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Gaëtan


Ça fait deux jours et je n'ai toujours rien trouvé. Et puis, comme je m'en doutais, ce n'est pas elle qui me relancerait. Silence radio de son côté. Si je ne me bouge pas le cul rapidement, ça va être mort de chez mort.

Ce qui est clairement hors de question.

Sauf que je ne peux pas non plus forcer les choses. Je crois qu'en dernier recours, je l'inviterai simplement à manger, juste pour lui faire comprendre que je veux la revoir, que je ne l'ai pas oublié. Marre de tourner en rond et de ressasser.

[T'es dispo dimanche prochain ?]

Je fronce les sourcils en lisant le message de Sandrine. Je me méfie un peu de ses idées loufoques.

[Ça dépend pour quoi... et pour qui ;).]


[Sympa, sympa, je retiens ! Quel super

grand frère tu fais :p !]


[Ok, ok. Sérieusement, que se passe-t-il ?]


[Élections présidentielles... Laurine sèche.

J'aurai besoin de toi.]

Je soupire avant de lui confirmer ma présence. Je suis étonné que Laurine ne soit pas présente aux côtés de son père même si elle ne nous a pas caché qu'elle n'était pas ravie par la situation. Et les tensions avec sa mère étaient palpables au mariage de Caroline. J'imagine d'ailleurs que Louise Vanel doit regretter que son mari ait sympathisé avec Vince et qu'ils aient été invités à leur cérémonie. C'est là-bas que Sandrine et Laurine se sont rencontrées. Et les deux s'entendent à la perfection. J'espère juste que la sœur de Caro n'aura pas une trop mauvaise influence.

En rentrant chez moi le soir, une affiche attire mon attention. Collée sur l'arrêt de bus à quelques mètres de ma résidence, je m'arrête pour la lire et un sourire nait sur mes lèvres. Niveau originalité, je ne peux pas faire mieux.

Par contre... pas sûr que ça lui plaise.

Je prends la publicité en photo pour l'envoyer à Naïs. Il s'agit d'une soirée « danse country » dans un bar du coin ayant lieu demain soir. Pour en avoir fait plusieurs avec mes cousines, qui en raffolent clairement dans leur campagne, je sais que l'ambiance est plaisante, enjouée, parfois survoltée mais toujours chaleureuse. Ce qui peut parfaitement lui convenir. Ça me permettra aussi de tester son ouverture d'esprit. Est-ce qu'elle peut apprécier autre chose que les soirées étudiantes ? Est-ce qu'elle est prête à tenter une nouvelle expérience ?

Je la lui transmets et attends quelques secondes pour être sûr qu'elle l'ait bien reçue puis je l'appelle. Premier point positif : elle décroche.

— Salut.

Un poil glacial quand même. Mais ce n'est pas le moment de se démonter. La tâche sera ardue, je m'en doutais bien.

— Alors ? Une soirée country, ça te tente ? lancé-je sans tenir compte de son ton froid.

— T'es sérieux ?

— Complètement.

Elle se met alors à rire. J'avoue que je ne m'y attendais pas et j'ignore comment le prendre. Je m'étais plutôt préparé à des reproches.

— Naïs, tu m'accompagnes ? finis-je par demander quand elle se calme enfin.

— J'en sais trop rien, avoue-t-elle mais la chaleur est revenue dans sa voix.

— Je t'assure que tu vas bien t'amuser. Et tu seras avec moi.

— Le deuxième point est évidemment le plus important, raille-t-elle.

— Tu m'en veux pour quelque chose ?

Allez, avoue que tu voulais que je t'appelle plus tôt !

— Non, répond-elle après quelques secondes de silence. Je ne te promets pas d'aimer ta soirée.

— Alors tu viens pour moi, conclus-je. Ça me va tout à fait.

— Ton égo est insupportable.

— À demain ?

— Oui, à demain Gaëtan.

Je raccroche, soulagé. En fait, il ne faudrait pas qu'on perde le contact car tout redevient naturel et simple dès qu'on se parle. À retenir donc : avec Naïs, toujours communiquer.

Une fois dans mon appartement, je tiens Caro au courant de mon avancée. Je reçois un texto rempli d'émoticônes qui lèvent le pouce suivi d'un commentaire : « tu as des goûts bizarres quand même... ». Oui, peut-être, mais j'ai baigné dans cette ambiance chez mon oncle et ma tante. Tatiana est une vraie fan et fait même partie d'une association de danse country. J'ai vu plusieurs de ses spectacles petit et je trouve la musique très entrainante. Ils font aussi des animations dans des fêtes ou des mariages et les gens s'amusent vraiment. J'ai hâte d'y être. De la voir dans un nouvel élément, de la mettre un peu en difficulté aussi.

Et quand, le lendemain soir, je la vois arriver, j'ai le cœur qui bat bien plus vite que d'habitude. Elle porte un jean moulant avec des bottines noires et une chemise bleu clair. Ses cheveux, relâchés, ondules jusqu'à ses épaules et son regard me happe. Un regard curieux et un peu moqueur.

— Alors ce n'était pas une blague, murmure-t-elle en s'arrêtant à côté de moi et en jetant un coup d'œil au bar.

— Non, non. Je te promets que tu vas adorer.

— Et si tu te trompes ?

— Tu auras le droit d'effacer mon numéro.

Naïs plisse les yeux puis me tend sa main.

— Et si j'ai raison ? en profité-je avant de conclure ce petit pari.

— Je te réserverai une surprise à mon tour.

— Ça me va.

Notre poignée de main est énergique et j'enroule mes doigts autour des siens pour la tirer derrière moi. Je pousse la porte du bar, prie pour ne pas m'être complètement planté et l'embarque dans une soirée folklorique.

Caroline m'a dit de la surprendre et là, je crois que je marque des points. Du moins, si j'arrive à lui faire apprécier l'ambiance. Je suis aussi légèrement tendu car je lui livre un peu de moi en l'emmenant ici, un peu de mon enfance, de mes repères familiaux.

J'espère ne pas m'être trompé sur elle.

Elle en vaut le coup, j'en suis persuadé. 

Try with love (terminée) [Sous contrat d'édition]Where stories live. Discover now