Chapitre 5

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Je reste sans voix. Un silence très lourd règne dans la pièce. Je fixe mon soi-disant père avec à la fois stupéfaction et rage. Je m'imagine qu'il va d'un moment à l'autre éclater de rire en disant "Je t'ai eue!"

Mais il n'en est rien. Il me regarde avec un regard sérieux limite sévère. Je ne sais pas comment réagir. Dois-je lui reprocher de m'avoir abandonnée ou bien dois-je me jeter dans ses bras en disant "Papa papa tu m'a manquée je t'aime tellement!" Le problème avec cette option, c'est que je n'ai jamais connu mon père. Donc pour moi, cet homme est comme un inconnu. Le terme "père" change la donne. Mais je connais plus mon 8e voisin que mon père.

Ma mère pose un regard insistant sur moi. On dirait qu'elle veut que je réponde. Mais sérieusement, que peut-on répondre à une annonce du genre? Voyant que je ne réponds toujours pas, ma mère se redresse au le bout du canapé. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Elle l'air...sobre. Je n'ai vu aucunes bouteilles de bière en arrivant ce qui est assez surprenant. A t-elle arrêté ou joue t-elle la comédie de la mère parfaite devant mon père? Je ne peut m'empêcher d'imaginer ma mère avec mon père. Une famille heureuse et sans problèmes. Les larmes me montent aux yeux et ma mère a tôt fait de le remarquer.

- Oh Ma chérie! Ne pleure pas. Ça va aller...

- Non justement! Ça ne va pas aller! Aussitôt qu'il repartira, tu vas recommencer a boire et à te saouler comme a chaque foutu jour depuis ma naissance. Tu ne me désirais pas c'est ça? Tu ne m'a jamais aimée! Tu te foutais de moi. De toute façon, ça dérange qui que je sois presque morte. Et parlons en du pourquoi! Ça fait quatre mois que je reviens avec des bleus partout sur le corps. Mais toi, tu est trop saoule pour t'en rendre compte.

Je pleure abondemment. Ma mère arbore une expression de gêne. Curieusement, mon père n'affiche pas la moindre émotion. Je ne compte pour personne. Je veux m'enfuir mais ma mère me retiens du bras. Je tourne la tête vers elle. Son visage est trempé de larmes.

- Leslie, revient t'assoir.

-Non

Mais elle fait la sourde oreille et me tire avec une force dont je ne la soupçonnais pas.

- Écoute Leslie, tu dois m'écouter. Je sais que je n'ai pas été la meilleure mère.

- Ah ça non, marmonnais-je entre mes dents.

Mon père me fusilla du regard et je me tus.

- Mathilde,dit mon père, je crois que nous devrions lui montrer. Parler ne sert a rien avec elle.

Ma mère hocha la tête et se leva. Mon père dis de même et je les suivis jusque dans la cour arrière de la maison. Ma maison était entourée d'arbres et la cour arrière était en faite une immense forêt. Je m'attendais a ce qu'ils arrêtent mais ils entrent dans la forêt. Je me précipite a leur suite pour ne pas les perdre. Dire que ça fait a peine deux heures que je suis sortie de l'hôpital et je suis en train de courir. À croire que je n'étais pas si blessée que ça en fin de compte.

Une dizaine de minutes plus tard, ma mère s'arrête au milieu d'une clairière. Les arbres forment un cercle naturel. Ma mère se dirige vers son centre. Je m'apprête a la suivre quand mon père me retient par les épaules. Je me tourne vers ma mère. Ses longs cheveux blonds volent au vent. Elle semble avoir 10 ans de moins. Ses traits dépourvus de rides, sont tendus par la concentration. Elle lève les bras haut dans les airs comme pour invoquer la lune.

Soudain, un bruit attire mon attention. L'étang bouillonne. Subitement, l'eau s'élève dans les airs. J'écarquille les yeux. L'eau est en suspens au dessus de moi. Je vois les poissons colorés qui continue a nager comme si rien était. Mon regard se pose sur ma mère. Celle-ci a les bras levés vers l'eau. Elle fait un mouvement du bras et l'eau change de direction pour retomber dans l'étang. Puis, elle lève les bras subitement et des jets d'eau sortent et jaillissent comme une fontaine. Je suis fascinée.

L'eau retombe subitement et m'éclabousse. Ma mère chancelle et tombe sur les genoux. Je précipite vers elle pour lui venir en aide.

- Ça va Leslie. C'est seulement un petit moment de faiblesse, me rassure t-elle.

- Ça faisait longtemps qu'elle s'était servie de ses pouvoirs, ajoute mon père. 16 ans pour être exact.

Je l'observe. Il affiche en les ce regard sévère.

- Qu'est ce que ça change?

Mes parents me regardent avec un air interrogateur.

- Comment ça qu'est ce que ça change?

- Eh bien je ne comprends pas le rapport entre mon père et tes pouvoirs maman! C'est fantastique mais ça n'excuse rien!

Ma mère consulte mon père du regard. Ils me cachent quelque chose. Je le sens.

Le prince des ténèbresWhere stories live. Discover now