Chapitre 5 partie 3

83 4 2
                                    

La journée passa lentement : Fenris avait été soigné convenablement et, faute d'autre endroit, installé dans la taverne, avec Hawke. Pour ma part, j'étais retournée à mon entraînement. Mon bras "parasite" se trouvait être plutôt utile, même si je ne pouvais pas prendre d'objets avec : il semblait générer une quantité de magie hallucinante, me permettant de lancer des attaques destructrices. D'ailleurs, tout comme Fenris grâce à ses tatouages de lyrium, mon bras était doté d'une force indépendante du reste. Je pouvais bloquer et frapper avec, car il ne semblait être vraiment dangereux que contre lui-même : ma main restait, encore et toujours, défaillante ; et les cicatrices se multipliaient sur mon avant-bras, bien que de moins en moins fréquentes. Honnêtement, je soupçonnais que l'on découvrirait de bien nombreux usages à cette "prothèse" de l'Immatériel.

Dans la soirée, tout le monde se réunit pour dîner. Quelque chose de...moins mondain que d'habitude : juste moi, et une grande partie de mes anciens compagnons. Il est vrai qu'à certains moment, cela me semblait un peu vide, car Dorian (ainsi que Vivienne) manquait à l'appel. Nous étions en très bons termes, c'est plutôt dommage. Je me demande ce qu'il se passe, concrètement, à Tévinter ?

-Et du coup, vot' truc, là...Inquisitrice. Commença Sera, me coupant, par la même occasion, dans mes pensées. Ça marche comment ?

-Mon bras ? Répondis-je. Juste comme une arme...ou un bouclier. En fait, je ne sais pas vraiment, il résiste à tout, le feu, le froid, les armes...je sens les coups, évidemment, mais c'est comme si...ils étaient juste amoindris, que je ne sentais pas la douleur. La seule chose qui lui fait du mal, ce sont ses propres failles.

-Heureusement que celui qu'a créé ce bidule s'est pas trompé dans les proportions. Ricana l'elfe. Vous imaginez, un bras plus long que l'autre ?

Elle pouffa de rire.

-Nan, 'fin je veux dire...ça aurait été pratique pour, ch'ais pas...chopper un truc sur une étagère..."Justifia" t-elle. Mais ça aurait été drôle.

Je lâchais un léger rire. Iron Bull semblait d'accord, puisqu'il donna un grand coup sur la table avant d'exploser de rire, puis commença un débat acharné avec Sera sur...je-ne-sais quoi, leur langage étant tellement...coloré que je ne pus comprendre que quelques obscénités. Blackwall et Varric rirent de bon cœur, mais tous deux revinrent bientôt à leurs assiettes. Cassandra, elle, semblait s'exaspérer de la situation, soupirant à tout-va ; là ou Solas restait calme, presque amorphe, un sourire serein aux lèvres, et regardait le Tal-Vashoff, ainsi que la jeune voleuse elfe ardemment discuter. Les conseillers se contentaient de parler entre eux, probablement des différentes affaires de la journée. Comme au bon vieux temps...

Une fois que le repas fut fini, chacun vaqua à ses occupations : certains, les paupières lourdes de sommeil, allèrent dormir dès qu'ils eurent quitté la table, d'autres errèrent dans les couloirs et discutèrent entre eux...et Solas, comme prévu, me prit à part.

Nous nous rendîmes dans ma chambre, là où l'air frais ne pouvait que me revigorer. Le clair de lune bleuté tapait à mes fenêtres, et passait outre les décorations en acier de celles-ci, offrant un éclairage fantastique à la pièce. Depuis le balcon, l'on voyait les montagnes bardées de neige plaquées sur un ciel étoilé. Elles semblaient s'étirer vers la voûte céleste, vouloir atteindre le gigantesque astre lumineux planant dans la nuit, mais faute de pouvoir, s'affaissaient sur leurs bases rocheuses, qui devaient supporter tout ce lourd poids.

-Que vouliez-vous me demander ? Interrogeais-je en me tirant de force de mes pensées.

-J'ai...quelques questions à vous poser. Répondit l'elfe en plaquant ses mains contre la pierre froide du balcon.

-J'ai bien remarqué. Ricanais-je.

Solas esquissa un sourire.

-C'est à propos de-...

Il se stoppa quelques instants.

-Votre main...comment vous sentez-vous ? Reprit-il.

-Vous comptiez me demander autre chose...Remarquais-je.

-Quoi ? S'enquit l'elfe, les yeux grands ouverts.

-Vous avez buté. Justifiais-je, en croisant calmement les bras. Ça vous est déjà arrivé.

-Qui vous dit que je n'ai pas plusieurs questions ? Protesta t-il.

-Et dans tous les cas, qui me dit que vous me les poserez toutes ? Répondis-je avec un sourire en coin.

Solas soupira, prouvant, par la même occasion, que j'avais raison.

-...Ce que je voulais vous demander est plus futile et indiscret qu'autre chose.

-Certes. Répondis-je, un sourire benêt aux lèvres. Cela m'intéresse tout de même.

-...

Le jeune homme fixa le paysage quelques secondes, comme hésitant ; puis répondit.

-C'est à propos de votr-..

Il fut coupé par un bruit sourd : la porte de ma chambre claqua un grand coup ; puis une silhouette s'y glissât bien plus silencieusement qu'elle n'avait pu entrer.

Dans un autre monde... [Solavellan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant