Cinquième Mouvement

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Je descends de la voiture et marche lentement jusqu'à l'entrée. Je me perds dans le flot d'élèves stagnant devant la grille du lycée, les uns courant pour retrouver leurs amis, les autres marchant nonchalamment jusqu'à l'entrée comme pour retarder le moment fatidique où il faudra finalement aller en cours. Je fais partie des plus lents, mais pas par choix, seulement parce qu'aller trop vite m'essoufflerai rapidement. Merci Cerbère...

Je franchis les grilles de l'établissement alors que j'entends une voix prononcer mon nom.

— Rose!

Un garçon blond et souriant arrive à mon niveau, les cheveux dans tous les sens. C'est Léo. Je me rends compte que, inconsciemment, je le cherchais des yeux dans la foule.

— Salut, ça va?

Je ne suis pas trop d'humeur à parler aujourd'hui, même si je suis contente de le voir. Cela va bientôt faire deux nuits que je ne dors pas. Je reste simplement les yeux ouverts, à contempler le plafond de ma chambre dont une partie est recouverte d'étoiles phosphorescentes que j'avais installées avec Adèle. Je devais avoir neuf ans...

— Oui.

Je me mets ensuite à marcher en direction des portes de l'établissement. Il doit bien avoir un groupe d'amis à rejoindre, de toute façon. Je ne suis pas assez intéressante pour qu'il ait envie de rester avec moi. Pourtant, je remarque qu'il me suit et continue à parler.

—Je t'ai cherchée, hier. Tu n'étais pas là?

Mais quelle perspicacité!

—Non, je vais au lycée uniquement deux fois par semaine.

—Vraiment? fait-il étonné. La chance... Pourquoi?

Mais cela ne le regarde pas! Pourquoi me pose-t-il toutes ces questions?

—En quoi ça t'intéresse?

Mon ton est cassant. Je n'ai pas envie de lui répondre, de toute façon. Mais au lieu de se vexer ou de se mettre en colère, il dit simplement:

— Je ne sais pas... J'aimerais bien te connaître un peu mieux. Tu es très mystérieuse, tu sais, ajoute-t-il avec un petit sourire.

Je souris à mon tour. Sa bonne humeur est contagieuse.

— Désolée, je suis un peu fatiguée... J'ai du mal à dormir ces derniers temps, dis-je pour excuser mon comportement. Pour répondre à ta question, je suis scolarisée à mi-temps. Les autres jours, je suis des cours à domicile.

Il hausse les sourcils dans une expression de surprise exagérée.

— C'est pour ça que je ne t'avais pas remarquée avant, s'étonne-t-il. Mais, je me demande si l'on est pas dans le même cours en histoire...

Je cherche dans un coin de mon esprit et essaie de me rappeler à quoi ressemblent mes camarades du cours en question, en vain.

— En es-tu sûr?

Il sourit de toutes ses dents.

— Mais oui! C'est pour ça que ta tête me disait quelque chose...

Je me sens un peu honteuse de ne jamais l'avoir remarqué alors que lui, si.

— Et sinon, les cours à domicile, tu les suis avec un tuteur particulier? Comme chez les nobles?

Je lâche un petit rire. Décidément, ce garçon est surprenant. Encore une fois, j'ai l'impression d'être face à un enfant curieux.

— Les nobles? Non, pas vraiment... Ce n'est pas forcément les nobles qui suivent des cours à domicile, tu sais. C'est ma gouvernante qui me fait cours.

CerbèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant