52. (un)

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Un détour devait être fait, à bord de ma moto j'ai filé dans le dix-huit ème arrondissement. Le boulevard noir de monde, de prostitués, de toxicos, de réfugiés voilà ce qu'était le paysage, ce dernier représentait toute la tristesse de Paris Nord. Arrivé à l'arrière du bowling situé à proximité du périphérique,
je me suis garé en rapide avant de descendre.

Zizou était positionné sur le corner accompagné d'un client, j'ai dû attendre qu'il finisse sa transaction. On l'appelle Zizou depuis le jour où il a foutu un coup de boule à un agent alors qu'il était encore mineur. Nos quartiers ont du talent, c'est connu. Le bolosse s'est échappé furtivement, c'était enfin le moment pour moi de le rejoindre.



-   L'ancien, dit-il en m'ouvrant ses bras

-   Mon gars c'est comment?
T'as pris du gab' on dirait hein.

-   Tu connais ma gueule on essaye un peu
de prendre soin de son corps maintenant.

-   Ah j'te dis! T'as raison si c'est pas
toi qui le fait, qui est-ce qui le fera?

-   Certainement pas ma feumeu, ajoute-t-il en attrapant son briquet, et puis en parlant d'elle, t'es pas venu à mon mariage enculé.

-   Gros je pouvais pas mais le coeur y était. Sur ma mère j'suis fier de toi.

-   Ouais c'est ça arrête tes conneries, soupire t-il avec sa fumée, tout paname sait que tu es de ouf contre le mariage et les meufs Jaffar.

-   Ça n'enlève rien au fait que je sois quand même content pour toi frère.

-   Bien vu. Bon dis-moi, que me vaut cette visite? Ton message était très bref et flou.

- Il faut régler Yaya!

- Une affaire de terrain? T'es en guerre avec?

- Je veux juste que tu te charges de lui. C'est pas une affaire de terrain, je ne le suis pas encore mais si tu fais les choses bien Zizou, je n'aurais pas besoin de rentrer en guerre avec.

- L'Alchimiste reprend du service?

- Je n'ai jamais été en congé.

- Mais Yaya lui et son équipe ont sûrement dû le penser, s'ils essayent de te baiser.
Tu peux rester tranquille, je m'en charge.

- T'es un vaillant, dis-je en lui glissant
une enveloppe qu'il refusa d'abord.

- T'es un ouf frère, c'est la famille!

- Ne me laisses pas repartir avec ça.




Si il y'a bien une chose que j'ai appris durant toutes ces années dans cette merde, c'est qu'il n'y a aucune famille dans le business et aucune confiance à avoir même envers des gars avec qui t'as fait tes premières classes.

Je sais cela dit que Zizou est un bon et qu'il fera le nécessaire, mais je ne veux pas lui devoir quelque chose plus tard. Tout travail qu'importe qu'il soit, mérite salaire. Il a alors attrapé l'enveloppe avant de me quitter sur une poignée de main. Nous n'avons pas besoin de parler plus longtemps. J'ai regagné ma moto et je me suis dirigé à l'entrepôt.

A peine un pied posé dans le local, je vois que ça part dans tous les sens alors qu'il est encore tôt. Elles semblent si excitées et stressées, faut dire qu'on en a parlé pendant des jours et des jours de cette soirée. Certes je peux comprendre mais c'est vrai que ça me casse les couilles de les entendre piailler.

l'alchimiste Où les histoires vivent. Découvrez maintenant