends l'escalier pour rejoindre la cuisine où ma mère m'attend les bras croisés, le regard vif et les sourcils froncés. Je m'attends au perpétuel récit sur mon manque de vivacité dans la vie. Je n'y prête pas attention, préférant me focaliser sur mon bol de céréales. Une fois le moment passé, je remonte dans ma chambre les écouteurs dans les oreilles, en fredonnant Happy de Pharrell Williams.


Because i'm happy

Parce que je suis heureux

Clap along if you know what happiness is to you

Claque des mains si tu sais ce qu'est le bonheur pour toi

Because i'm happy

Parce que je suis heureux

Clap along if you feel like that's what you want to do

Claque des mains si tu sens que c'est ce que tu veux aussi


C'est à partir de là que commence ma nouvelle vie. Les vacances d'été sont finies, deux mois pour me faire à l'idée de vivre dans cette nouvelle maison et dans ce nouveau pays. Lors du divorce de mes parents, on m'a demandé de choisir : vivre avec un père alcoolique ou une mère insatisfaite de la personne que je suis. Le choix fut plutôt simple, je préférais cent fois recevoir des reproches toute ma vie, que de devoir m'occuper d'un adulte déprimé. J'avais déjà assez de problèmes, alors m'occuper des affaires des autres, sans façon.


Oui, j'avais des problèmes, avec lui... Avec Dylan. Mon ex petit ami, une personne que j'ai aimée, auprès de laquelle j'ai trouvé du réconfort quand je ne me sentais pas bien. Cependant, lui ne m'a jamais vue autrement que comme une distraction ou une personne « qui peut servir en cas de besoin ». Depuis, je le trouve vantard, négligeant, obstiné et malfaisant. Une brute que je suis bien contente d'avoir laissée derrière moi. Ce n'était pas la plus belle période de ma vie, et chaque jour je me lève avec des remords et une image de moi encore plus négative que la veille. Ma mère a cru bon de m'emmener avec elle en Californie, loin de ma petite vie de française. Pour une fois, on est d'accord.


 Une nouvelle histoire m'attend et la nervosité apparaît, à l'idée de tout reprendre à zéro. Découvrir la ville inconnue et immense qu'est San Diego. Retrouver un semblant de vie sociale, pour une fille comme moi plutôt timide et introvertie : ce qui n'est pas gagné d'avance. Le plus difficile ? Attaquer une dernière année dans un lycée où le programme est totalement différent. J'étais plutôt bonne élève avant, mais là je pense qu'il va falloir que je me remette à niveau rapidement, si je veux avoir mon diplôme à la fin de l'année et pouvoir aller à l'université . Ahh... Les facultés d'étudiants aux États-Unis. J'ai toujours voulu étudier les langues étrangères, autre part qu'en France. C'est tellement plus simple de se familiariser à la langue et de s'immiscer dans leur culture.


Devenir bilingue, ou trilingue, et parcourir le monde est un rêve. Cependant, les enseignements sont loin d'être facile. Si j'avais des facilités en France, je vais tout de même devoir redoubler d'effort pour réussir cette dernière année. L'acquisition de ce diplôme, me permettra d'intégrer l'une des meilleures facultés d'état.


J'ai l'impression que les études sont vraiment prises au sérieux ici, rien à voir avec l'éducation française. Avec une mère professionnelle de langues étrangères et un père professeur des écoles, je me suis tout de suite intéressée aux diverses cultures du monde. La musique m'a beaucoup aidé de ce côté-là. Vu que mes parents n'avaient pas les moyens de me payer des cours particuliers, j'ai dû me débrouiller toute seule. Je passais donc mon temps à apprendre des paroles de chansons par cœur et à les traduire en français par la suite.

La vie d'AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant