Chapitre 4 : Présence...

16 4 5
                                    


Pfoouuu ! Cette fête était vraiment cool mais je suis morte de fatigue et je n'ai qu'une envie, me glisser dans mon nouveau lit avec Kieran blottit contre moi comme une grosse peluche.

- Merci à tous pour cette super soirée, les amis ! A demain ! lançai-je à la ronde en me dirigeant vers la sortie.

- Oui, sauve-toi, mon cœur, répondit Shany depuis la cuisine. Tu dois être fatiguée, va vite te coucher !

- T'en fais pas, on s'occupe de tout ranger !

Raah, la fatigue m'engourdissait tellement que je n'arrivais presque pas à faire avancer mon fauteuil. Mais je ne voulais pas le montrer ni demander de l'aide aux autres. ...pourquoi ? Par orgueil, sans doute.

- Allez, me murmurai-je. Un dernier effort pour rentrer dans l'ascenseur...

Tout en appuyant sur le bouton, je continue de ruminer d'amères réflexions. Etre différente, c'est avant tout être seule, et ça, c'est une leçon que j'ai bien apprise avec le temps. Tout le monde a beau être gentil avec moi, je n'en reste pas moins la seule à me déplacer en fauteuil roulant. Une différence...que rien ne comblera jamais désormais.

J'étais là dans mes pensées quand soudain, Kieran gronde sourdement, visiblement irrité par quelque chose qui se trouve derrière moi. C'est le moment que choisit l'ascenseur pour ouvrir ses portes et je me dépêche de sortir pour faire ensuite pivoter mon fauteuil vers l'ascenseur. Personne. Et pourtant, j'ai eu moi aussi l'impression de ressentir une présence l'espace d'un instant, et d'avoir entrevu...

- Qu'est-ce que c'était ?! On aurait dit un...

J'interromps ma phrase en secouant la tête. Ma vieille, tu commences à te faire des idées, la fatigue te fait délirer, tiens ! Je me dirige donc vers la porte de ma chambre et tire de ma poche ma clé où pendouille un porte-clé Totoro – Oui, j'ai un porte-clé Totoro, et alors ? Vous n'aimez pas Miyazaki, vous ? – quand un grincement attire mon attention. Je m'aperçois alors que la porte d'un des autres appartements s'est entrouverte... Creepy... Et voilà que Kieran se remet à gronder !

- Kieran ! Qu'est-ce qui t'arrive encore ? C'est dans l'appartement d'à côté ? Tu as senti quelque chose ?

C'est l'appartement 7, c'est là qu'habite celui-que-je-ne-risque-pas-de-voir... Je sentais une présence, la même que dans l'ascenseur. Alors que je m'approche, Kieran bondit de mes bras vers l'ouverture et dans ma tentative de le retenir, je chute violemment de mon fauteuil.

- KieraaaAAAAH... !

Me voilà allongée par terre, endolorie par ma chute et tentant vainement d'atteindre Kieran, quand soudain...

- En voilà, une entrée en fanfare...et sans invitation, en plus.

***

Interloquée, je relève la tête. La pièce dans laquelle j'ai atterri – dans tous les sens du terme – est vide à l'exception d'un bureau et d'un lit. La lumière bleue que diffuse un néon basse consommation me permet alors d'apercevoir sur ce lit le propriétaire de cette charmante phrase d'accueil. Il s'agit d'un jeune homme bien bâti et mince, aux cheveux ébouriffés, les mains enfoncées dans les poches de son blouson. Assis nonchalamment sur le lit et adossé à l'oreiller, il me fixe avec froideur. Avant que je puisse dire quoique ce soit, il reprend :

- Hé bien, professeur X ? Que viens-tu faire dans ma chambre...sans y avoir été invitée ?

Son ton est calme mais glacial, et je me sens tout à coup honteuse d'avoir joué les curieuses en m'aventurant près de ses pénates.

- J-Je suis désolée, c'est mon chat, bégayai-je. Il m'a échappé et est entré ici...

- Ton chat ? (le jeune homme semble esquisser un sourire amusé) Il n'a pas l'air de beaucoup m'apprécier...

En effet, comme si cette entrée embarrassante ne suffisait pas, Kieran ne cesse de gronder à son encontre, visiblement sur la défensive.

- Désolée ! Kieran, reste tranquille... !

Je récupère mon chat et redresse tant bien que mal mon fauteuil, sous le regard du garçon qui ne bouge pas d'un iota.

- Je m'appelle...

- Je sais : Ilaya, me coupe-t-il. Difficile de ne pas le savoir avec tout ce boucan pour ta fête bienvenue.

- Désolée, lançai-je encore en me rasseyant comme je peux sur mon fauteuil.

- Encore ? rétorque-t-il en se levant du lit sans bouger ses mains de ses poches. Tu es souvent désolée. C'est sincère ou c'est juste une expression ?

Son ton ne s'est pas adouci et je commence à être agacée par cette attitude condescendante. Il doit le remarquer à mon regard car il s'avance lentement vers moi.

- Je parie que tu dois te demander « qui est ce type ? ».

- Exactement, répondis-je sèchement. Et clairement, tu es le moins galant des garçons qui vivent ici, ajoutai-je avec la volonté de lui faire comprendre son comportement désagréable.

Non seulement ma remarque ne semble rien lui faire mais elle lui donne en plus une nouvelle occasion de se moquer de moi.

- Ah, Dimitri t'a fait le coup du baisemain, je me trompe ? A se demander si c'est un gentlemen ou un robot tombé sur un traité de politesse datant du Moyen-Age.

Ne me laissant pas placer un mot, le voilà qui continue sur sa lancée.

- Quoique dans la section robot, Youri reste le maitre. Je parie qu'au lieu de donner son opinion, il a fait une citation ou évoqué un film.

Je ne réponds rien et il se tourne à demi vers moi, une expression moqueuse sur le visage.

- Tes silences sont plus parlants que n'importe quelle réponse... Et Jace, qu'a-t-il fait pour se montrer charmant ? Il a partagé les miettes du buffet avec toi ?

Cette remarque est celle de trop et cette fois-ci, je ne peux m'empêcher de répondre.

- Il m'a élégamment salué, lui aussi !

- Wouah ! s'exclame sarcastiquement le jeune homme. Tu es son type de fille alors. Chacun ses goûts, tu n'es pas le mien.

- Ce n'est pas très gentil, ça, sifflai-je douloureusement.

Le voilà qui se tourne complètement vers moi et prend appui sur les accoudoirs de son fauteuil, son visage à quelques centimètres du mien.

- Ne me dis pas que Diana ne t'a pas sorti bien pire, du genre « alors, Ilaya, je parie que depuis que tu as débarquée, tu ne sais plus sur quel pied danser ! ». Heureusement que Shany était là pour te consoler. J'imagine qu'elle t'a appelée au moins une fois « ma chérie » ou « trésor ».

Le regard sombre, il s'arrête une seconde avant d'assener sa dernière phrase.

- ...et je mise encore plus sur le fait que tu te demandes quelle impression tu leur as faite, toi.



Voilà le nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plaira...ou plutôt, non, j'espère qu'il plaira à ceux qui restent.

30 vues au prologue pour 1 vue au chapitre 3, c'est attristant et mortifiant.

Alors je vais donc adopter le système de certaines personnes : je posterai désormais le prochain chapitre après 10 vues et 5 commentaires minimum.

Vous avez dit "Surnaturels" ? - [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant