Chapitre 25

3K 247 34
                                    

Il avait toujours été là, il nous regardait avec discrétion, comme une bête sauvage cachée dans l'ombre, n'immergeant de l'arrière fond que pour éloigner les poissons du bord de l'eau, les distancer de sa réalité sordide.

* * *

Et comme toujours, ce fut la guerre des mots jusqu'au retour, où un Estéban et une Edmonton ne pouvait reposer en paix dans la mort sans se faire la guerre dans le vivant.

Je regardais toujours la lettre et mes yeux ne purent s'y détacher. J'étais comme hypnotisée par les mots que je ne cessais de relire comme pour m'assurer qu'ils étaient réels, que mon subconscient ne me faisait pas à nouveau jouer dans un film d'horreur.

- Il n'y avait aucune voiture ici, dit Nolan en regardant son allée déserte et intacte. Celui qui a déposé ça est venu à pieds.

Je relevais alors lentement mes yeux, comprenant finalement ce qu'il insinuait. Cela voulait dire que le pécheur de cette tragédie était toujours dans les parages et qu'on avait une chance de le rattraper. Je regardais Nolan et il comprit également où je voulais en venir.

- Nolan, courons, il ne doit pas être bien loin. Il n'avait pas de voiture, il faut le retrouver, criais-je, jetant la boite pour me mettre à escalader le pas.

Une rage profonde s'était emparée de moi, je n'avais plus peur de rien. Un an à être dans une confusion totale pour qu'il décide finalement de se pointer. Je ne pouvais pas laisser filer cette occasion. Je vis bientôt le flash du téléphone de Nolan s'allumer, laissant apparaitre de la lumière dans la noirceur de la nuit. Je n'y avais pas pensé, avançant à tue-tête, je voulais trouver ce facteur troublant coûte que coûte.

- J'ai la lumière, Célia. Reste derrière moi, m'ordonna Nolan.

Évidemment, je ne l'écoutais pas, pénétrant la forêt, seul endroit où il aurait pu s'échapper puisque les deux autres allées étaient trop visibles et évidentes pour se cacher. Nolan semblait également affecter par l'adrénaline, sa main éclairée par la téléphone bougeant dans tous les sens, tentant de détecter le moindre signe de vie. Et c'est alors que je l'entendis. Un craquement de branche suivit de pas stressés courant vers la droite. Nous ne nous fîmes pas prier, courant vers la direction du bruit.

- Arrête-toi, fils de pute ! gueula Nolan, me devançant, courant aussi vite que ses longues jambes ne le permettaient.

Il était si déterminé que je sus que le suspect ne pourrait aller bien loin, il était coincé par un tigre qui avait sorti ses crocs et que plus rien ne pouvait arrêter. Je courus également à en perdre haleine, rattrapant mon nouvel acolyte avec qui il n'y avait plus qu'un seul objectif : attraper ce connard. J'aperçus alors l'ombre qui courrait, habillé tout de noir, une capuche lui cachant également le visage et les cheveux.

- Arrête-toi ! gueulais-je en même temps que Nolan, comprenant que nous ne tarderons pas à l'avoir.

L'homme en question semblait à bout de souffle, il poussait violemment les branches, l'une d'entre elles lui écorchant le bras, déchirant avec un grand bruit la manche droite de sa veste. Pour ma part, les branches qui me fouettaient le visage n'avaient plus aucune importance, tout ce qui comptait était ma cible, celle que je ne pouvais perdre du regard.

Un coup de feu retentit alors, me faisant sursauter et arrêter ma trajectoire. J'aperçus Nolan en faire de même et en voyant l'objet noir dans la main maintenant lointaine de l'homme, je sus qu'il était armé d'un pistolet. Nolan me regarda et je croisais son regard, haletante. Pas plus de trois secondes passèrent avant que je me remis à courir vers l'homme, décidée que rien ne m'arrêterait. Mais mon meilleur ennemi en avait décidé autrement car il s'empara avec force de mon bras, m'arrêtant sans ménagement, réduisant mes chances de mettre un terme à cette tragédie continuelle.

Cicatrisés par l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant