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C'est évidemment en retard que je débarque en cours, et, ma prof ne me loupe pas. De sa voix haut perchée, elle m'interpelle, et je m'immobilise, entre deux rangées de bancs.

— Dana, vous récupérez ce retard durant votre heure de pause. Je ne tolère que très peu ce genre de manque de respect. L'heure c'est l'heure.

— Oui madame.
Connasse. Je ne suis jamais en retard, c'est une première et en plus, je suis ce que l'on peut qualifier de bonne élève. Elle pourrait facilement se permettre de ne pas m'harponner devant toute la classe.

— Bien joué Dan', ricane Cindy quand je m'assois à ses côtés.

— Ce n'est pas de ma faute, grogné-je.

— Hum... Hum... acquiesce-t-elle en mâchouillant le capuchon de son stylo. Tu me racontes ? Ton appart' est proche d'ici non ?

— C'est une longue histoire, chuchoté-je sous l'œil menaçant de madame Luis.

Comment expliquer à Cindy que mon nouveau voisin m'a montré son sexe pour me prêter sa serviette de bains. D'ailleurs, je ne l'ai pas utilisée. Et puis quoi encore ? Je ne le connais pas qu'il m'horripile déjà.

La journée passe rapidement et j'ai pour mission de me trouver un endroit de stages, pour la fin de la semaine prochaine. J'angoisse, mais la ville grouille de salons de coiffures et je suis certaines que je trouverais.
Fatiguée par les cours, je fais un bout de chemin avec mon amie, comme elle habite à trois rues de mon immeuble. J'écoute Cindy parler de sa sortie du week-end, et d'Olivier, son petit-ami. Ils sont ensemble depuis plus ou moins cinq ans, malgré qu'ils n'aient rien en commun. Elle est douce, gentille, intelligente et belle. Lui n'est qu'est qu'arrogance, drague et muscles. Ce genre de mecs qui misent tout ce qu'ils ont dans leurs biscoteaux et dans leur pantalon.
— Je ne sais plus quoi te dire, réponds-je. Je n'aurais pas ta patience pour supporter ses infidélités à répétition. Non mais... Dy, tu te vois passer ta vie avec un homme pareil ?

— Je ne sais pas... J'ai envie d'y croire pour nous deux comme lui ne parie pas sur l'avenir de notre couple.

La voir s'accrocher ainsi me fait de la peine, alors, j'embrasse sa joue et lui donne un coup de coude.

— Je vais te raconter la raison de mon retard, et ce, juste pour te remonter le moral.
Elle rit déjà en repoussant ses longs cheveux blonds par-dessus son épaule.

— Je t'écoute.

— Hum, si je te disais voisin canon, salle de bains commune et...

— Oh putain ! T'as baisé avec ton voisin canon sous la douche !

— Quoi ? m'étranglé-je. Non ! Bien sûr que non ! Je ne veux pas de mecs pour me casser les pieds, pas maintenant. Entre eux et moi, c'est mort.

— Alors développe ! Mon cerveau carbure.
Je glousse et sens mes joues chauffer en repensant à ce matin, et à Yessim.

— Je me suis levée en retard déjà, parce que j'ai eu beaucoup de mal à dormir et que de la musique transperçaient mes murs. Puis, après avoir pris mes vêtements, je suis descendue à la salle de bains et là, occupée par lui, évidemment ! Sérieux, sur l'annonce il disait que c'était une résidence pour étudiantes !

— Et ? Il t'a sauté dessus ?

— Non, pouffé-je, j'ai frappé à la porte mais il prenait bien son temps en chantonnant le con ! Et quand il a fini par ouvrir après plus d'un quart d'heure de douche, il était à poil !

— NON ?
Elle se marre, et je rectifie.

— Enfin, presque. Il portait une serviette, qu'il s'est empressé de me tendre vu que j'avais oublié la mienne.

— Je crois que je vais adorer ton voisin !

— Non, la taquiné-je, tu dois le haïr de m'avoir exposé son service trois pièces.
— On verra, sourit-elle.


Il est plus de dix-sept heures lorsque je referme mes cours avec un mal de crâne. Je les range dans mon immense sac à mains qui me sert aussi bien pour les cours, que comme garde-manger et trousse à maquillage. Je fouille mes placards pour trouver ce que je pourrais bien manger aujourd'hui. J'attrape un paquet de macaronis et fais bouillir l'eau avant de m'atteler à la sauce fromage.

Ce n'est que lorsque je m'installe dans le canapé, l'assiette en équilibre sur les genoux et la télécommande en mains, qu'on frappe contre la porte.

Je pourrais répondre une grossièreté, du style « dégage » ou autre, mais je m'abstiens et vais ouvrir.

— Dana...
Ses iris noires fixent les miennes intensément, et je me force à ne pas reluquer ses muscles saillants que je peux aisément voir sous son tee-shirt.

— Voisin. Que me vaut votre visite dérangeante.

— Dérangeante, vraiment ?

Il ricane et grimace en même temps, quant à moi, je soupire.

— Oui, j'étais on ne peut plus occupée.
Son regard balaie mon corps, me mettant mal à l'aise.

— Tu es toujours habillée... Soit il est trop lent, soit il veut que je lui montre comment arracher les fringues d'une jolie fille sans lui faire mal ?

Je lui referme la porte au nez, jurant par la même occasion :

— Sale porc !

Il se marre, attisant ma colère à son égard.

— Dana, rit-il, je suis désolé. Je ne savais pas que tu étais aussi coincée.

Je reprends ma place dans le canapé, l'injuriant de plus belle.

— Barre-toi gros pervers !

— Je voulais simplement t'inviter à prendre un verre ! l'entends-je à travers la porte.

— Va te faire ! Non !

J'attrape la télécommande, allume la télévision et zappe de chaînes en chaînes jusqu'à tomber sur MTV. Ça tombe bien, j'adore regarder cette émission sur les mamans ados et déjà mères de familles. Je monte le son, pour ne plus entendre son rire, ni ses pas, et je respire.
Faudra vraiment que j'en touche deux mots à la propriétaire, parce que ce mec va me saouler, je le sens. 

Because of youWhere stories live. Discover now