𝑽𝒂𝒄𝒂𝒏𝒄𝒆𝒔 𝒅𝒆 𝒑𝒓𝒊𝒏𝒕𝒆𝒎𝒑𝒔. 𝑵𝒂𝒎𝒔𝒆𝒐𝒌

Prologue

Le jeune homme fixe à travers la vitre le beau paysage défilant sous son regard. Voilà depuis plusieurs heures qu'il traverse l'Allemagne en train, sa valise à ses pieds et son journal dans les mains, ainsi qu'une lettre de son oncle. Ce dernier l'a invité il y a déjà plusieurs semaines. Il lui écrivait que, quitter la ville surpeuplée et la modernité naissante de ce nouveau siècle pour retrouver le calme et le charme de la campagne, renouer des liens avec la nature au plein coeur de la Forêt-Noire serait profitable pour lui. Nam Joon n'a pas hésité un seul instant. Il a accepté avec joie admettant que venir dès le printemps lui ferait le plus grand bien. Il pourrait s'y reposer, lire et philosopher pendant des heures dans le grand jardin à la verdure renaissante. 

Alors, le voyage est long, pénible même mais, il a hâte d'arriver dans ce village et de retrouver la grande maison familiale. Dès qu'il y pense, de nombreux souvenirs lui reviennent en tête. Depuis, petit il y passe ses vacances d'été. Chaque année, il se sent grandir un peu plus quand il revient. Il en apprend tellement sur le monde qui l'entoure et sur lui-même à chacun de ses passages. Dans son enfance, il était en quête d'aventures, il souhaitait explorer la forêt et construire des arcs. Adolescent, il était devenu plus calme et avait trouvé un nouvel objectif. Il s'était mis à lire encore et encore, allongé dans le jardin, sous un grand arbre pour avoir un peu de fraîcheur. Maintenant, le voilà jeune adulte et il a une nouvelle envie envers l'extérieur. Il veut aller à la rencontre d'autrui et en apprendre plus sur l'être humain dont les philosophes parlent tant. Et secrètement, il aimerait également trouver l'amour. Comprendre ce sentiment si énigmatique. Voilà pourquoi, il se hâte également d'arriver et de pouvoir se promener dans les rues du village, aller sur la place et explorer le marché ainsi que profiter des fêtes le samedi. Lors de ses mois d'étude, il n'a pas le temps de s'y consacrer. A présent, il souhaite relâcher toute cette pression et avoir la tête libre. Il aimerait penser à des sujets plus légers.

Le train se stoppe enfin et les voyageurs descendent sans se presser. Un drôle de sentiment s'installe en lui, faisant battre son coeur à la chamade. Il a l'impression qu'une fois le pied posé à quai, il commencera déjà à grandir. Serrant un peu plus son papier dans sa main, il attrape sa valise, replaçant ses lunettes correctement. Il ajuste une dernière fois sa veste légèrement froissée par le voyage. Il voudrait être présentable devant son oncle. Un peu stressé, il s'avance puis sort à son tour du wagon. A peine le voici arrivé, que l'air sain de la campagne s'installe dans ses poumons. Les rayons du soleil brillent en cette belle journée et à peine quelques nuages viennent troubler ce ciel d'azur. Une légère brise caresse son visage. Il se sent déjà bien plus serein qu'en ville. Ici, le rythme est totalement différent. La gare est si petite qu'elle paraît être remplie de monde alors qu'il ne doit qu'y avoir qu'une vingtaine de personnes. 

Au milieu, il aperçoit un homme d'une cinquantaine d'années, l'appeler en agitant son bras. Un sourire s'installe sur le visage de Nam Joon. Il s'approche de lui puis vient l'étreindre. Après tout, il n'avait pas vu son oncle depuis un an. Il lui fait quelques réflexions pour commencer. Comment as-tu grandi ! Tu deviens un homme maintenant. Les traits de ton visage sont moins enfantins. Il est ému de le voir changer encore. Le voilà devenu grand, mince avec une carrure bien développée et, ses beaux cheveux châtains sont mieux coiffé que l'an passé. A chaque vacance, c'est la même chose mais s'habituer au changement n'est jamais facile. Ensuite, il lui pose des dizaines de questions. A-t-il fait bon voyage ? Est-ce long ? Sa valise est-elle trop lourde ? Aurait-il besoin qu'on lui porte ? Et veut-il rentrer à pied ou par un autre moyen ? Comme seule réponse, le jeune homme rit joyeusement avant de reprendre. 

« Allons mon oncle, nous parlerons de tout cela à la maison.  Pour l'instant faisons le chemin à pied. Ne pas profiter d'un temps si agréable serait se priver. »