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Gaëtan

— T'es avec un tocard, murmure un des hommes laissés de côté par Naïs en début de soirée. Reviens avec nous, on te fera passer un excellent moment.

— Dégage de mon chemin !

Naïs le repousse mais l'homme ne bouge pas et reste planté au milieu du couloir, l'empêchant de rejoindre la salle.

Une belle ordure.

Venir l'attendre à la sortie des toilettes, très classe. Et remettre en question ses choix, très intelligent. Je lève un instant les yeux au ciel en soupirant. Un lourdaud de plus sur cette terre. Après, je peux comprendre son insistance. Naïs vaut le coup et on n'a besoin que de quelques secondes pour s'en apercevoir. Sauf que ces méthodes m'exaspèrent. Comme si ça pouvait plaire !

— Allez, quoi, insiste-t-il en attrapant son bras.

Naïs pose sa main sur le poignet du type et repousse ses doigts sans ménagement. Je me rapproche. Elle peut s'en sortir sans moi, je n'en doute pas mais je veux être là en soutien.

— Tu peux passer ton chemin, me nargue l'autre abruti en m'apercevant.

Je me contente de croiser les bras sur ma poitrine tout en le dévisageant. Naïs se tourne pour me jeter un coup d'œil puis se plante bien face à l'emmerdeur, poings sur les hanches.

— Je crois que tu n'as pas bien compris, siffle-t-elle, rageuse. Pars.

— C'est parce qu'il est là que tu te dégonfles ? la cherche-t-il, mordant.

— T'es...

— Allez, viens, répète-t-il.

Et là, franchement, ça m'agace.

Cette fois-ci, j'interviens. Je ne supporte pas les hommes qui n'entendent pas ce qu'on leur dit, qui ne respectent pas le choix d'une femme. Elles ont leur libre-arbitre, bordel, qu'ils se mettent ça en tête une bonne fois pour toute.

J'avance vers eux, dépasse Naïs et me plante entre eux, bien en face de l'autre. Mon regard est froid, mes mâchoires crispées.

— Un problème ? me provoque-t-il en gonflant la poitrine.

Pathétique.

Je me contente de le regarder fixement et ça ne lui plait pas. Il se redresse et en vient presque à coller son front contre le mien. J'aperçois ses poings serrés, ses épaules tendues et sa respiration rapide. Il veut m'impressionner, ou impressionner Naïs peut-être.

— Je me demandais si tu étais sourd, finis-je par dire d'une voix posée.

— Putain, tu me cherches ?

— Non. Mais elle a été très claire.

De fureur, il attrape ma chemise et la froisse dans son poing. Je ne suis pas du genre bagarreur mais j'ai appris à me battre petit, je n'ai rien oublié. S'il me cherche de trop, je répliquerai, c'est sûr. Alors, avec tout le calme qu'il me reste, j'agrippe son poignet et lui fait lâcher prise, sans lui faire mal. Juste en le pressant fort, pour qu'il comprenne bien que je ne suis pas du tout intimidé par son attitude.

— Oh, les gars, intervient Naïs, on n'est pas dans une cour de récréation, là ! Même si je suis flattée qu'on se batte pour moi, j'ai déjà fait mon choix. Et je ne changerai pas d'avis.

Sa phrase claque dans le couloir et ses doigts se glissent entre les miens. Elle défie l'autre trouduc du regard.

— Tu peux partir, lui fait-elle remarquer avec calme.

Try with love (terminée) [Sous contrat d'édition]Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt