Partie 3 : Qui je suis

20 2 5
                                    

L'effet est très rapide, c'est du bon matériel.

J'essaie de résister, c'est comme si mon esprit se dissociait. Une partie de moi écoute ses paroles et mon corps se met en marche, à ses côtés, se déplaçant vers la ruelle indiquée, alors que l'autre partie de mon cerveau analyse les sensations qui me parcourent. Étrange... cette dissociation est comme un réflexe. Je sais ce que je dois faire pour éliminer la toxine, accélérer ma respiration, augmenter mon métabolisme, pour mettre en branle mon système immunitaire modifié. J'ai subi un entraînement pour ça.

Lorsque nous arrivons dans la ruelle, je sens que je peux reprendre une partie de mon contrôle. Je pourrais tenter de fuir. Mais c'est une bonne occasion pour récupérer des informations, elle me croit sous sa totale influence.

Je la suis, alors qu'elle se dirige vers un camion portant un symbole d'intervention médicale. Elle toque à la porte, trois coups, un coup, deux coups. Un homme en blouse blanche lui ouvre. En me voyant, il affiche un grand sourire.

« T'es sûr que c'est le bon ? demande la femme qui a soudain perdu son accent vulgaire.

- C'est ce que dit la reconnaissance faciale en tout cas. »

Il m'ordonne de monter, et pendant que je passe devant lui, il se frotte les mains de contentement.

Il porte des lunettes à projection rétinienne, le genre de modèle qui comporte aussi une caméra. Quelqu'un pourrait être en train de nous regarder.

Il y a plusieurs types d'appareillage médical autour de nous. Je repère une petite tablette sur laquelle sont posés des instruments chirurgicaux, et plus loin un kit de micro-chirurgie, de ceux qu'on utilise pour les implants connectés.

La femme entre à son tour et ferme la porte.

Je chancelle, pour faire croire que je vais m'évanouir, l'homme se précipite pour me soutenir. Je me laisse tomber dans ses bras, lance ma main droite en avant, comme si je cherchais à me retenir à quelque-chose, mon avant-bras balaie son visage, faisant tomber les lunettes.

« Quel con ! » S'insurge-t-il.

La femme vient à son secours pour me redresser. J'agis rapidement. En me relevant, j'envoie un coup de coude dans les gencives de la dame, puis je prend subitement l'homme à la gorge, et sous le torse, effectue une rotation pour l'envoyer sur la civière qui était à côté de nous. Je le maintiens là, avec une pression suffisamment forte pour qu'il ait peur. Puis je mets mon index devant ma bouche pour lui indiquer de ne pas faire de bruit.

A nos pieds, la femme s'est effondrée. Elle est dans les vapes.

Du bout des lèvres, je demande à l'homme si quelqu'un nous écoute. L'air paniqué, il répond par la négative d'un hochement de tête.

En même temps, si c'était le cas, qu'aurait-il répondu d'autre ?

Je dois faire avec.

Je retire tout ce qu'il a dans ses poches et en pose le contenu à côté du matériel médical. Je le fais s'allonger sur la civière, avec les mains sous le dos. Position inconfortable, et qui me laissera le temps de réagir s'il tente quoi que ce soit. Je ramasse les lunettes et les range dans ma poche, mises entre les bonnes mains, elles peuvent servir de source d'information.

La femme : Je la fouille. Attaché sur l'intérieur de la cuisse, je trouve un couteau à injection hypodermique. Une arme de tueur, si la blessure qu'il cause n'est pas mortelle, le poison qu'il contient fera le reste. C'est pour les débutants, mais ça marche bien.

Je la tâte rapidement. Elle n'a pas la musculature d'une personne entraînée, pas de marque sur les phalanges. Ce n'est pas une tueuse. Je la soulève, la dépose en travers de l'homme, et lui attache les mains dans le dos avec les tuyaux d'un masque à oxygène.

TrustocèneWhere stories live. Discover now