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Cassandre m'avait expliqué avec beaucoup de détails comment vider la citrouille. Assez rapidement, on en avait plein les mains et nous rîmes en cœur. D'ailleurs, son sourire était vraiment irrésistible et faisait briller son regard. Elle semblait même se ficher que son maquillage se déforme bien qu'il suive à la perfection les mimiques de son visage. Il y avait quelque chose en elle qui me fascinait et m'attirait.

Elle constata alors que je m'étais arrêtée et pensa que je n'y arrivais pas. Alors, elle prit les devants, s'empara de ma cuillère et ma citrouille. Pendant un instant, nos peaux se touchèrent et contrairement aux fictions où ce contact était suffisant pour rapprocher deux personnes, ce contact me brusqua. Je n'aimais pas les contacts physiques, même avec les personnes que je connaissais depuis longtemps.

— Ça va ? s'enquit-elle.

Je hochai timidement la tête. Elle se contenta de cette réponse et s'empressa de vider l'intérieur de ma citrouille. Je la fixai, pensive. Cette fille était si bienveillante et j'étais assez étonnée, parce que les gens n'agissaient que rarement ainsi à mon égard.

— Sinon, je ne t'ai pas demandé, tu es en quelle année ? m'interrogea-t-elle pour lancer la conversation.

Quand son regard se posa sur moi, je détournai immédiatement le mien et ne sus même plus quoi regarder.

— Euh... Je suis en première, répliquai-je.

— Je suis en terminale, rétorqua-t-elle aussitôt, sans même que je lui pose la question. Je crois t'avoir déjà vu. Tu ne fais pas partie de l'équipe de cheerleaders ?

— En effet.

J'avais du mal à entretenir la conversation. J'avais envie de lui parler, d'échanger bien plus qu'une citrouille, mais je ne savais pas quoi dire et je devais sembler si froide contre mon gré. Néanmoins, elle continuait de me sourire et j'essayais d'en faire de même. Enfin, mon sourire devait paraître si faux et forcé que je devais avoir la tête du Joker.

— Je voulais rentrer dans l'équipe de cheerleader à une époque, mais j'ai raté le rendez-vous à cause de mon réveil, me confia-t-elle. Et puis après, j'ai eu la flemme en voyant les entraînements. Ça doit être épuisant.

— Totalement, ajoutai-je à son propos.

J'aurais pu lui décrire de long en large à quel point j'étais épuisée après chaque séance et qu'en plus, je devais parfois rentrer chez moi à pieds, ou encore faire mes devoirs le soir. Mais je m'étais contenté d'un simple mot. Au moins, ça évitait de balbutier et de paraître bien plus idiote que je ne l'étais déjà.

Pendant un instant, elle s'éloigna de moi et se leva pour rejoindre une fille au loin. Immédiatement, je reconnus la longue chevelure rose de Diana Kane. Elle faisait partie du genre de personnes qui n'avaient pas pris la peine de se déguiser, néanmoins, elle avait toujours ses yeux recouverts de crayon noir. La plupart auraient détesté ce maquillage bien trop marqué. Au contraire, je l'aimais beaucoup. Parfois, elle arrivait même à l'estomper pour mettre son regard en valeur. Elle avait bien plus d'audace que je n'aurais jamais...

De loin, j'observais Cassandre et Diana discuter comme si de rien n'était. Elles échangeaient de nombreux sourires et rires. Il était évident qu'elles se connaissent et ceci était assez étonnant. Rapidement, elles mirent fin à leur conversation et Cassandre revint silencieusement auprès de moi.

Il fallait que je lui dise quelque chose, que j'entretienne un semblant de discussion. J'avais envie de prendre le dessus de mes insécurités, de tenter quelque chose. Mais avant tout, il me fallait un sujet de conversation. Je n'allais tout de même pas parler de la pluie et du beau temps. Mon regard revint naturellement vers les citrouilles. Évidemment.

— Hum... Pourquoi tu t'occupes de cet atelier ? m'enquis-je maladroitement.

— Ma grand-mère avait des citrouilles en trop dans son potager et elle me les a donnés pour fêter Halloween. Je me suis dit que ça serait plus amusant de les décorer entre amis... Et puis, ça permet de faire connaissance.

Elle m'adressa un sincère sourire et encore une fois, mes yeux se dirigèrent naturellement vers son maquillage. Maintenant que tout ce faux sang était sous mes yeux, c'était un autre sujet de conversation qui pouvait totalement se prêter à l'occasion. En même temps, ses talents artistiques me fascinaient.

— C'est vrai... Au fait, ton maquillage est splendide, lui fis-je remarquer.

— Merci. Si tu savais le nombre de vêtements que j'ai taché en faisant des essais, j'ai fait hurler ma mère à plusieurs reprises... Enfin, quand je dis hurler, c'est pas vraiment hurler. Parce qu'au final, je paie mes fringues et je les lave...

Elle s'égarait dans ses paroles et je ne cessais d'observer ce maquillage qui recouvrait la moitié de son visage. Puis l'autre moitié était maquillée basiquement, néanmoins ses sourcils étaient si bien dessinés et son trait d'eye-liner était si bien défini.

— Je crois que c'est un des meilleurs maquillages que j'ai vus ce soir, déclarai-je avec un peu d'hésitation.

Elle haussa les sourcils un instant, surprise, et elle me remercia poliment. Puis, elle commença alors à dessiner sur sa citrouille à l'aide d'un couteau. En s'aidant d'une photo sur son portable, elle reproduisit ce meme qui représentait un troll. Ses talents m'impressionnaient de plus en plus et j'aurais presque pu passer toute la soirée avec elle à admirer son travail. Parce que, de mon côté, je m'étais contenté d'un simple smiley. Elle tenta de me rassurer en me disant qu'il était mignon, mais j'en doutais fortement.

D'habitude, j'avais rarement envie de me rapprocher des autres, mais avec elle, c'était différent. J'avais vraiment envie d'apprendre à la connaître et qu'on se revoit de temps à autre, même si je n'avais rien à dire. Malheureusement, mes pensées s'interrompirent lorsqu'elle m'annonça qu'elle devait partir précipitamment.

— J'ai pas fait attention à l'heure, il est pratiquement minuit. Ma mère va me tuer si je dépasse le couvre-feu ! s'exclama-t-elle en vitesse.

Avant même que je puisse ajouter quelque chose, elle était déjà partie à mon plus grand malheur. Alors j'entrepris de retrouver Rachel. Sauf qu'elle était encore avec Damon et le bruit était désormais totalement insupportable. J'envoyai un bref message à mon amie pour lui annoncer le départ et quittai la fête, voulant retrouver mon lit le plus rapidement possible.

Juste un instantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant