■ Chapitre 9: Dans la nuit ■

62 7 6
                                    

Il n'y a rien derrière moi. Je suis seule dans la nuit. Et pourtant... et pourtant j'ai une peur irrépressible qui coule dans mes veines, qui empoisonne ma raison, qui empoisonne ma logique. La peur s'est enroulée autour de moi, a mordu ma chair sans que je ne m'en rende compte et a déversé son poison tortureux dans mes veines. Tel un serpent se délectant de l'agonie de sa proie, elle attend que je m'épuise seule à fuir vainement.

Il me semble que je ne dépasserai jamais le chêne planté à une dizaine de mètres de moi. Plus j'avance, plus il me semble lointain. Essoufflée d'avoir tant couru, je reprends mon souffle sur le bord de la route. Je me retourne.
Je me suis fait peur toute seule... Il n'y avait aucune bête qui me pourchassait.

Malgré tout, je me sens toujours épiée...

Le trot d'un cheval me parvient. Puis j'entends les roues d'un fiacre cahoter sur l'asphalte.

Merci mon dieu! Un fiacre !

Je lève le bras et l'appelle. Le fiacre entièrement noir ralentit. Le cheval me dépasse au trot. Je reste un instant interdite. A travers la pénombre, il me semble distinguer des symboles géométriques sur la robe noire de l'étalon. Qui irait tondre la robe de son cheval pour y inscrire des cercles concentriques et des lignes?

« - Bonsoir... » commencé je

Je m'arrête stupéfaite. Je me déplace sur la droite puis sur la gauche.

Non.. C'est un effet optique ?

Les rênes du cheval flottent comme par magie dans les airs. J'observe éberluée la place du cocher vacante.
J'approche avec hésitation ma main des vieilles lanières de cuir pour vérifier s'il n'y a pas un fil ou quoi que ce soit d'autre qui pourrait les maintenir en lévitation. Brusquement, les rênes se décalent à droite. L'instant d'après, deux mains galeuses apparaissent tenant fermement les brides le plus loin possible de moi. Puis d'un seul coup, un homme apparaît assit sur la banquette du cocher
Je laisse échapper un crie de surprise dans mon sursaut.

Le cocher bossu me dévisage d'un œil morne. La lumière de sa lanterne creuse son visage ridé et... Gris ? Son teint est gris ? Je déglutie. Non, Verdâtre...

« - Je peux vous aider ma petite dame ? » demande l'homme

Sa voix éteinte me donne des frissons. Chacun des mots qu'il prononce dévoile des dents jaunes et cariées. Un béret cache une calvitie diffuse qui a déjà emporté presque tous ses cheveux. Son couvre chef est solidement enfoncé jusqu'à ses sourcils touffus. Ce cocher dégage l'austérité des cimetières. J'apporte ma main à mon nez tout en faisant une grimace de dégoût. Et il porte sur lui l'odeur de la chair en décomposition...Je refoule un haut le cœur.

« - Vous voulez que je vous amène quelque part ? »

Je déglutie. Je n'ai pas le choix. Je ne vais pas continuer de marcher indéfiniment sur cette route. Bien que ce cocher m'a tout l'air d'un croque-mort qui côtoie un peu trop ses clients - qui apparaît de nul part aussi -  Il ne m'a pas l'air d'être un homme remplit de mauvaises intentions.
Je donne mon adresse par dépit.

« - C 'est entendu »

Le cocher hoche la tête. Je la vois vaciller de droite à gauche quand soudain, elle se détache du reste du corps. La tête roule sur la banquette, tombe du siège et vint rouler à mes pieds. Je pousse un cri d'horreur tout en reculant de plusieurs mètres. Mes yeux ne se détachent plus du membre perdu. Ceux de l'homme me fixent toujours de la même lueur éteinte. Les lèvres du cocher s'ouvrent. Au même instant, sur le siège, je vois le corps normalement sans vie de l'homme poser les rênes à coté de lui, se lever et descendre de sa banquette.
Paralysée par l'horreur, je ne suis plus en capacités d'esquisser le moindre geste ou encore de crier à pleins poumons.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Feb 25, 2018 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

CIRCUS: The Madness BeginsWhere stories live. Discover now