Chapitre 2

32 2 13
                                    

Il referme la porte derrière nous et allume la lumière. Un sourire se dessine sur ses lèvres.

-Approche, n'aie pas peur. Murmure-t-il

Je n'ose pas, je reste pétrifiée. Voyant que je ne viendrai pas, il s'approche, m'attrape par la taille, pose ses lèvres pulpeuses sur mon front et me dit doucement dans l'oreille pour me rassurer :

-Allons, Hope, ne tremble pas comme ça. Je ne te ferai pas de mal...

À chaque fois c'est la même chose, il répète toujours les mêmes phrases pour essayer de me rassurer, puis il me fait tomber par terre ou sur un lit, en l'occurrence, aujourd'hui c'est sur un lit. Il commence à m'embrasser et comme à chaque fois je me laisse faire, en croyant qu'il m'aime et que cette fois-ci, il ne me fera rien.

Ses mains soulèvent mon t-shirt et il me le retire. Il le fait tourner en l'air autour de sa tête, ce qui me fait rire. Toute ma peur s'est envolée. Il recommence à m'embrasser doucement puis plus fougueusement. Sans s'arrêter, il me soulève et machinalement je croise mes jambes autour de sa taille. Il se lève et me plaque contre le mur. Il arrête de m'embrasser, il sourit. Je lui rends son sourire, puis il me donne une gifle monumentale. Je tombe à ses pieds, et il se met à rire.

-L'alcool ,ça ne te réussit vraiment pas ma puce, tu ne tiens même plus debout avec une simple gifle. Je t'ai connue plus résistante...

Il me relève et il me donne un coup de poing dans la figure, je m'écroule aussitôt sur le sol. Il continue de me frapper pendant ce qui me semble être une éternité. Du sang coule de mon nez. Il me lance une bouteille vide en verre et je sens le sang couler sur mon bras. Il y en a partout. C'est à ce moment-là que je comprends, si je ne me relève pas, je ne m'en sortirai sûrement pas indemne.

Il m'assène un dernier coup dans le ventre en riant, et va ouvrir la fenêtre pour fumer sa cigarette. Dès qu'il aura fini, je sais qu'il recommencera. Je choisis donc ce moment pour lui lancer une bouteille et un livre qui se trouvait par terre. Je n'ai pas réfléchi et n'attends pas de savoir si cela la toucher et sort le plus rapidement possible. Je l'entends crier et je dévale les escaliers quatre à quatre, je récupère mon téléphone et mes clés de voiture en passant et me rue dehors.

Le froid vient me brûler la peau. Les invités ont le regard rivé sur moi et certains poussent des cris. En même temps, cela n'arrive pas tous les jours de voir une jeune fille de seize ans sortir d'une fête avec les bras et le visage en sang et seulement vêtu d'un jean, d'une paire de basket et d'un soutien-gorge, alors que nous sommes en plein de mois de février, qu'il est deux heures du matin et qu'il fait moins cinq degrés à l'extérieur.

Je finis par atteindre ma voiture, saute dedans et démarre en trombe faisant voler des gravillons et de la pelouse au passage, mais je suis sûre que le jardinier réparera mes bêtises dès demain matin. Je m'engage sur le chemin et je le vois qui hurle après la voiture, il me fait des doigts d'honneur. Tout le monde le regarde et je ne peux m'empêcher de sourire quand je m'imagine ce que pensent les autres : un pauvre type, torse nu, au milieu d'un magnifique jardin et qui vient de se faire larguer par sa copine.

Je sors du parking et rejoins la route principale. Je n'ai pas envie de rentrer chez moi, de voir mes parents et de devoir répondre à toutes leurs questions puis de voir ma mère en pleurs après ce que je vais leur révéler. Ils ont déjà assez de chagrin avec la mort de mon frère, je ne veux pas les faire souffrir encore plus. Je décide donc de prendre la prochaine sortie en direction de la plage. Cette plage est mon endroit favori depuis que je suis toute petite. Au départ, c'est ma grand-mère qui nous y emmenait, mon frère et moi, quand nous étions petits, et puis elle a quitté ce monde et nous avons continué à y aller, ensemble. C'est une petite crique, éloignée de la grande plage et donc inconnu pour les touristes et même pour la majorité des gens du coin. Ma grand-mère l'a trouvé lorsqu'elle était enfant et qu'elle jouait avec son chien. Elle courait derrière lui jusqu'au moment où elle est tombée sur ce joli petit coin de paradis et quelle en est tombée amoureuse. Elle n'y a jamais emmené ces enfants, seulement ces petits-enfants, ce qui, évidemment, nous a rendu très fier quand elle nous l'a dit. L'été, nous allons faire de la plongée. Des milliers de poissons de toutes sortes se cachent sous cette eau bleu turquoise.

Enfant, j'avais peur de mettre ma tête sous l'eau pour regarder les poissons. Mon frère, d'un an mon aîné, se moquait de moi en me faisant croire que les poissons allaient me manger le nez. Finalement, le jour de mes dix ans, j'ai enfin réussi à mettre la tête dans l'eau, et je n'ai jamais cessé depuis, le spectacle est à couper de souffles. Les couleurs des poissons réfléchissent dans l'eau, il y des centaines de couleurs, c'est éblouissant mais tellement extraordinaire.

Je me surprends à rire toute seule dans ma voiture en repensant à ce souvenir. C'est la dernière fois que j'y suis allée avec ma grand-mère puisqu'elle s'est envolée quelques semaines plus tard.

« Elle s'est envolée pour un monde meilleur, avec plein de plages et de poissons colorés » disait si bien mon frère.

Pour m'embêter, il disait même que dans son monde, il y avait plein de petites filles qui avaient peur de mettre la tête sous l'eau et qui hurlaient dès qu'elles sentaient, ne seraient-ce qu'un minuscule poisson passé entre ses jambes. Je n'oublierai jamais tous les bons moments que j'ai sur cette plage. Seulement, ce que je ne savais pas en cet instant, c'est que je n'arriverai pas jusque là bas... du moins vivante.

My AngelWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu