Le presque trou dans la coque ou comment les toilettes sont un moyen de survie

33 2 0
                                    

J'étais accroupi depuis tellement derrière cette caisse de bananes que je ne sentais plu mes jambes. Malheureusement, ma vessie, elle, se faisait sentir. Et plutôt fortement.

Je jetai un coup d'oeil derrière la caisse et observai l'allée sombre. Où pouvaient bien se trouver des toilettes sur un cargo? Grande question. Au pire je n'avais qu'à descendre au prochain arrêt, mais je ne savais pas quand il serait. J'aurais du vérifier l'itinéraire du vaisseau-cargo sur l'Ultra-Net avant de monter dedans, maintenant c'était impossible, je n'avais plus d'Ulta-Connexion. Je pouvais juste espérer que la prochaine halte serait dans pas trop longtemps, sinon j'allais devoir tenter une expédition pour des toilettes qui, si ça se trouve, n'existaient même pas.

L'heure tournait, je me rongeais l'ongle du pouce, tentant de penser à autre chose qu'à cette bière que je n'aurais pas du boire, car en plus d'avoir rempli ma vessie j'avais dû courir pour ne pas avoir à la payer. Mon estomac se mit soudain à faire la danse du olé-olé comme lorsque j'étais monté dans ce grand huit sur Vomiland -sympathique planète, soit-dit en passant. Cela signifiait que le vaisseau était passé en vitesse Ultra-Luminique.

Quelques minutes de profonde réflexion sur les avantages et les inconvénients de tenter une recherche de toilettes sur un cargo passèrent avant qu'un bruit n'attire mon attention. Un bruit que chaque habitant de l'espace avait appris depuis son plus jeune âge et qui signifiait "courrez vite vous enfermer dans une pièce hermétique avant de finir dans le vide intersidéral!" Ce bruit était celui d'une tôle qui menaçait de se détacher d'un vaisseau, exposant ainsi toute personne présente dans la partie concernée à l'espace et son manque d'oxygène. Si le vaisseau n'arrêtait pas sa vitesse Ultra-Luminique dans les minutes à venir, j'allais avoir de gros problèmes.

C'est ce moment que choisit ma vessie pour se manifester à nouveau, pour mon plus grand désespoir. Une idée germa alors dans mon esprit en pleine panique: les toilettes sont hermétiquement fermées sur un cargo spatial, non? Je pris donc mon courage à deux mains et commençai une course contre la montre -et la mort- dans les allées du cargo. Je longeai des milliers de caisses de baies d'Ugkno, de raisin du système d'Andromède et autres spécialités culinaires qui allaient bientôt finir dans le vide intersidéral. Oubliant toute considération alimentaire, j'accélerai et faillis m'étaler en tournant sur ma droite. Je me rattrapai à un tuyau et repris ma course folle à travers de couloirs de plus en plus étroits.

Je commençais à desespérer de pouvoir sauver ma peau et rédigeais intérieurement mon testament quand mon estomac cessa soudain sa danse du olé-olé. Le cargo s'était arrêté! Le destin voulut qu'à ce moment-là je remarque les toilettes. Pile à l'instant où je me rendais compte que mon pantalon était mouillé. Vraiment une très bonne journée. J'avais réussi à me faire pipi dessus!

Après avoir fait ma toilette dans les petits WCs pour ouvriers du vaisseau, j'étais sorti, mon pantalon à la main, à la recherche de la réserve d'habits de rechange en espérant être sur un cargo d'humanoïdes, parce que je n'étais pas sûre de passer dans un pantalon pour Olujos, qui faisaient au minimum le double de mon poids et possédaient une queue très proéminente. Heureusement pour moi, j'ai rapidement trouvé la réserve et j'y ai vite trouvé un pantalon à ma taille. J'auarais au moins évité l'humiliation de me faire arrêter en slip si on avait découvert ma présence clandestine à bord du cargo.

Soudain, le vaisseau s'arrêta et j'observai la planète où mon moyen de transport avait décidé de faire sa pause à travers un écran de contrôle -d'ailleurs à quoi sert un écran de contrôle à un endroit pareil? Dehors il y avait un grand bâtiment surplombé d'un panneau clignotant assez kitsh. Je lisais encore assez bien le Kakomien pour deviner que le mot sur le panneau signifiait "Garage". Ainsi donc, les membres du cargo avaient remarqué la tôle qui se détachait... Voilà qui ne pouvait que signifier que mon voyage à bord de ce cargo touchait à sa fin!

Je me passai la main dans les cheveux, léchai les lèvres d'impatience et débarquai par la porte de secours pour de nouvelles aventures sur cette planète!

Les Aventures d'un Clandestin InterstellaireOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz