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Le regard fixé au plafond, je n'arrive pas à dormir. Pourtant, il est passé deux heures et j'ai cours demain.

Ça doit être le fait que ce n'est pas le lit dans lequel je dors habituellement, ni les odeurs de ma chambre d'ado.
Je me tourne sur le ventre et jette un dernier regard au réveil qui m'indique qu'il est déjà deux heures dix avant de clore les yeux.

Elle était en colère. Je peux encore entendre ses hurlements quand elle m'a vue débarquer dans le salon avec mes sacs. C'est de ma faute, faut dire... Je ne l'avais pas prévenue. Mais si je l'avais fait, elle serait allée jusqu'à me faire du chantage au suicide, et ça, je ne voulais pas. A la place, elle m'a demandé ce que je foutais avec mes affaires, et je lui ai répondu un bref " je pars". Elle a ri, pensant que je déconnais mais lorsqu'elle a entendu mon père se parquer dans l'allée devant la maison, elle a percuté que je disais vrai. C'en est suivi une rafale de cris, une déferlante d'insultes, et une guirlande de larmes.

Elle a tenté de m'arracher mes sacs, me hurlant que je n'avais pas le droit de partir comme une voleuse, elle m'a tiré le bras, puis s'est accrochée à mes cheveux. Si mon père n'était pas intervenu, je pense qu'elle m'aurait tuée.

Je me couche sur le dos.
Fait chier. Les minutes défilent et le sommeil ne vient pas. J'allume la lampe de chevet, objets parmi tant d'autres que mon père m'a offert en allant chez le suédois tout à l'heure.
Je finis par me relever, vais boire un verre d'eau dans la cuisine et me laisse tomber sur le canapé. J'entends de la musique, et clos les paupières. Génial la voisine. Suis-je la seule qui ai cours demain ? Après tout, les horaires des universitaires ne doivent pas coller avec les miens.


C'est courbaturée que je me réveille un peu perdue. Il me faut une poignée de secondes pour comprendre que je suis chez moi, dans ce kot ultra moche. La peinture sera la priorité ici. L'actuelle gâche absolument toute la pièce. Je baille, m'étire et me redresse en me grattant le cuir chevelu. D'un pas las, je vais dans la petite cuisine et prends mon paquet de clope avant de m'en allumer une, puis je remplis la bouilloire électrique d'eau pour me faire un café.
Putain, il est déjà 7h30. J'ai intérêt à me grouiller si je veux être à l'heure. Je me dépêche de finir ma cigarette, mais elle ne m'avait jamais parue si longue. Je finis par écraser le tube à moitié fumé et pars dans ma chambre pour fouiller mes valises pleines de fringues.

Un jeans, un débardeur et ça ira. Nous sommes en mai, le temps est radieux même si les matinées restent fraîches. J'ajoute un gilet à la pile de vêtements et des sous-vêtements avant de grogner quant à l'emplacement de la salle d'eaux. Quelle idée débile de ne pas avoir prévu une salle de bains individuelle.

C'est en râlant et n'oubliant pas mes clés que je descends les escaliers, saluant une fille qui remonte. Je frappe à la porte de ladite salle de bains avant de secouer la poignée.

— Oh putain ! marmonné-je.

Verrouillée. Fait chier !

— Occupé !

Je fronce les sourcils en entendant cette voix masculine de l'autre côté de la porte. Ah parce que ce mec se lave ici ? De mieux en mieux. Faudra que je parle à la blonde que j'ai croisée. Elle a dû oublier son mec dans les chiottes.

Je trépigne, la vessie pleine et les yeux fixés sur les minutes qui défilent sur l'écran de mon portable. Je vais vraiment être à la bourre s'il ne se magne pas le derche.
Je perds patience, refrappe à la porte.

— Grouille-toi ! Je vais être à la bourre !

— Fallait te lever plus tôt.

Je grogne et reprends ma place, adossée au mur. Il est 7h45.

Il le fait exprès, j'en suis certaine. Le calme venant de la salle de bains est remplacé par le bruit de l'eau qui éclabousse la cabine de la douche et là, je jure. Quoi ! Il ne s'est pas encore lavé ? C'est une blague, j'espère !

— Je vais vraiment être en retard ! hurlé-je en tambourinant la porte.

Il chante.

Oh bordel. Je vais devenir folle. Respire Dana. Ne le tue pas, ce n'est pas le bon jour pour ça. Je vais bien lui faire comprendre que son petit manège ne prend pas avec moi. Il n'osera plus recommencer.

Ce n'est qu'à 8h06 qu'il ouvre la porte.

— Bonjour.
Son sourire en coin me donne l'envie de le baffer. Sa serviette nouée autour de la taille qui dévoile son torse musclé et tatoué, me fait défaillir mais, je reste digne et lui souris de toutes mes dents.

— Bonjour.
Je le bouscule et entre à mon tour dans la pièce minuscule embuée avant de déposer ma pile de vêtements sur le radiateur. Lorsque je me retourne, il est là, à me regarder de la tête aux pieds, en passant par mes fesses.

— Euh... Ça va ? T'as besoins de jumelles ? D'une loupe ?

Son regard sombre remonte vers le mien et il m'envoie un sourire.

— Hum... Peut-être.

— Gros porc. Sors d'ici. T'as assez traîner.

Il ricane et s'approche un peu plus de moi, réduisant considérablement l'espace entre nous qui ne se voulait déjà pas bien grand.

— Faut te lever plus tôt dans ce cas. Hum... Je pense bien que tu es ma nouvelle voisine, Dana c'est ça ?

Je plisse les yeux, le foudroie en m'empêchant de regarder autre chose que son visage.

— Voisine ?

— Exactement. Alors Dana... Je constate une chose, souffle-t-il. T'as l'air d'une sacrée emmerdeuse, tu mords à la moindre contrariété, et en plus de ça, t'es une tête en l'air.

Hein ?
Devant mon air ahuri, il pointe le tas de linges posés sur le radiateur.

— Joli string mais... Pas de serviette de bain ?
J'écarquille les yeux avant de me retourner pour vérifier. Merde.

— C'est con, ça, ricane-t-il. Laisse-moi te dire qu'enfiler un jeans la peau mouillée est chose compliquée. Je pourrais attendre... Assis dans les escaliers. À me languir de te voir débarquer à poils pour vite t'enfermer chez toi.

— T'es un pervers, sifflé-je.

— Mais t'as de la chance, dit-il en reculant. Je suis le genre de voisin à rendre service dès qu'il le peut.

Ma bouche s'ouvre et mes yeux descendent sur ses mains quand il dénoue la serviette autour de sa taille.
OH BORDEL !

De mes mains, je me couvre les yeux en jurant pour ne plus rien voir de son anatomie et je l'entends rire.

— Tiens, Dana. Je te la dépose sur le lavabo.

— Mon dieu !

— Ah ça arrive qu'on m'appelle comme ça, mais tu peux me nommer Yessim aussi. 

Because of youWhere stories live. Discover now