Prologue

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Je suis allongé dans cette salle, entièrement blanche. Ligoté à un lit avec des sangles beaucoup trop serrées, à tel point que je ne sens plus rien au dessus de mes poignets. Un faible faisceau de lumière pénètre la pièce à travers une minuscule fenêtre blindée. Je n'ai pas demandé à être ici. Est-ce un rêve ou est-ce la réalité ? Comment ai-je fait pour en arriver là ? Impossible de penser avec tous ces cris autour de moi.

Moi c'est Peter Sephone, je suis un type de tout ce qu'il y a de plus normal aux premiers abords. Je suis étudiant en journalisme dans une grande université à Lyon. J'ai une certaine passion pour la littérature et l'écriture. Je peux passer des journées entières à écrire des histoires, des essais, des fictions et des poèmes. En bref, j'adore écrire. Quand je suis arrivé en troisième et qu'on m'a demandé ce que je voulais faire pour ma poursuite d'études, j'ai répondu écrivain. Mais comme vous le savez, tous métiers se rapportant à l'art fait rire la galerie. Je suis donc allé en seconde générale, puis l'année suivante j'ai opté pour l'option littéraire. J'ai passé mon bac et me voici ici aujourd'hui. Je n'ai pas pour autant perdu de vue mon rêve, j'écrirai un livre avant la fin de ma vie, et c'est ici qu'il commence.

Il faut savoir que je déteste ma vie. Je déteste les gens. Je hais cette foutue société qui nous restreint à faire comme tout le monde. Sachez que je suis dans cet faq contre mon gré. Ce sont mes parents qui m'ont forcé à trouver ce qu'ils appellent un vrai métier. Détestant le contact avec autrui, me retrouver chaque jour au milieu d'un amphithéâtre bondé par une centaine d'élèves, à plutôt tendance à me rendre dingue. Je ne peux pas spécialement expliquer ce sentiment. Depuis gamin les gens me fuient comme la peste. Sûrement à cause de ma peau incroyablement pâle et mon corps frêle, d'une maigreur extrême. Je mange pourtant, mais je ne prends pas un gramme. Je me nourris sans avoir l'impression de me nourrir. Je suis bizarre je le sais, je vous avais prévenu au début que je paraissais normal, mais qu'aux premiers abords. C'est peut-être pour cela qu'on me fuit.

Pour revenir à mes parents, ils sont insupportables. Ils contrôlent chacun de mes faits et gestes, ils contrôlent ma vie entière. De sorte à ce que je sois parfait. Je ne dis pas que c'est mal, mais j'ai mon besoin de liberté aussi. Il y a des limites à la connerie. Au collège et jusqu'à la fin de mon lycée, mon père m'enfermait dans ma chambre, retirait tout objet pouvant me distraire, le temps que je fasse mes devoirs. C'est seulement à l'heure du dîner qu'il venait réouvrir la porte. Et le soir, à l'heure du coucher, il coupait le courant afin que je dorme parfaitement huit heures. De la folie je vous dis. L'idée de sortir de ma chambre par la fenêtre m'a plus d'une fois traversé l'esprit. Mais cette dernière se situant au dernier étage de la maison, je risquais fortement de me casser les tibias. J'ai donc passé sept ans à vivre ainsi. Mon petit frère, Sam, est au collège. Ce n'est pas pour autant qu'on lui inflige ce que j'ai vécu. La chance du petit dernier dira-t-on. Heureusement que depuis que j'ai rejoint l'université, on me laisse faire ce que je veux. Comme me le répétait souvent ma mère : << tu feras ce que tu veux quand tu auras 18 ans >>. Me voici à 18 ans. La plupart des gens de mon âge ont déjà bu, fumé, baisé. Moi, je suis au stade où je peux enfin respirer. Du moins c'est ce que je pensais.

LucieWhere stories live. Discover now