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Sidy, très surpris par la réaction de son père et des propos de Sokhna, se dirigea à pas lents vers Abdou. Il lui tendit un verre d'eau et s'assit près de lui. Il le regarda longuement sans savoir quoi lui dire tellement trop de questions se bagarraient dans sa tête. Il eut comme l'impression de voir un inconnu devant lui. Mais toujours avec patience et délicatesse, il lui demanda des explications sur ce qui venait de se passer sous ses yeux.

-Sidy, mane sa baye la ! Lolou sa yone nekkou ci. Am nga loula doy demal topato dji sa dom té bagna dougue ci wakhou mak yi. (Sidy je suis ton père, mêle toi de ce qui te regarde. Occupe toi de ta fille et non des affaires des grands), lui donna son père en guise de réponse.

Sidy commença subitement à douter de son père. Celui-ci n'a jamais aimé Aïssatou et ne l'a jamais caché non plus. En effet, Abdou connaissait Sokhna, la mère d'Aissatou, depuis très longtemps avant même le mariage de son fils avec la fille de son pire ennemie. Il avait tenté par tous les moyens d'empêcher ce mariage car pour lui il était hors de question que son fils s'unisse avec une fille facile. Une fille qui d'ailleurs n'était pas du tout facile. Ceci n'était même pas la vraie raison car le vieux Abdou est un obsédé de jeunes filles. Pour lui, les jeunes filles illustrent le paradis sur terre. Il a divorcé de sa femme car cette dernière l'a maintes fois surprise en train de faire l'amour avec des minettes de moins de 15ans. L'on se demande comment il fait pour les avoir comme il les voulait. Ainsi, un jour il tenta d'inviter Aïssatou au restaurant afin de faire plus ample connaissance car la jeune fille bien qu'étant très mince, avait un très joli visage qui illuminait tout Dakar. Celle-ci accepta l'invitation, croyant que c'était pour parler de sa relation avec son fils. À sa plus grande surprise, elle vit le visage du vieux Abdou changer d'expression pour devenir très tendre, s'en suivirent des attouchements très sensuels qui la firent sursauter sur place. Il lui déclara sa flamme en lui promettant monts et merveilles. Aissatou, affectée par l'action, l'insulta sans retenue avant de quitter les lieux. De toutes les façons, sa langue trop fourchue n'est jamais dans sa poche. Abdou, se sentant humilié, lui promit de tout faire pour détruire sa vie. Elle alla tout raconter à sa maman. C'est de là qu'est née cette haine réciproque des deux parents.

-papa, je viens de comprendre pourquoi maman t'a quitté. Tu ne devrais plus te rabaisser à tel point que tout le monde sache dans quoi tu te mets. Un homme de plus de la soixantaine doit penser à unir sa famille, prier Dieu pour qu'il lui pardonne ses péchés, laisser les mauvaises habitudes et combattre ses vices. Tu devrais avoir honte que moi ton fils te fasse la morale. Au lieu d'être notre idole, tu ne fais que nous décevoir. Si ma belle-mère t'insulte aujourd'hui devant tout le monde c'est parce que tu l'as mérité.

-rectification, Sokhna n'est plus ta belle-mère. Tu as couché avec Salima et c'est la raison pour laquelle Aissatou t'a quitté. Et tu oses me faire la morale. Fils indigne !

Sidy se sentit blessé, mais ne laissa rien paraître. Ses doutes commencèrent à se fonder de plus en plus.
« Et si mon père avait violé ma fille ? » se demandait-il. Il se promit de tout faire pour en avoir le coeur net.

-papa, merci je t'ai entendu. Dit-il en se levant pour aller prendre de l'air car il n'en pouvait plus de cette mauvaise journée qui était sensée être festive.

Abdou prit congé à son tour.

Les femmes étaient toutes assises dans le lit d'Aissatou qui était en train de leur narrer tout ce qui s'était passé le matin.

-Satou, je ne te coupe pas la parole mais ce n'est pas une raison pour accuser à tort les membres de ta famille puisque tu ne connais pas l'identité du violeur, dit kiné.

-en plus, pourquoi lui avoir laissé une carte pour lui souhaiter un joyeux anniversaire après l'avoir violé? S'interrogea Asmaou.

-Kiné, tu es la seule à avoir une double de mes clés bien vrai que vous vivez tous dans le même appartement. Qui me dit que ton mari n'a pas volé la clé, ou bien ton beau-père ou bien même mon ex-mari ? Rien ne me prouve non plus que tu n'es pas une complice puisque c'est toi qui garde ma fille tous les jours.

MutismeWhere stories live. Discover now