Cinquième feuille

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Deux cent paquets de cent serviettes en papier, uniquement pour un mois.

Sérieusement ?

Je commence à avoir l'habitude de réceptionner les colis depuis ces deux derniers mois mais la quantité me sidère toujours autant.

Honnêtement, ils kidnappent les serviettes pour se torcher une fois chez eux ?

Mais le plus impressionnant c'est les milles paquets de deux cent pailles.

Elles se volatilisent plus rapidement qu'il ne me faut de temps pour sprinter aux toilettes lorsque ma dignité en dépend.

Gérer les stocks du Café est quelque chose d'assez mystique en fin de compte et franchement il n'y a rien de mieux pour égayer ma journée lorsque le temps est pluvieux.

Ça me fait une nouvelle passion bizarre.


Mais ce qui m'étonne le plus, c'est la manière dont Eliot évolue avec une aura de sérénité, peu importe le moment de la journée et dans n'importe quelle situation.

Il y a cette mamie, qui change toujours d'idée lorsque sa boisson est déjà prête et il ne bronche jamais, même si elle lui fait le coup à chaque fois.

Il continue juste de sourire et ne viens même pas râler auprès de moi lorsqu'il prend sa pause.

C'est admirable mais quand même sacrément flippant.

On dirait que rien ne peut entacher sa bonne humeur.


Je l'aime bien.

Franchement.

Et habituellement, je ne ressens jamais ça pour mes fantasmes bizarroïdes.

Bon en même temps, je ne prends jamais réellement la peine d'approfondir ma relation avec l'un des objets de mes fantasmes donc c'est un cas tout nouveau mais je sais que je l'aime bien.

Platoniquement.

Certes, ses sourires arrivent à me remotiver pour plusieurs heures, même mieux que le café mais c'est tout, ça ne va pas plus loin.

J'apprécie simplement être en sa compagnie, racontant des idioties pour le faire rigoler entre deux coups de serpillière après la fermeture.

Je pense que je pourrais affirmer d'ici quelques mois que je me suis fait un bon ami.

Et rien que ça, ce n'est pas une mince affaire vu ma grande faculté à enchaîner les bourdes.


Sincèrement, je ne pensais pas m'adapter aussi rapidement.

Enfin, je ne pensais pas m'adapter du tout en vérité.

Mais je prends un certain plaisir à interagir avec les gens et je ne m'ennuie pas, loin de là même.

Et rien que ça, c'est énorme.

En même temps, saluer des personnes et égayer un bout de leur journée avec une pâtisserie ou une boisson est mille fois plus excitant que de rester les yeux collés sur un ordinateur à dénicher des chiffres qui manquent ou essayer de comprendre pourquoi il y en a en trop.


Les gestes deviennent tout aussi machinaux mais les à côté sont vachement plus sympathiques.

Je pense que c'est pour ça que je ne me suis pas enfui après ma semaine d'essai.

Bon d'accord, oui, oui, les sourires y sont aussi pour quelque chose et les pâtisseries.

Cherry [BoyxBoy] ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant