4. Antigone

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"C'est bon pour les Hommes de croire aux idées et de mourir pour elles."
- Jean Anouilh, Antigone.

Antigone

Mon père est vieux et mourant, je le sais. C'est pour ça que nous avons décidé de rentrer. De rentrer chez nous. À Thèbes .Quel bonheur de savoir que je vais retrouver mes frères et ma sœur, mon fiancé, la maison où j'ai grandi.

On arrive alors à la maison accueilli par Ismène, ma sœur. Après avoir couché notre père, ma petite sœur me prend dans ses bras et fond en larmes.

- Que t'arrive-t-il Ismène ? Pourquoi tant de larmes ?

- Oh ma sœur ! Si tu savais le malheur qui a frappé nos frères avant votre arrivée !

- Raconte-moi.

- Tes frères s'étaient d'abord mis d'accord pour se partager le royaume une année sur deux. Mais Étéocle n'a pas tenu sa promesse il a désiré garder sa place sur le trône et a chassé Polynice, notre frère. Ce dernier menace à présent de revenir avec une armée pour assiéger la ville.

Après le discours de ma sœur je cours jusqu'au trône pour trouver mon frère. Hélas je ne trouve personne. Je sors et entends une agitation près de l'entrée de la ville. Je me dirige en dehors de la ville et aperçois mes deux frères, face à face, armés.

Polynice lance un coup d'épée dans l'épaule de son frère, qui l'esquive et enchaine. Le bruit fracassant des épées qui se rencontrent, les cris de douleur lorsque une épée coupent, tranchent, se plantent, égratignent, transpercent, touchent, s'écrasent, font couler le sang et le souffle des gens autour qui observent, s'agitent, pleurent, crient de douleur, de stupeur, de frayeur, d'encouragement, de révolte.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je suis incapable de bouger, de réagir, ou d'hurler. Mais je pleure des milliers de larmes traverse mes joues et chacune d'elles laissent une cicatrice douloureuse.

Un cri. Celui de la douleur de mes deux frères. Parfaitement unis. Les épée plantées dans le cœur l'un de l'autre.
Un bruit. Celui des corps qui s'effondrent sur le sol. Plus personne autour de bougent, crient ou même respirent.
Une larme. Celle de la mort venant les chercher.

Tout le monde est parti. Il ne reste que moi et les corps froids de mes deux frères.

Soudain un bruit de pas me fais sursauter. Deux gardent viennent emporter le corps d'Étéocle.

- Que faîte vous ?
- Nous allons l'enterrer.

Je fais un léger hochement de la tête.

- Et pour Polynice ?
- On le laisse là.
- Quoi ? Vous n'allez pas l'enterrer !?

Le garde me réponde non de la tête.

- Ordre du nouveau roi, Créon.

Je cours au royaume trouver Créon, mon oncle.
J'entre dans le pièce où mon oncle regarde par la fenêtre.

- Pourquoi fais-tu enterrer Étéocle et non Polynice ? Mes deux frères méritent des funérailles !

- Étéocle est mort en défendant la ville tandis que Polynice l'a assiégé, c'est un traître.

- Que vas-tu faire de son corps ?

- Les oiseaux le mangeront. Et si tu t'y opposés, je serais obligé de te punir pour avoir désobéit à mes ordres.

Je sens la colère et l'indignation monter en moi. Il est hors de question que le corps de mon frère serve de repas aux rapaces et que son âme soit condamnée à errer. Je sors furieuse et part retrouver ma sœur.

*****

Ses yeux, rougis par les larmes, m'écoutent lorsque je lui exposé mon plan.

- Antigone, on ne peut pas faire ça. Créon nous tuera. Ma sœur, je t'en prie, reviens à la raison !

- Ismène, la nuit approche, viens-tu avec moi ?

Ses yeux s'emplissent à nouveau de larmes et elle me chuchote d'une voix brisée "désolé".

Alors je sors. Je retourne sur le lieu du combat. J'aperçois le corps éteint de mon frère. Je m'approche, je lui prends d'abord la main, sa main, glacée. Je le sers ensuite contre moi et laisse couler encore quelques larmes. J'ai peu de temps. Je ferme ses yeux de mes doigts tremblants. Je reprends mes esprits et commence à réciter une prière en le recouvrant de terre.
Un bruit de pas.
Les gardes...
J'accélère.
J'ai à peine recouvert ses jambes.

Les larmes brouillent ma vision. Ma voix est brisée par la peur. Quatre mains serrent fermement mes bras et me relèvent. Impuissante je ne cherche pas à m'en défaire. Les deux gardes m'ammènent devant Créon. Son visage sérieux semble déçu et en colère.

- Tu as désobéit Antigone. Je suis obligé de te punir.

Dans une dernière révolte je relève ma tête et plante mes yeux dans son regard.

- Je le sais.

C'est ainsi que je décide de mettre moi-même fin à mes jours. Je dis "non". Je me révolte. Je laisse la corde m'enlever mon dernier souffle.

"Aucun de nous n'était assez fort pour la décider à vivre. (...) Antigone était faite pour être morte. (...) Ce qui importait pour elle, c'était de refuser et de mourir."

-Antigone

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