Chapitre 7.

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La journée passa et la petite réunion se concrétisa. Elle avait donc donné rendez-vous à Oscar, Adèle, Gaspard et Laura vers vingt heures au Bar du Bristol un bar situé dans le huitième arrondissement. Ce bar elle le connaissait depuis l'enfance, s'y rendant régulièrement lors de ses escapades avec ses parents dans la capitale, du fait de leur profession et de leurs nombreuses réunions. Elle y aimait l'ambiance anglaise qui régnait et cet endroit était devenu, de plus en plus au fil des années, son bar préféré de Paris. Elle s'y rendait d'ailleurs fréquemment avec ses amis de sa promotion, lors des rares soirées de détente qu'elle s'accordait lors de l'année.

L'heure du rendez-vous arriva et Oscar apparut au coin d'une rue. Il entra dans le bar et chercha Sarah du regard. Elle était déjà entourée d'un couple, en train de discuter tout en se tenant la main. Son allure se fit alors plus lente, comme s'il appréhendait le moment de la rencontre, non pas qu'il voulait faire bonne impression, mais il avait juste un peu peur de ne pas être à sa place. Il arriva finalement à la hauteur du groupe et salua Sarah. Elle fit brièvement les présentations puis l'invita à s'asseoir. Ils attendirent la dernière personne et commandèrent leur consommation. Oscar découvrit alors les amis de Sarah. Ils étaient certes un peu prétentieux mais toutefois très sympathique, à l'image de la jeune femme. Tout se déroulait pour le mieux. Les amis de Sarah possédait une soif de connaissance sans fin, tous les sujets étaient bons pour débattre pendant un bon moment. Les minutes puis les heures passèrent, les serveurs arrivèrent et repartirent plusieurs fois, d'abord le plateau rempli puis vide. Les consommations fusèrent et les grands esprits se rencontraient. De temps à autres, certains membres du groupe partirent dehors afin de pouvoir fumer et prendre l'air. Oscar jetait quelques fois des regards à Sarah et dans la plupart du temps, elle lui souriait en le regardant et commencèrent un jeu de regard jusqu'à ce que l'un des deux abandonne. Mais sinon, il la regardait parler à ses amis et elle semblait bouger au ralenti. Ou peut-être était-ce l'alcool qui commençait à faire effet, il n'avait pas bu énormément mais suffisamment pour que sa vue se brouille de temps en temps. Il était plongé dans une euphorie qui lui était agréable. La chaleur avait, semble-t-il, monté et toutes les personnes autour de lui lui semblaient heureuses et détendues. Il s'enfonça un peu plus dans le fauteuil et souffla un bon coup avant de fermer les yeux. Il les garda fermer pendant presque une minute, histoire de calmer les éclats de couleurs qu'il voyait. Il se leva alors un peu précipitamment et se rendit à l'extérieur tout en lâchant un "Je vais prendre l'air.". Dehors tout semblait calme et paisible, ce qui contrastait avec l'ambiance du bar et celle de Paris, habituellement bruyante et débordante de vie. Ici, tout semblait paisible. Les légères brises qui caressaient son visage et ses cheveux, la musique du bar qui résonnait en fond, le noir de la nuit, oui, c'était paisible. À l'intérieur, les étudiants se demandèrent pourquoi était-il parti aussi rapidement. Peut-être que la soirée ne lui plaisait pas, peut-être qu'il ne se sentait pas sa place au milieu de personnes qui, en début de journée, lui étaient de parfaits inconnus. Oscar respirait l'air pur, assis sur le rebord du trottoir. Il profitait de la fraîcheur de la nuit, lui qui étouffait à l'intérieur. Au bout de presque cinq minutes il se décida à se lever et retourna autour de la table. Il s'excusa de son absence et s'assit.

Après une heure, ils décidèrent qu'il était temps de repartir, la plupart travaillant le lendemain, ou plutôt dans les heures qui suivaient. Ils repartirent du bar après avoir réglé leurs consommations. Oscar profita d'un instant de silence pour faire le point sur la soirée qu'il venait de vivre. Ses amis étaient certes un peu prétentieux sur les bords, mais ils étaient gentils et étaient d'une soif de culture débordante. Ils étaient comme elle. Intersections après intersections, le petit groupe se divisa peu à peu. Au bout d'un certain moment, il ne restait plus que Sarah et Oscar, marchant l'un à côté de l'autre, dans un silence de plomb. Il avait tenu, en homme bien élevé qu'il était, à raccompagner la jeune femme jusqu'à son immeuble. Il ne voulait pas qu'elle ne puisse pas commencer l'emploi qu'ils venaient de célébrer. Ils se mirent à discuter de sujets mondains, comme le font les personnes en société. Puis, doucement, la conversation dévia vers la soirée qu'ils venaient de passer.

« J'espère que mon groupe d'amis ne t'a pas semblé trop prétentieux, ils sont comme ça. Dès qu'ils le peuvent, ils ramènent la discussion vers eux. Je me suis inquiétée quand tu es parti comme ça, j'avais peur que tu n'en pouvais plus d'eux... J'espère que ça n'a pas gâché la soirée... justifia-t-elle, marquant une pose dans la marche. Nous sommes arrivés, c'est mon appartement.
- Ne t'en fais pas, mis à part cela, ils sont plaisants. Moins que toi, mais plaisants. Et ne t'en fais pas, j'avais juste besoin de prendre l'air, l'alcool et la chaleur du bar cognaient dans ma tête. affirma Oscar, marquant également un arrêt.
- Oh... merci, je crois. Je ne vais pas t'occuper plus longtemps, il est tard, tu dois travailler demain, et moi aussi pour le coup. reprit Sarah, en entrant le code sur le boitier électronique»

Toutefois, avant qu'elle ne puisse s'avancer pour lui dire au revoir, Oscar souffla tout l'air présent dans ses poumons. Il regarda Sarah dans le blanc des yeux et lui sourit d'un sourire le plus sincère qui soit. Elle lui rendit ce dernier tout en tenant fermement la poignée de porte. Soudain, il s'avança et dans une lenteur pire que dans certains films hollywoodien, approcha lentement ses lèvres de celles de la jeune femme. Malgré le temps que prit ce dernier, Sarah ne fut pas en mesure de réagir, pas d'échappatoire possible, ni une possibilité de prendre les devants. Le temps se suspendait et leur bulle se recréait. Et contre tout-attente, elle fut incapable de bouger. C'est au bout de quelques secondes interminables qu'il posa délicatement ses lèvres sur les siennes. Ce fut un baiser doux, un simple baiser comme on en voit si souvent dans les rues de Paris. Sarah n'arrivait même pas à répondre à ce baiser, tant elle était bloquée. Elle n'avait jamais connu tel blocage, elle qui avait pourtant l'habitude de prendre les devants. Après quelques secondes qui avaient pourtant l'air d'avoir duré plusieurs heures, il décolla lentement ses lèvres et regarda Sarah. Elle avait un sourire naissant aux lèvres, et avait lâché la poignée. Oscar, sourit à nouveau à la jeune femme et lui tourna les talons, et repartit vers son appartement. C'était certes un moment cliché mais c'était bon. Et peu importe si cela l'était, après tout, tout le monde rêve d'un de ces moments clichés comme il en existe à la pelle dans les films à l'eau de rose.

Le temps d'un été.Where stories live. Discover now