Quatrième Chapitre

15 1 0
                                    

Le réveil fut difficile ce matin, après ce cauchemar il m'était impossible de m'endormir. Dès que je fermais les yeux, je me retrouvais à nouveau dans cette salle, le sang au sol, son corps. Je n'ai pas cessé de cogiter toute la nuit. Je ne comprends pas ce qu'il se passe et ça m'agace. Je suis dans Joy, Raph au volant, en direction de l'université. Jusqu'à présent on pouvait entendre une mouche voler, ce silence était plutôt agréable étant donné la migraine qui me lance derrière mon sourcil gauche, mais il fallait que mon meilleur pote coupe mon repos.

- Ça va mec ? T'as mauvaise mine.

- J'ai mal dormi.

- Tu t'es couché tard ?

- Si pour toi vingt-trois heures c'est tard... Non, j'ai fait des rêves bizarres.

- Cauchemars ?

- Oui, depuis j'ai un mal de crâne pas possible.

- Regarde dans la boîte à gants, j'ai peut-être un Doliprane ou un truc du genre.

Il me sauve la vie, j'ouvre la boîte à gant et fais tomber la moitié de son contenu. C'est un bordel pas possible ;  entre les pièces, les mouchoirs usagés ( j'espère juste qu'il se mouche dedans et pas autre chose ), les torchons, carte routière... C'est possible de foutre autant de truc dans une si petite boîte ? Je trouve enfin ce qui semble être une plaquette de médicament. Je le retourne pour vérifier : Ibuprophène. C'est plus fort que du Doliprane mais ça fera parfaitement l'affaire, c'est ce qu'il me faut vu la douleur. Je prends le comprimé que j'avale avec un peu d'eau, j'ai toujours une bouteille dans mon sac, puis je me pose contre la vitre le long du trajet. Je ferme les yeux dans l'espoir de rattraper ne serait-ce que quelques minutes de sommeil.

***

- Peter ?

Je suis réveillé par une voix douce.

- Lucie ? C'est toi ?

- Oui, réveille toi.

J'essaie d'ouvrir un œil, puis l'autre. Je suis encore dans cette fichue salle blanche. Encore ce même rêve ? Son visage est juste en face du mien, je la regarde dans les yeux. Plus je la regarde plus je sens comme une force qui m'étouffe. Cette force se resserre de plus en plus, je n'arrive pratiquement plus à respirer.

- Peter ! Lâche-moi !

Raph ?! J'ouvre les yeux. Je suis dans la voiture, sur le parking du bahut. Mes mains sont sur le cou de mon meilleur ami, je l'étrangle, je le lâche immédiatement. Il reprend son souffle

- Qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi ?!

- Désolé, c'était encore ce rêve.

- Sors de ma caisse !

Qu'est-ce qu'il m'a pris ? Je n'agis plus de moi même. Le pire, c'est que je ne ressens rien. J'obéis à Raph et sors du véhicule en récupérant mon sac. Je le regarde une dernière fois, il se masse le cou, il y a la marque de mes mains. Il me jette un regard noir avant de prendre la parole.

- Je sais pas ce qu'il se passe, mais il faut vraiment que tu te fasse aider. Il faut que tu dormes mec, ça tourne plus rond dans ta tête.

- J'y penserai. Encore désolé.

- Pars devant, je te rejoins dans l'amphi.

J'acquiesce puis claque la portière avant de partir en direction de mon premier cours de la journée. Près du bassin, j'aperçois un sweat à capuche noir avec des chaînes tombantes de celui-ci. Je m'approche de la personne, c'est Lucie.

- Salut.

- Peter ! Comment tu vas ?

- J'ai passé une nuit de merde mais je survis. 

- Je comprends. On y va ?

- Oui.

Je reprends mon chemin en compagnie de Lucie. Cela me fait bizarre de la voir vu ce qu'elle m'a fait subir la nuit dernière et ce matin à Raphaël. Je la regarde tout le long du trajet, elle me jette par moment quelques regards suivis d'un ravissant sourire, que je lui rends bien sûr. Les gens nous regardent bizarrement, nous dévisagent. 

- Pourquoi nous fixent-ils ainsi ?

- Nous sommes différents.

- Comment ça ?

- Regarde mon look et ton look. Tu vois bien que c'est bizarre qu'un type comme toi traîne avec une fille comme moi.

- Mais j'aime bien ton style.

- Merci.

Son merci était limite vide, je suis vexé mais je le cache. Les étudiants autour de moi s'écartent pour nous laisser passer tout en nous relookant de la tête au pied. Ça m'énerve qu'ils nous jugent ! Surtout Lucie. Je tourne la tête afin de voir son expression par rapport à tout ça, elle a disparu. Encore. Donc ça signifie qu'il me dévisage moi. Où est-elle bon sang ? !

LucieWhere stories live. Discover now