CHAPITRE 6

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– Je me souviens de la cérémonie, annonça Yoonha. Pourtant, je ne comprends pas, Grand-père.

Assis face à sa petite fille, le vieil homme attendait que celle-ci développe. La jeune fille continua :

– Que sont les Akuma exactement ? Je veux dire... s'ils étaient vraiment les dangereux démons dont parlent les légendes, pourquoi sont-ils si précieux ?

L'aïeul réfléchit quelques instants avant de répondre.

– C'est une assez longue histoire. Écoute attentivement. Il est vrai que Akuma signifie démon. Pourtant, ils sont loin d'en être. Vois-tu, il y a des générations de cela, les Akuma vivaient dans un pays de l'est et régnaient en maîtres sur les montagnes, les forêts, les lacs et les rivières. Ils avaient de diverses formes et apparences mais, la plupart du temps, ils étaient juste des animaux plus grands ou plus petits que la moyenne ou avec un nombre d'appendices différent.

– Donc, ils sont plus des esprits comme les yokai ?

– Tout à fait. Un jour, les humains avec qui les Akuma vivaient en harmonie, voulurent chasser ces esprits de leur pays. Contraints à fuir, ils arrivèrent dans nos contrés. Mais ils n'y furent pas les bienvenus et les habitants cherchèrent à les tuer jusqu'au dernier. Pour y parvenir, ces gens mirent en place deux organisations composées de différentes familles : les Balgyeonja (personne qui trouve) et les Sanyang (chasse).

– Est-ce que... hésita Yoonha. Est-ce que ce sont les mêmes familles que celles dont tu avais parlé ?

– Exactement ! Mais aujourd'hui, les deux organisations n'en forment qu'une qui porte le nom de BalSan. Bref, poursuivit le vieil homme. Les Akuma réussirent à leur échapper grâce à leur affaiblissement. En effet, étant loin de leur terre natale, ils perdaient petit à petit leur ''consistance''. Ils devenaient transparents et les plus petits disparaissaient. C'est alors que l'un d'eux croisa le chemin d'un pèlerin qui, contrairement à ses semblables, prit soin de l'Akuma.

– Et a-t-il retrouvé sa forme ?

– Laisse-moi finir. Le pèlerin et l'Akuma restèrent ensemble et au fil du temps apprirent à se comprendre. L'homme s'aperçut que s'il ne faisait rien, l'esprit disparaîtrait à l'instar des autres. Ils décidèrent alors de faire rentrer l'Akuma dans le corps du pèlerin. À partir de ce moment, l'esprit commença à récupérer des forces et il ne fit qu'un avec son hôte.

– Si j'ai bien suivit, interrompit Yoonha, pour sauver les Akuma, il faut fusionner avec eux.

– Oui, en quelque sorte. Le pèlerin décida de transmettre cette découverte à sa famille et à sa descendance avant de partir en quête d'autres Akuma à sauver dans l'espoir de protéger l'espèce.

– Et qui était ce pèlerin ?

– C'était notre ancêtre commun, le fondateur de la ligné Song : Song Youngsong. As-tu d'autres questions à présent ?

– Qu'est-il arrivé à Yuta ?

– Les Akuma sont comme les animaux, Yoonha. Il arrive que certains ne souhaitent pas partager leur vie avec les humains et qu'ils se rebellent. C'est tout ce que je peux te dire au sujet de ton cousin.

– Je vois. Merci.

La jeune fille se leva et retourna dans sa chambre pour mettre un peu d'ordre dans ses idées.

* * *

La nuit était sombre et le ciel couvert. Un vent frais soufflait sur le petit bois au abord de la ville. Là, entre les arbres, déambulait une étrange silhouette. On pouvait distinguer sur sa tête, deux oreilles féline et partant du bas de son dos, deux queues touffues fouettant l'air. Son visage était caché derrière un masque Nô en forme de renard. Soudain, un loup au pelage argenté sortit des broussailles et se plaça aux côtés de la silhouette. Tous deux partirent en direction d'une clairière au milieux de laquelle se trouvait un homme.

– Tiens, tiens, lança ce dernier. Regardez qui voilà ! Alors, tu sors de ton trou, le démon ?

Il lança un rire tonitruant, puis dégaina un katana. Il se mit en garde face au loup et à la silhouette. Cette dernière se contenta de sortir un éventail et de le pointer sur l'homme.

– Ha ! Tu comptes te battre avec ça ? Ha ha ha ha !

Une voix féminine s'éleva de l'autre côté du masque :

– Mochiron (évidemment).

L'individu masquée envoya son éventail en direction de l'homme. L'objet alla se planter dans un arbre plus loin. L'homme comprit qu'il aurait pu mourir si cet éventail l'avait touché. L'inconnue sortit un deuxième éventail, puis courut en direction de son adversaire. Le combat commença. L'homme paraît toutes les attaques que tentait la démone masquée. Pourtant, il ne parvenait pas à la toucher. L'éventail ayant une portée plus courte que le katana, la démone s'éloignait hors d'atteinte après chaque assaut sans laisser à son adversaire le temps de riposter. Elle continua son va et vient sans montrer le moindre signe de fatigue. Soudain, les deux belligérants s'écartèrent et le combat cessa. La démone lança son éventail avec force. Cette fois, elle réussit entailler profondément l'épaule de son adversaire.

– Ce n'est pas en visant comme un pied que tu m'auras, gronda l'homme.

– Hontou ? (vraiment)

La démone tendit la main face à elle, la paume vers son adversaire, puis ferma le point. Le sang qui coulait de la blessure de l'homme s'éleva dans les airs puis, tel un serpent, s'enroula autour du coup de l'homme. L'inconnue masquée rouvrit la main et dirigea sa paume en direction du ciel. L'homme avait lâché son katana et tentait désespérément d'échapper à l'emprise de son propre sang. La main de la démone commença doucement à se refermer et le serpent sanguin resserra son étreinte. Lorsque le poing se ferma totalement, le fluide rouge devint tranchant et la tête de l'homme tomba au sol, suivit de près par son corps.

– Kurona, lança la démone au loup.

Celui-ci, en entendant son nom, se jeta sur la dépouille puis en dévora une grande partie. Une fois reput, l'animal repartit dans les sous-bois et la démone se dirigea vers la ville.

Le bois redevint calme et silencieux. La Lune, jusque-là cachée par les nuages, apparut et éclaira la clairière faisant étinceler le sang du cadavre. Il y eut alors des mouvements au milieux des buissons. Un jeune homme en sortit pour s'agenouiller près de la dépouille. Il avait assisté à tout ce qui venait de se passer caché dans les broussailles. Après avoir pris quelques photos de la scène de crime avec son portable, il appela son supérieur.

– Vos craintes se confirment monsieur. ... C'est bien une fille... Il est mort... Bien, j'avertirai Park.

Il mit fin à la conversation. Après un dernier regard au cadavre, il partit aussi en direction de la ville.

À suivre...

AKUMA : L'héritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant