9 mois encore |Terminé|

8ème mois

Dernière ligne droite avant mon accouchement. J'avais abandonné l'idée de mettre des chaussures fermées et passais alors mes journées en tong malgré la fraîcheur de l'hiver. Noël arrivait à grand pas et nous avions beaucoup de choses à préparer. Nous étions en train de faire le ménage quand la chanson What the fox say résonna à la radio. On se regarda, bloquant quelques secondes, puis il attrapa la serpillière, moi le balai, et on se mit à brayer dans l'appartement:

« Dog goes "woof"
Cat goes "meow"
Bird goes "tweet"
And mouse goes "squeek" »

Eric arriva derrière moi, tandis qu'on continuait de chanter, et passa une main sur mon ventre afin que mes mouvements de danse ne le fasse pas trop bouger.

« Cow goes "moo"
Frog goes "croak"
And the elephant goes "toot"
Ducks say "quack"
And fish go "blub"
And the seal goes "ow ow ow" »

La chanson continua et on arriva rapidement à la fin en éclatant de rire. Avec ça, le ménage n'avait pas beaucoup avancé. Je pris tout de même une pause, mon ventre me tirant violemment.

-Maman ?

Une petite voix endormie m'appela et Eric me regarda, une main devant la bouche, le regard désolé.

-Je crois qu'on a réveillé le petit....

-On sera plus discrets la prochaine fois. Lui répondis-je en allant sortir notre fils du lit.

Je sorti le gâteau au chocolat que j'avais fais le matin même et on goutta ensemble. A la fin du goutter, Eric attrapa Gaëtan afin de lui mettre ses chaussures.

-Mon poussin on va aller faire une partie de foot toi et moi, ça te dis?

-Oui papa! Maman?

-Maman va rester ici, il faut qu'elle se repose. Tu vas avoir une petite sœur bientôt tu te souviens?

Gaëtan acquiesça et alla poser un doigt sur mon ventre.

-Bébé? Me demanda-t-il.

-Oui mon coeur, lui répondis-je, il y a un bébé dans le ventre de maman. Allez, va jouer avec papa, tu me raconteras tou ce que vous avez fais après, d'accord?

-Bisous ! Auvoir maman!

-Au revoir mon coeur.

Je me retrouvai rapidement seule dans l'appartement, en nage. Je terminai le ménage puis me glissai sous la douche. L'eau chaude était la bienvenue. J'y restai une bonne demi-heure. En sortant de la salle de bain, j'entendis les deux hommes de ma vie rire dans la cuisine. Eric était en train d'éplucher les pommes de terre pendant que Gaetan jetait les épluchures une par une. J'attrapai un épluche légume et me mis à côté de mon homme afin de l'aider dans sa tâche.

*

Le lendemain matin, je me réveillai avec des petites douleurs. J'étais épuisée et mon ventre me faisait mal.

-Je t'emmène à la clinique! Décida Eric en apprenant ce qui m'arrivait.

-Oui mais..Hésitai-je, n'ayant pas spécialement envie de passer trois plombs dans un lit, branchée de part et d'autres.

-Pas de mais, mieux vaut y aller pour rien que le contraire.

J'acquiesçai tandis qu'Eric finissait de préparer Gaëtan pour la crèche. J'enfilai rapidement un jogging et pris mes affaires de maternité, prêtes depuis un moment. On arriva rapidement à l'école où Eric se dépêcha d'aller déposer notre fils sous les regards intéressés des autres mamans.

-Bas les pattes, il est à moi. Murmurai-je avec un sourire de fierté, depuis ma place de voiture.

Une des femmes tourna la tête à s'en décrocher les cervicales afin de suivre mon homme du regard.

-Attention mesdames, vous avez un filet de bave qui ne va pas tarder à toucher le sol. Continuai-je avec sarcasme.

La jalousie commençait à pointer le bout de son nez. Je savais que je n'avais pas à m'en faire. Mon beau blond m'appartenait et n'avait jamais montré un quelconque signe d'intérêt pour une autre que moi depuis qu'on était ensemble. De plus, on allait bientôt se marier, ce qui renforçait forcément ma confiance en lui. Mais cela ne m'empêchait pas de ressentir cette petite pointe de jalousie, cette légère peur qui me faisait toujours tout tenter pour le surprendre un peu plus. Tandis que je commençais à lancer des éclairs avec mon regard sur ces femmes qui gloussaient maintenant sur le retour d'Eric, je ressentis une décharge dans le bas du ventre et ne pus retenir un cri de douleur. Je me pliai légèrement et vis du coin de l'oeil Eric courir jusqu'à la voiture.

-Marion? Marion, ça va? Me demanda-t-il, inquiet,

Je l'entendis s'installer à côté de moi tandis que la douleur s'éloignait.

-Oui, j'ai eu une douleur un peu forte. Expliquai-je en reprenant mon souffle.

-Une contraction ?

-Je...Commençai-je, ne sachant pas vraiment.

Je touchais mon ventre. Il était relativement mou.

-Je ne sais pas....Avouai-je, dépitée.

-On sera à l'hôpital dans dix minutes.

Arrivés à la maternité, on me prit de suite en charge. C'était reparti pour un monitoring d'une demi heure qui me montra qu'effectivement, j'avais des petites contractions, mais que ce n'était pas encore le moment pour moi d'accoucher. Lors du toucher vaginal, le sage femme qui m'auscultait me fit sentir ce qui s'apparentait à une contraction de travail. Ce n'était effectivement pas la même douleur que j'avais ressenti.

Après encore une interminable demi-heure, on rentra à la maison. Eric avait appelé son travail afin de prendre sa matinée, mais il était obligé d'y retourner cet après-midi.

Sur le chemin du retour, Eric semblait bien plus stressé que moi. C'était pourtant moi qui risquait d'accoucher d'une minute à l'autre. Sa réaction me fit sourire. Il était tellement attendrissant.

-Je t'assure je peux rester à la maison. Tentai-je une nouvelle fois, en vain.

-Non, je ne serai pas rassurer. Et j'ai déjà vu ça avec ta mère. M'annonça-t-il d'un ton catégorique.

-Je n'ai plus dix ans! Répondis-je vexée, ce qui eut pour effet de le faire sourire. Et tu te marres en plus ?!

-Non, non, je n'oserai jamais voyons. Répondit-il, à moitié mort de rire.

Je lui envoyai une petite tape sur l'épaule, ce qui eut pour effet d'accentuer son rire. On arriva rapidement chez ma mère. J'embrassai Eric et descendis de la voiture. Après tout, un petit moment en tête à tête avec maman ne pouvait pas me faire de mal.