|Chapitre 1|

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Je rêve de poésie, de belles phrases et de doux moments, tous aussi charmants les uns que les autres. Je rêve d'un monde parfait où plus personne n'aurait peur de s'assumer, où chacun pourrait devenir celui qu'il a décidé d'être. Mais un bruit sourd me réveille. Alors les mots et les images s'envolent, m'abandonnant à la réalité de la vie. Une vie qui est loin d'être juste. Une vie où tout n'est que combat et où se battre est le seul maître mot.

Je me lève, maudissant une fois de plus ce bruyant appareil me rappelant l'importance de cette journée. Je prends ma douche et me prépare, prêtant attention à chaque détail. La première impression est la plus importante, celle que chacun retiendra. C'est l'image qui marquera les esprits et pour cette raison je veux que tout soit parfait. Je veux démarrer du bon pied.

Ralentie par le poids de ma valise, je descends lentement les marches de notre escalier. Sarah, ma sœur de quinze ans, dort non loin de là et je ne souhaite pas la réveiller. Je me rends au salon où mon père m'attend déjà.

— Tu es prête ma puce ? me demande-t-il en français, sa langue natale.

Il pose une main tremblante sur mon épaule et quand je pose mes yeux sur les siens, je comprends qu'il est tout aussi stressé que moi. J'essaye de paraître un peu plus sûre de moi afin de le rassurer. Je ne voudrais pas l'inquiéter inutilement dès le premier jour.

Autant qu'on puisse l'être !

Alors on est partis.

Pourtant je ne suis pas vraiment prête, non. Mais peut-on véritablement l'être lorsqu'on s'apprête à tout quitter ?

— Tu es sûr que ça ne te dérange pas de m'emmener ? lui demandé-je en passant soudainement à l'anglais. Je peux prendre ma voiture.

— Bien sûr que non, Maddie, m'assure-t-il. Maintenant dépêche-toi ou on va prendre du retard. On aurait vraiment dû partir hier.

Ç'aurait sans doute été bien plus simple oui, mais je voulais passer le plus de temps possible à la maison.

Je m'empresse de prendre mon petit-déjeuner et remonte en vitesse à l'étage pour dire au revoir à ma sœur qui dort encore. J'entrouvre doucement la porte et me faufile sans un bruit dans sa chambre. Je m'approche, me penche au-dessus de son oreille et murmure :

— Dors bien mon petit chou, prends soin de toi. Je t'aime.

Tout ira bien pour elle ici. Je l'embrasse sur le front et quitte la pièce pour trouver ma mère adoptive, avant de rejoindre mon père dans la voiture. Je tombe nez à nez avec elle en arrivant au niveau de la cuisine ouverte.

— Tu comptais partir sans me dire au revoir ? me demande-t-elle, l'air faussement penaud.

— Bien sûr que non !

Elle m'ouvre grands ses bras dans lesquels je me faufile sans hésiter.

— Je t'aime, murmure-t-elle en français à mon oreille.

— Je t'aime aussi.

Je hume lentement son odeur. Elle va tant me manquer.

Mon père dit que lorsque nous nous sommes rencontrées, ça a été un vrai coup de foudre entre Jane et moi. C'est un pur français de souche, venu s'installer aux États-Unis pour réaliser son rêve américain ; il avait vingt-deux ans. Il y a rencontré Kate, ma mère naturelle, et n'a plus vécu que pour elle. Deux ans plus tard, je suis née en chamboulant tous leurs projets au passage. Ma mère est décédée suite à des complications durant l'accouchement. Quant à mon père, il a refusé de rentrer en France, décrétant que ce pays avait plus d'opportunités à nous offrir, à lui comme à moi. Il a toujours fait en sorte que je ne manque de rien.

Perfect - Auto-éditéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant