Jumeau .YoonMin. [Terminée]

Flashback - Yoongi

Le père des jumeaux était en colère. Cet ami de longue date chez qui sa famille dînait ne pouvait s'empêcher de rabaisser sa femme devant les enfants. Quel exemple pitoyable pour ces jeunes âmes qui débutaient à peine l'adolescence.
Alcoolisé, il décida quand même de partir pour éloigner ses enfants de ces personnes qui allaient à l'encontre de ses principes.

Avait-il seulement pensé que ses principes pouvaient lui causer du tort ? N'avait-il pas réalisé que son taux d'alcool présent dans son sang l'empêchait de prendre des décisions réfléchies ?

Non. Même les tentatives de dissuasion de sa magnifique femme ne suffisaient à le faire démordre. Tirant le plus vieux des jumeaux par le tissu de la manche de son t shirt, menaçant entre ses dents pour que l'autre suive, ils montèrent tous les quatre en voiture, silencieux, stressés.

En voiture, la mère des jumeaux priait, à chaque virage, que rien n'arrive à ses précieux enfants alors qu'elle était obligée de corriger la trajectoire. De sa main gauche, elle tirait sur le volant pour ne pas mordre sur la ligne ou sur le bas côté.
Elle aurait pu conduire. Elle aurait voulu conduire. Mais ses petits bras qui n'avaient jamais fait de sport n'avaient put empêcher son mari de la tirer hors de l'habitacle.

"Ralentit" lui répétait-elle alors qu'elle sentait son sang ne faire qu'un tour chaque fois que la voiture s'approchait du bord de la route.

Cette route cotière en bord de falaise ne l'avait jamais autant effrayée, même les jours de grand vent où elle devait contrer la force du mistral et ses bourrasques pour rouler

Ils auraient peut-être pu éviter cette biche si le conducteur d'en face n'avait pas attiré leur attention avec ses lumières clignotantes. Peut-être auraient-ils pu éviter cette biche si le propriétaire de la voiture d'en face avait décidé de partir un peu plus tard. Peut-être auraient-ils pu éviter cette biche si l'homme saoul n'avait pas bu.

Mais elle était là. La biche. Celle qui gisait alors sur le bord de cette route qui allait devenir le tombeau de pauvres innocents.

Le jour qui pointait le bout de son nez à cinq heures du matin dissipait les ténèbres de la nuit, offrant une vision effrayante à la mère de la paire. Le nez de la voiture suspendue dans le vide, couchée sur le flanc, ses deux garçons étaient inconscients.

Ses jambes ne répondaient plus. Elle voyait bien ce frein à main planté en arrière de sa hanche et la jambe côté sol dont le fémur resortait de son jean.

"Yoongi ! Yoonho !" Criait la femme qui pleurait, le buste de son mari pendant au dessus d'elle, retenu par la ceinture de sécurité. Le plus vieux des enfants se réveilla en sursaut à l'appel de détresse. La boucle de ceinture, défectueuse, avait sauté de son encoche et claqué contre la portière en remontant.

Il aurait juré que son coeur s'était arrêté de battre quand il sentit que sa mère l'avait rattrapé de ses deux mains, hurlant de douleur, ses ongles plantés dans l'avant-bras maintenant sanglant de son fils.

Ses bras si faibles avaient trouvé la force de retenir le poids du corps de son enfant plus grand qu'elle.

Elle s'en voulait de les avoir appelés. À cause d'elle son fils pendait maintenant dans le vide, encore assomé par le choc des tonneaux qui avaient fait heurter son crâne neuf fois contre le montant de la fenêtre.

Le plus vieux des jumeaux, suspendu par la simple force de sa mère, se réveilla enfin. Ce poids mort perdit quelques kilos lorsque, pris de panique, il s'accrocha aux fins doigts de celle qui représentait alors sa faible chance de survie.
La respiration courte, le teint blaffard décoré de marbrures pourpres, Yoonho n'avait pas la force de se hisser pour atteindre les poignets de sa sauveuse.
Tous les deux le sentaient : leurs mains se séparaient. La moiteur de ces dernières leur offrant bien trop peu de grip pour y accrocher leur vie.

La pauvre mère aurait pu plonger dans le vide tellement son instinct lui disait de protéger son bien le plus précieux. Mais ces barres métalliques qui lui transperçaient le corps La retenaient contre son gré.

Épuisée par ses émotions, pleurant toutes les larmes de son corps et de la Terre, son faible organisme ne pouvait en supporter d'avantage. Il mit un terme à cette souffrance, mettant en pause les réseaux électriques pour se concentrer sur sa survie.

Luttant, elle finit quand même par fermer les yeux, évanouie au dessus du vide, retenue par le métal qui d'une façon bien violente lui avait sauvé la vie.