Chapitre 7 partie 3

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Nous arrivâmes, moi et mon frère, lentement à la taverne. Les planches de bois craquaient sous nos pieds, et l'ambiance était redevenue chaleureuse : la barde Maryden chantait, et les habitués l'accompagnaient, leurs chopes remplies de bière bien plus volontairement levées que bues. Iron Bull et sa troupe en faisaient partie et semblaient cruellement s'amuser. Je préférais cette ambiance festive à celle qui régnait dans la salle du trône, ou de commandement ; et j'attendis donc quelque minutes, à observer ce joyeux foutoir, puis montai les escaliers, jusqu'au dernier étage, ou se reposaient Fenris et Hawke. Les chants d'ivrognes s'étiolaient au fur et à mesure que je grimpais les marches, jusqu'à en être presque totalement étouffé. Tout devint bien plus triste : Hawke s'était agenouillé près de son amant, souffrant ; et lui passait parfois un tissu trempé d'eau froide sur le front. L'état du malheureux elfe s'était encore dégradé. Il s'était remis à murmurer des choses incompréhensibles, et était parfois pris de crises. Compatissante, je décidai de m'agenouiller aux côtés du Champion ; alors qu'Assan en faisait de même.

-Il n'arrête pas de répéter des choses incompréhensibles en rapport avec notre escale dans les Tréfonds. Murmura Hawke.

Il posa une main sur son front.

-Bon sang, pourquoi j'ai décidé d'y aller..?

-Vous ne pouviez pas savoir. Dis-je doucement.

-Si, justement. Riposta Hawke. J'aurai bien dû le savoir.

Je baissai la tête vers Fenris, doucement, silencieusement.

-...Vous n'étiez pas à Weisshaupt ? Demanda mon frère.

-Si. Je me suis occupé d'y amener les Gardes restants. Seulement, au bout d'un moment, il a été décidé que je pourrais m'en aller, en ayant pour seule condition d'envoyer un message à Weisshaupt pour leur annoncer que j'étais rentré en bonne et due forme, ce que j'ai fait.

-Donc, vous êtes retourné à Kirkwall, et...

-Et plus tard, on m'a annoncé que l'Immatériel avait une étrange influence dans les Tréfonds, à un certain endroit.

-...

Ça n'était pas impossible : j'ai refermé des failles sous des lacs, dans des grottes et un peu n'importe où. Ce n'est donc pas incongru qu'il y ait de la magie en action sous terre.

-Donc, vous y avez lancé une expédition pour en avoir le cœur net. Termina Assan.

Hawke hocha la tête, et le silence revint, durant plusieurs minutes. Puis, lassés de ce visiteur muet, il fut sommé de disparaître.

-Inquisitrice...Commença le Champion.

-Oui..?

-Je suis au courant, pour toute ces sales histoires, par rapport à Solas. Ça vous a apporté votre lot de soucis, votre lot de "démons" : l'alcool, les insomnies, les folies passagères...

-...

Il tourna la tête vers moi, et son regard me parut si profond que je ne pus m'en libérer de quelque façon que ce soit.

-Maintenant qu'il est de nouveau à vos côtés, profitez-en. Pardonnez-vous l'un, l'autre. Dites tout ce que vous n'avez pas osé vous dire. Nous sommes dans un monde ou la guerre est toujours omniprésente ; et ou peu de gens ont le luxe de vivre longtemps. C'est bête à dire, je le sais...Mais ce que vous pouvez dire maintenant, vous ne le pourrez peut-être plus dans un, deux, trois ans.

Je fis un signe affirmatif de la tête. Tout le monde semblait vouloir me venir en aide, maintenant.

-Vous savez, Hawke...Dis-je. L'alcool a toujours été un démon, pour moi. Et je n'ai jamais été très saine mentalement non plus. Les mauvais souvenirs ont vite fait de ressortir.

-Alors libérez vous-en. Répondit le Champion. Vous n'avez pas à considérer qu'ils font partie de vous, si vous en avez honte.

-...

-...Je ne sais pas trop. Finis-je par dire.

Moi et mon frère nous levâmes, et partîmes, plus silencieux que la nuit. L'ambiance si festive de la taverne nous revint, et l'amertume et la tristesse redevinrent joie en un laps de temps très court.

-Bon, maintenant, t'as compris ? Dit mon frère en me donnant une bonne tape dans le dos. Maintenant, tu vas voir Solas, tu lui dis que tu l'aimes et tu lui fais un gosse !

-Arrête de dire des conneries...Répondis-je entre deux rires.

-De quoi vous parlez..? Dit une voix derrière-nous.

Je fis volte-face : Iron Bull se tenait là, mains croisées sur son poitrail, et tête haute. Comme si sa taille ne m'intimidait déjà pas..!

-Si vous parlez de ma performance de la nuit dernière, ça me dérange pas..! Lança le Tal-Vashoff.

Assan rit nerveusement.

-C'est ça, de pas faire gaffe ! Ricanais-je en fixant mon frère.

Nous continuâmes de rire pendant quelques petites minutes, puis Iron Bull reprit la parole.

-Vous venez boire une pinte avec nous ?

-C'est bien gentil, mais je vais devoir décliner. Dès que je commence à boire, je ne m'arrête plus ! Dis-je en souriant. D'ailleurs, je dois préparer le voyage jusqu'aux Tréfonds.

-Oh, donc on y va ? S'étonna le qunari. J'aurai jamais cru que vous accepteriez..!

-Moi non plus..! Répondis-je. Et tout le monde vient !

-Dans ces cas là, je ramène le whisky ! C'est bien mignon, l'ambiance de mort qui règne sous terre, mais personnellement dans ce genre de situations, je préfère largement m'enivrer jusqu'à la lie avec tout le monde, devant un bon feu de camp. S'exclama t-il.

-Quand le whisky ne résout pas les problèmes, c'est qu'il faut plus de whisky, hein ? Lançais-je.

Nous pûmes rire une dernière fois, puis ce fût le moment de se séparer : je m'occupai de prévenir tout le monde, bien qu'en ne cessant de répéter qu'il ne fallait pas que ça s'ébruite. Certains, comme Blackwall ou Solas, parurent hésitants, et demandèrent à ce que l'on soit prudents, quand d'autres comme Iron Bull, Sera et Assan, étaient chauds comme la braise, et semblaient déjà prêts. Cole ne semblait pas avoir grand-chose à en dire, et Varric, compte tenu de ce qui était arrivé à son ami Hawke, était légèrement refroidi par cette nouvelle. Cassandra, fidèle à sa réputation, grogna. Elle était même plutôt contre cette idée d'aventure illégale dans les Tréfonds, mais au vu de la détermination de chacun à préparer le voyage, elle céda.

Nous demandâmes à Maître Dennet de nous sortir des chevaux : il fut étonné du nombre de palefrois qu'il devait nous amener, surtout du fait qu'il devait emmener les bêtes tard le soir ; mais en bon palefrenier, il garda le silence. Pour ce qui est des provisions, chacun y mit du sien, et nous pûmes en amasser un nombre considérable, assez pour tenir pendant bien plusieurs mois. De même pour les fournitures telles que les tentes, ou les lits. Et, rapidement, bien trop rapidement, le jour fatidique arriva...

Dans un autre monde... [Solavellan]Where stories live. Discover now