Quand le masque tombe...

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 —Ça alors! C'est toi la cousine de Julian? 

Sasha sourit, elle ne put s'en empêcher lorsqu'elle confirma son hypothèse. Elle était là, j'étais là, tout le monde était là. 

—Qu'est-ce que tu fais là? Vous vous connaissez? S'enquit-elle de demander en me voyant face à lui. 

—C'est marrant je me posais la même question, répondit Julian d'air un renfrogné. 

Un sourire avait beau marquer mes lèvres, il était amère. Pourquoi fallait-il que la fille susceptible de me plaire presque autant que Jenny soit la cousine du gros naze que je me bornais à martyriser et traîner dans la boue durant toutes ces années? Maintenant lorsque je posais mon regard sur le magnifique visage halé de Sasha, j'y voyais les traits de Julian. Mêmes yeux, même nez, seule la bouche différait du reste. Je soupirai avant de mettre fin à ses questionnements: 

—Oui, on se connait. 

        Ma réponse était brève mais bien explicite, représentative de mes ressentiments pour son cousin. Que dire de plus? Oui, j'avais bien attaché Julian à un poteau avec du papier toilette et une corde l'année dernière, oui, j'avais bien renversé par inadvertance -ou pas- mon plat de spaghettis sur sa chemise le jour de la photo de classe et oui, j'avais bien démoli sa petite personne depuis le jardin d'enfant, pas besoin d'autant de détails... 

—C'est marrant, t'as le même prénom qu'un mec qu'il déteste, pouffa Sasha. 

La situation était presque burlesque, étant donné que cette personne, c'était moi. Jenny me lança un regard qui se voulait compatissant, même si je savais qu'au fond d'elle, elle voulait que ça m'arrive. Elle voulait qu'on me reconnaisse comme le con que j'étais.​ 

—D'ailleurs il devrait arriver dans pas longtemps, poursuivit-elle en promenant son regard sur la foule. Il parait qu'il est beau... Mais pas aussi beau que toi. 

J'étais partagé entre la crise de rire et le sentiment de gêne. Alors quoi? Tout le monde allait rester là? Personne n'allait lui dire? Julian se racla la gorge. Jenny se mit à sourire, inévitablement, ce qui fut contagieux puisque mon sourire en coin s'étira d'avantage. Je pourrais toujours user de mes charmes pour me faire pardonner... Bah quoi, quand on a des atouts comme les miens il faut bien les utiliser non? Sasha nous fixa pendant quelques secondes à tour de rôle et finit par comprendre la situation de son propre chef. 

—Oui bien sûr, j'aurais dû m'en douter... Ce que je suis bête tu dois être Le Nathan, devina-t-elle en voyant la mine dégoutté de son cousin. Grand, ténébreux, magnifique et sarcastique... Ça ne peut être que toi. 

Elle se mit à rire seule, consciente du quiproquo. 

—Vous vous connaissez d'où exactement? Nous interrogea subitement Julian. 

—Longue histoire, souffla-t-elle en plantant ses prunelles bleues dans les miennes. 

—Maintenant que t'as entendu parler de moi, je parie que tu m'apprécies plus autant... 

Je ne savais plus quoi penser, était-elle en train de préparer l'orage qu'elle abattrait sur ma tête ou bien trouvait-elle toutes les horreurs que je lui avais fait vivre parfaitement légitimes? 

—Je ne t'en veux pas, Julian est d'un ennui mortel, et puis, c'est pas mes affaires. 

J'écarquillais les yeux, essayant tant bien que mal de cacher ma stupeur. Jenny fut aussi surprise que moi, surement outrée la connaissant, elle et son esprit de Sainte Marie. 

—Tu t'en fou? 
—Ouais, je t'aime bien et tu m'as pas l'air si terrible, Julian extrapole toujours tout, hein Ju'? Fit-elle en lui frottant affectueusement la tête comme on l'aurait fait à un chien. Il est chou. 

Love comes from HateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant