My Dear Devil

Chapitre 2

Je marche sous le ciel étoilé d'été, je n'aperçois aucun nuage à l'horizon. Les branches mortes et les feuilles craquent sous mes pas pourtant légers. Le paysage qui m'entoure ne m'est aucunement familier et je me demande bien de quelles sortes de bêtes cette forêt peut regorgé. Je continue de marcher au milieu de ces  imposants et majestueux chênes. Il faut que je boive et que je me repose, la journée a été longue et je ne sais pas si j'ai la force de continuer. Mon chien a lui aussi l'air d'en avoir marre et me regarde en se demandant quand est-ce que j'accepterai de le laisser tranquille.

Je lâche un petit rire devant sa bouille suppliante.

- Encore un peu Styx, on y est bientôt.

Je part vers un chemin de feuilles mouillées et suit les mousses vertes et fraîches qui jonchent le sol. Ma cape traîne lentement derrière mes pas et me protège d'une douce brise étonnement froide pour la saison. 

Nous arrivons enfin au pied d'un ruisseau. Je m'assois avec grande hâte et plonge mes mains dans l'eau fraîche. Je lâche un soulagement de plaisir. Mon corps s'habitue chaque jour, de plus en plus, à ce que je lui fait subir. Styx se jette carrément dedans et commence à jouer et à s'éclabousser lui-même en faisant des petits bonds. Je souris devant sa tête : il tire la langue et essaie de mordre l'eau. C'est un très beau chien, il a tout juste 2 ans mais il est déjà très fort. Un cane corso entièrement noir avec une très forte tête. Il est robuste et puissant, mais il n'en reste pas pour le moins docile. Je n'avais jamais vu un chien aussi fidèle et protecteur, son caractère méfiant m'aide à repérer les étrangers. Il est doté d'un grand flairs et on peut dire que je l'ai bien éduqué.

Je l'ai trouver à la bordure d'une forêt, près d'une route. Il était dans une grosse boîte en carton avec 3 autres mâles et deux petites femelles. Malheureusement, il n'en restait plus que deux en vie. Je les ai gardés mais au bout d'une semaine, la petite femelle est morte. Ils n'avaient pas été sevrés pourtant Styx s'est montré combatif et depuis ce jour, il me suit partout. Je le vois s'éloigner et je le laisse faire, je sais qu'il est parti chasser. Il se comporte à peu près comme un loup.

Je n'ai pas besoin de manger. Que très peu. 1 fois toute les deux semaines me suffit amplement. Je suis une furie, c'est donc normal. Mon corps ne se nourrit que d'eau et des énergies. Une furie est une personne maîtrisant un ou plusieurs éléments : l'eau, le feu, l'air et la terre. C'est pour cela que je m'évertue à marcher dans les forêts. Plus je suis en contact avec mon élément, plus je suis puissante. Or, je ne suis pas une simple furie... Je maîtrise non seulement l'eau et la terre, mais aussi le feu et l'air. Ce qui fait de moi une personne puissante mais aussi instable, j'ai moi-même du mal à me gérer alors c'est encore pire pour mes pouvoirs. Les 4 en même temps...c'est...c'est plutôt compliqué ! 

Cela fait un petit moment déjà que Styx est parti et je commence à m'inquiéter. Je me lève, enlève la terre de ma cape et remet ma capuche couvrant presque la totalité de ma tête sur mon crâne. Je regarde aux alentours. Rien.

-Styx ? 

Toujours rien.

-STYX TUTAJ ! STYX ICI !  Je crie les mains encadrant ma bouche pour pouvoir me faire entendre, je parle souvent polonais, ma langue natale et j'ai habitué Styx aussi.

J'entends des grognements sourd au loin... Ça ne m'indique rien de bon...

Je cours, et trouve enfin mon compagnon. Il est dos a moi et grogne dans le vide en regardant devant lui.

- Co to jest ? Qu'est ce qu'il se passe ?

Les furies ayant le pouvoir de la terre ont un don pour se faire comprendre par toutes formes de vie animale.

Il se retourne quelques secondes vers moi et recule pour pouvoir être totalement devant moi. Il ancre ses pattes dans le sol, baisse sa tête et recommence à grogner mais cette fois-ci plus fort. Je regarde attentivement le buisson et c'est là qu'un détail me saute aux yeux. Comment ai-je fait pour ne pas l'avoir vu ?!

Des yeux jaunes. D'immenses yeux jaunes nous scrutant sans ciller !

Mes mains s'allument, et en moins d'une seconde, les voilà entouré  de feu.

La bête avance doucement jusqu'à sortir du buisson sans s'arrêter de nous regarder pour autant. Je me met sur la défensive et ce que j'aperçois me donne des frissons. Un énorme loup au pelage gris moucheté de blanc se pose devant nous. Sa carrure est impressionnante mais Styx ne bronche pas et ne bouge pas d'un millimètre.

On est bien dans la merde...

Il se met à grogner. Un grognement rauque qui ferait fuir les plus téméraires d'entre nous.

Pourtant je rigole, je lâche un rire sonore, moqueur et même sadique.

Je m'assois en tailleur avec un rictus au coin de ma bouche et pose mes mains au sol; maintenant éteintes.

- Styx siedzac ! Styx assis !

Il obéit et s'assoit non loin de moi.

- Alors mon loulou, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?

Alors qu'il s'élance sur moi, je n'ai pas de mal à ériger un grand mur de pierre face à lui, les mains toujours au sol. Il se le prend de plein fouet et son corps retombe lourdement au sol, projetant toutes sortes de feuilles et branches.

Il se relève presque aussi rapidement et contourne le mur. Cette fois-ci, il a l'air posséder par la rage mais je vois aussi dans son regard du défi.

Quand tu veux mon ange. Soufflai-je

Il courre en ma direction et Styx me regarda méfiant en aboyant. Je rassemble mes mains, me concentra et envoie d'une part un énorme jet de feu en sa direction mais aussi une bourrasque de vent si puissante que le feu double de volume et cette fois, son corps s'ébranle contre un grand chêne. J'entend un sourd craquement.

Aïe le dos.

Le loup tombe mollement au sol, inerte. Il respire encore mais très faiblement.

Je souris mais Styx n'a pas l'air rassuré et grogne de plus belle. Je n'ai pas le temps de me retourner que je sens une masse frapper sur ma tête, me provoquant un violent mal de crâne. J'ai à peine le temps de voir Styx s'élancer sur mon agresseur que mes yeux se ferment contre mon gré.

Contre toute attente, je trouve cela reposant. Un dernier rictus se forme au coin de mes lèvres.