Chapitre 8, scène 23

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— Papa, assieds-toi, j'ai besoin de te parler sérieusement.

Josselin qui se servait son café debout devant la table pour prendre son petit déjeuner, suspendit son geste. Il observa le visage de son fils avec attention. Pour une fois, il ne chercha pas à plaisanter et posa le bol de la cafetière et prit un siège.

Maxime toussota avant de se lancer avec un air et un ton déterminé.

— Papa, je sais que tu attendais que je me marie un jour, ou bien que je puisse avoir des enfants, mais voilà... Je... J'aime les hommes.

Son père ne parut pas réagir. Maxime dont le cœur allait sortir de la poitrine ne comprit pas son manque de réaction. Il insista, tout en s'essuyant les paumes de ses mains sur son pantalon.

— Je suis gay !

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Pour la première fois, Thomas avait invité son père à prendre un petit-déjeuner dans un bistrot. Des clients se pressaient au bar, tandis qu'un serveur venait de quitter leur table pour leur apporter leur commande. Thomas posa son sachet de viennoiseries sur la table et se frotta les mains.

Son père l'observait avec attention.

— Tu as l'air plus serein, Thomas.

— Peut-être, sourit ce dernier. En tout cas, j'ai pris une décision et je voulais t'en parler avant.

— Avant quoi ?

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Maxime vit son père se lever et se diriger vers lui. Son cœur se mit à battre comme un fou ! Il s'en moquait de l'opinion des autres, mais pas de celle de son père. Il tressaillit alors que Josselin tendait le bras. Son cœur avait failli sortir de sa poitrine. 

Josselin allait le rejeter ! Il était prêt à fondre en larme et pour la première fois, il s'aperçut qu'il avait toujours eu peur au fond de lui que son père le repousse, ou le frappe pour ce qu'il était.

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— Il y a une personne que j'aime de tout mon cœur et depuis des années. Je n'ai jamais fait le moindre geste ou la moindre proposition, parce que cette personne faisait partie de mon lycée et que les relations professeur/élève ne sont pas tolérées.

Son père plissa les yeux et scruta son visage avec attention. Le serveur en profita pour poser les tasses de café sur la table.

— Et est-ce que je connais cette « personne » ?

Thomas se tritura les mains avec nervosité. Il allait enfin avouer à son père qu'il préférait les hommes. Pour Bastien, il pensait certainement qu'il s'agissait d'une relation amicale qui avait mal tourné, après tout il n'était pas rentré dans les détails jusqu'ici. Loin de là ! 

Et puis, lorsqu'il lui avoué qu'il était PD dans un accès de colère, son père l'avait pris parce qu'il avait été violenté et que peut-être il se sentait comme cela à ce moment là. Il devait lui ôter le doute !

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Comme il ne se levait pas, Josselin se pencha et prit son fils par les épaules et le serra très fort contre lui. Il avait vu la peur dans ses yeux, lui qui mettait un point d'honneur à se montrer fort dans toutes les situations. Comment pouvait-il croire qu'il puisse le rejeter ?

— Mon fils ! dit-il. Je t'aime. Tu es ma seule raison de vivre depuis que ta mère et ta sœur nous ont quittés. Que tu sois hétéro ou gay, ça n'a pas d'importance. Tu es et resteras mon fils !

Maxime enregistrait ce qu'il lui disait, bouleversé. Il se leva et répondit à l'étreinte de son père.

— J'ai toujours su que tu aimais ce professeur de mathématique.

Hein ? Maxime rejeta la tête en arrière pour scruter le visage souriant de son père.

Coeurs en boiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant