Chapitre 10

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Mes jambes ont d'abord commençaient à trembler. J'aurais dû m'asseoir. Il n'ira jamais mieux. Il m'avait menti, sûrement pour ne pas que je me réjouis de son problème. Moi qui lui paraissait comme une source d'ennui. Je n'étais que celui qui pouvait lui faire du mal. Tout à l'heure, il a osé me dire que jamais il ne guérirait. Je suis resté devant lui, luttant contre mon propre corps pour ne pas que je tombe. Une nouvelle fois, même après, j'aurais dû m'asseoir. Il s'est retourné vers la fenêtre comme si me voir comme ça le dégoûtait ou lui faisait trop de mal. J'aurais dû partir à ce moment-là, mais mon estomac était tellement noué qu'à présent, j'avais envie de vomir. Pour parer cette envie, je lui ai demandé ce qu'il se passe réellement pour lui. Silencieux, il a refusé d'ouvrir à nouveau la bouche. Il aime lâcher des bombes comme ça et laisser les gens avec ça.

Après être resté une dizaine de minutes à essayer de savoir, parlant à un mur, je suis parti. J'ai retenu mes larmes devant lui, enfin, dans la chambre, mais dès que j'étais dans le couloir, je n'avais plus personne à qui je devais me cacher. Je me suis assis dans un couloir et j'ai pleuré. Une infirmière s'est arrêtée, me demandant si j'allais bien. Je ne lui ai pas répondu tout de suite, je ne savais pas quoi lui dire. Je ne comprenais même pas pourquoi je réagissais comme ça moi. Face à elle, je me suis relevais, je lui ai demandé de me laisser seul et je suis parti. Je pense qu'elle a compris que je n'allais pas bien, mais elle m'a écouté, elle ne m'a pas suivi. J'ai juste entendu un petit 'courage' s'échapper de sa bouche. Du courage, il va m'en falloir. Je suis repassé devant l'accueil, mais je n'ai pas tourné le regard vers elle. Mes yeux buttaient contre le sol. En sortant de la clinique, j'ai relevé la tête vers le ciel bleu. J'avais mal aux yeux. Le soleil m'a comme brûlait la rétine, mais c'était comme si rien n'était plus douloureux que ce qu'il venait de me dire. Rien ne pouvait me faire plus de mal.

Je ne veux pas retourner en cours. Je ne veux pas revoir tout le monde. Ils vont me poser des questions sur mon absence. Ils vont me poser des questions sur mon état, sur mes cernes et je ne veux pas leur répondre. Les mains dans les poches de mon blouson, je traîne dans le parc. Je m'assois sur un banc. La solitude fait du bien autant qu'elle blesse. J'aurais pu rester dans sa chambre, mais il ne m'aurait rien dit de plus. Maintenant, je le connais pour savoir qu'il sait rester silencieux. Seul, les larmes coulent le long de mes joues. Je mets ma capuche sur ma tête pour cacher mes pleurs. J'ai toujours eu de la peine pour ceux que je vois pleurer dans la rue. Je ne veux pas qu'on ait de la peine pour moi, c'est pour Elio qu'il faut en avoir. Mon téléphone vibre dans la poche de mon jean. Je mets quelques secondes avant de le sortir et de le regarder. J'essuie mes yeux pour y voir plus clair. Un message de Jenny. C'est la seule qui me contacte pour savoir ce que je fais, pourquoi ils ne m'ont pas vu ce matin, pour savoir si je suis malade. Oui, je suis complètement malade là. J'ai toujours cette même envie de vomir. Mes doigts appuient sur les touches qui écrivent que je vais bien, mais que je ne me sentais pas bien ce matin, alors j'ai préféré me rendormir en espérant que ça passe, mais qu'au final ce n'est pas passé. Non, c'est encore pire, mais je ne rentre pas dans les détails. C'est fou comme je lui cache des choses, il y a encore quelques mois, je lui aurais dit. Elio aurait été une fille, peut-être que j'aurais parlé de lui. Je range mon téléphone et je me lève du banc. Je marche, je fais de petits pas, j'essaie de perdre du temps pour rentrer.

Devant chez moi, je relève à peine la tête. Je me demande si je dois rentrer à la maison, ma mère va me voir. Rien qu'en poussant le portail, elle va m'entendre arriver. Peut-être qu'elle pensera que c'est le vent alors elle ne viendra pas vers moi. Je pousse donc ce portail, toujours le même grincement. Depuis le temps que l'on dit à papa de faire quelque chose pour qu'il fasse moins de bruit, selon ma mère, je n'ai même pas la possibilité de fuguer puisqu'ils seraient au courant rien qu'au bruit. Je rentre dans la maison. Je n'enlève pas ma capuche alors que c'est toujours ce qu'on m'a appris à faire en rentrant dans un lieu. J'espère passer incognito, mais quand j'avance, je tombe presque nez à nez avec ma mère. Elle est dans la cuisine à faire un déjeuné pour ce midi, alors que je suis sûr qu'elle vient de se lever.

– Capuche Milan.

Je suis obligé de lui obéir même si je ne le veux pas. Je retire ma capuche et elle a l'incroyable chance de voir mes cernes, mes yeux rouges et gonflés, mes joues humides.

– Milan, tu vas bien ?

Il y a de l'inquiétude dans sa voix. C'est normal. On serait tous mort d'inquiétude si on voyait son enfant dans mon état. Certes, on ne m'a pas frappé, mais j'ai l'air d'être au fond du trou. Et vous savez, cette fameuse question 'tu vas bien', celle que l'on redoute quand on ne va pas bien parce qu'on est à deux doigts de pleurer. Moi, je n'échappe pas à ça et je me mets à pleurer. Je fonce aussi dans ses bras. Sa main caresse mes cheveux comme elle l'a souvent fait quand je me blessais quand j'étais gamin. Ses bras sont rassurants, les bras d'une mère. J'aimerais que jamais ce moment s'arrête. Je me sens tellement bien contre son cœur qui bat trop vite pour la normale. Elle embrasse mon front quand elle recule.

– Qu'est-ce qui se passe ?

– C'est quoi le problème d'Elio ? Il m'a dit que... qu'il n'allait pas guérir, qu'il n'ira pas mieux. Mais il n'a pas voulu m'en dire plus.

– Mon grand. Ce n'est pas à moi de te le dire, ça le concerne, il m'en voudrait si je te le disais. Soit

juste patient Milan.

– Mais je n'ai pas envie d'être patient, je pense que je le suis déjà assez, lançais-je en m'énervant.
– Si, il faut que tu le sois. Quand il se sentira prêt, il te le dira. Elio est quelqu'un de bien. Tu l'aimes bien ?
– J'en sais rien.

– Moi j'ai l'impression que tu l'aimes bien puisque tu as quand même sécher les cours pour aller le

voir. Milan. Fait attention à toi, mais fait aussi attention à lui.

Faire attention à lui ? Comment lorsqu'il ne veut même pas me dire ce qu'il a ? Elle veut me reprendre dans ses bras, mais je refuse et je monte dans ma chambre. Je pose mon sac près de mon lit et m'écroule sur mon matelas. On me cache des choses, même ma mère a l'air au courant alors que moi je ne sais rien. Je n'aime pas ça. Surtout, parce que j'ai peur de faire quelque chose de mal pour lui. Et si je lui faisais mal, sans faire exprès ? Genre physiquement. Je pose mes mains sur mes yeux et laisse à nouveau les larmes coulaient. Pourquoi, c'est moi qui ait mal ? Elio.

Apprendre à avoir mâleWhere stories live. Discover now