— Hmm... Tu faisais du football américain. Et tu avais des bonnes notes, mais seulement pour ne pas te faire virer de l'équipe.

Nous éclatons tous deux de rire. Évidemment, je ne pense pas un mot de tout ça. Je n'arrive pas à imaginer comment pouvait bien être Duncan, mais je sais au moins qu'il ne faisait pas partie de ceux-là.

— Eh bien, je vais profondément te décevoir, mais j'étais plutôt le mec trop bizarre pour qu'on vienne lui parler. J'avais mes potes, mais je n'étais pas du tout populaire.

— Quoi ? Un beau mec comme toi ?

Je suis tellement euphorique par notre complicité que c'est sorti tout seul. Je crois que je n'avais jamais dit une chose pareille à haute voix. Il ne manque pas de le remarquer puisqu'il en joue et m'adresse le sourire le plus irrésistible de tous les sourires irrésistibles qu'il m'a déjà faits. Vous me suivez ?

— Et puis, pas de football. Mais j'avais des bonnes notes. Et je me suis déjà battu avec le monsieur populaire du lycée, et je n'ai pas gagné. Mais c'est pas grave, parce que j'ai quand même fait une marque sur son visage et ça, c'est pas négligeable ! Je faisais des dessins pour le journal de l'école. Oh j'oubliais le plus important ! La pétasse du lycée m'appelait le looser.

— Alors comme ça, t'étais un looser ?

— Ouais, totalement, avoue-t-il en riant.

— C'est vrai que ça sonne bien, Duncan le looser.

— Pas tant que ça ! T'as déjà vu un looser taguer un lycée pendant la nuit ? me demande-t-il en haussant un sourcil.

— Quoi, tu as tagué ton lycée ? demandé-je étonnée.

— J'ai dessiné des flammes, on aurait dit que l'école brûlait. D'après les profs, c'était un scandale, mais d'après les autres, c'était génial. Ils ont tous cherché qui avait fait ça, mais personne n'a pensé que ça pouvait être moi. Pour les profs, j'étais trop bon sous tous rapports. Pour les élèves, je n'étais sans doute pas assez cool.

— Impressionnant. Duncan Miller, looser le jour, criminel la nuit. On dirait une sorte de super-héros.

— Tu vois que je suis cool, dit-il avec un clin d'œil qui me liquéfie sur place.

Je ris et je ressens subitement une douleur dorsale, je rassemble toutes mes forces et tout mon courage pour l'ignorer. J'ai beau me concentrer, je ne peux m'empêcher de serrer la main de Duncan à cause de la douleur. Il ressent que quelque chose ne va pas puisqu'il a arrêté de marcher.

— Charlie, tout va bien ? s'inquiète-t-il.

— Oui, tout va bien, je réponds avec un sourire qui se veut rassurant.

— Je t'ai déjà dit de ne pas me...

— J'ai mal au dos, le coupé-je. Mais ça va aller, ça arrive de temps en temps.

— Tu es sûre ?

Il a pris mon visage entre ses mains et je lis l'inquiétude sur ses traits ; son sourire s'est même effacé.

— Je te dis que ça va aller !

— D'accord, mais si ça ne va pas, il faut que tu me le dises. Tu comprends ?

J'hoche la tête.

— Duncan, à ce propos, il faut qu'on parle d'une chose. Si je me sens particulièrement mal, qu'est-ce que tu fais ?

— Je t'emmène à l'hôpital, répond-il de but en blanc.

Évidemment...

— Écoute, tu sais que je vais mourir et tu l'as accepté. Si je fais une crise, tu ne dois pas m'emmener à l'hôpital. Tu dois me laisser partir. Tout ce qu'ils feront, ce sera me brancher, me faire des tests, dire que mon état est critique et me conseiller de rester à l'hôpital.

MY LAST WISHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant