Ces mots m'ont interpellé, j'ai senti qu'elle me faisait un appel involontairement. Elle a subi un profond mal-être ça se ressent, ça s'entend. Plus jeune et jusqu'aujourd'hui j'ai côtoyé un tas de gens de la rue, des drogués, des prostitués, des clochards, c'est comme ça ici. J'ai été très tôt confronté à cette réalité qui ne m'a jamais réellement fait peur mais m'a à plusieurs reprises peiné. C'est triste d'en arriver là mais c'est tout aussi fort de s'en sortir, de se relever de ces galères.

Au final c'est un peu ce que vit actuellement la mère de mon fils, Amina. J'espère avec sincérité qu'elle s'en sortira rapidement de cette phase pour le bien de notre petit Jamel.





- Et tu te sens toujours aussi mal ou avec le temps t'as su guérir?

- Je ne vais plus mal certes je ne suis pas encore arrivée au stade où je pourrais te dire « je vais très bien » tu vois mais ça va... après ce sont des plaies, des cicatrices qui peuvent se réouvrir à tout moment alors voila.

- Ouais je capte, c'est encore délicat.

- C'est ça, elle inspire sa nicotine avant de reprendre son souffle, ça m'fait bizarre de me confier à toi. J'aurais jamais cru que...

- Que ça m'intéresserait autant?

-   Ouais fin que tu sois si compréhensif aussi.

-   J'en ai vu passer des gens en détresse. Mais toi je sais pas, y'a quelque chose en plus.





Contre mon gré j'ai été peut-être trop explicite ou pas assez, qu'importe. Je me suis levé après avoir balancé mon mégot. Quant à Rita, elle était toujours assise en tailleur les yeux rivés vers l'immeuble voisin. J'ai regagné le séjour pour y disposer deux verres avec quelques boissons gazeuses et alcoolisées. Je me serre dans un premier temps un verre de rhum. Lorsque je la vois me rejoindre les bras croisés en avançant jusqu'à moi. Elle se pose sur le pouffe.



-   Sers toi, s'tu veux.

-   Merci, dit-elle en replaçant ses bouclettes

- Bon, parlons maintenant.



Elle s'est soudainement arrêtée de boire pour me regarder. La pression doit lui monter au crâne. Je vais commencer tout doucement chaque chose en son temps pour ne pas trop la brusquer. J'ai pas envie d'avoir une bête crise cardiaque sur mon large dos.




- D'ici deux semaines j'aurais besoin de vous. Toi et les filles, il y'a un gala!

- Ah ouais? D'accord, opé.

- Et c'est pas tout.

- Ah bon?

- Le client, l'organisateur de cet événement est un très grand monsieur.

- Genre qui ça?

- Monsieur Nima Ventura.





Première bombe déclenchée, son visage ainsi que ses traits sont restés raides et figés. Elle était littéralement sans voix, plus un mot n'a su sortir de sa bouche. Je l'ai senti paniquée, son teint s'est aussitôt éclaircit. Et pourtant je pensais avoir commencé « calmement ».




- Wesh, Rita?

- J-je pourrais pas être présente.

l'alchimiste Where stories live. Discover now