Chapitre 50

Depuis le début
                                    

- Où sont Mind... Je veux dire, Sarah et Logan ?

- Sarah est à la maison avec ta mère et Logan est dans une base en Alabama. Tout va bien Waren ?

Je fixai quelques secondes l'homme en face de moi qui ne devait être que le fruit de mes souvenirs. Cette idée me brisait le cœur. Ce n'était pas mon père. Mon père n'avait jamais été un rebelle, il s'était laissé guider par Novus. Non pas qu'il adhérait aux idées de la fondation. Mes parents nous ont envoyé Mindy et moi à Wade pour nous protéger, et nous ne les avions pas revus depuis. J'espérais que Novus les gardait en sécurité sur un autre continent, avec le reste des populations.

Je forçai un sourire tout en regardant cette fausse image de mon père qui n'en était pas moins réconfortante.

- Il est temps que tu y ailles Waren si je veux être de retour à la maison pour le dîner, j'ai de la route à faire. Tu es sûr que tu ne veux pas que je t'aide à t'installer.

Je pris quelques secondes pour comprendre ce qu'il voulait dire, puis je finis par forcer un sourire.

- Non, c'est bon. Je me débrouillerai.

- Très bien mon grand ! Tu nous appelleras ce soir, tu connais ta mère, elle va s'inquiéter sinon.

Il m'attira vers lui afin de m'étreindre. Je serrai alors mon père dans mes bras. Si ce devait être des adieux, pour moi c'était des retrouvailles. Même en sachant que je ne tenais pas vraiment mon père dans mes bras, pour moi c'était tout comme. Je sentis rapidement les larmes me venir. Qui avait la chance de retrouver ses proches après tant de temps séparés ?

- Sois sage. L'université c'est fabuleux pour tenter de nouvelles expériences, mais tu es aussi ici pour étudier. Enfin je ne suis pas inquiet à ce sujet, tu as toujours été plus bosseur que Logan.

Il mit fin à notre étreinte et je dus garder les yeux fermés quelques secondes de plus pour ne laisser échapper aucune larme.

- Essaie tout de même de te faire des amis. Ne passe pas tout ton temps derrière un écran.

Je hochai la tête avec un léger sourire. Je savais que ce n'était qu'une mise en scène, que je n'étais qu'un acteur involontaire. Mais je voulais que ce soit réel, j'étais prêt à jouer le jeu.

- Je vous appelle ce soir, conclus-je.

Il m'adressa un dernier sourire accompagné d'une bonne tape sur l'épaule, puis il retourna derrière son volant, me laissant sur le trottoir devant l'université avec mon carton, mon immense valise et mon sac. Il me fit un petit signe de la main avant de démarrer. J'attendis que la voiture ait disparu pour me questionner sur la suite des évènements. Ce n'était qu'une simulation. Chaque personne, chaque endroit, chaque objet, chaque détail était faux, c'était une expérience et je n'étais que le cobaye.

Au bout de quelques minutes à scruter la foule d'adolescents parfois accompagnés d'un de leurs parents, je repérai une première limite de la simulation. Une jeune fille blonde trainant derrière une grosse valise violette traversait le même passage piéton dans le même sens, devant les mêmes voitures, à chaque feu rouge. Tous les éléments qui ne me concernaient pas directement se jouaient simplement en boucle à l'infini. C'était comme si on m'avait placé dans la map d'un jeu vidéo. J'étais libre de mes actions, mais tout ce qui m'entourait n'était qu'un décor, à l'exception des éléments avec lesquels je pouvais interagir.

Je finis par charger mon sac sur mon dos, puis je prise mon carton sous le bras et partis en direction du bâtiment principal en trainant ma valise derrière moi. Je n'avais jamais pu faire ma rentrée à l'université, aussi je me laissais guider par la stimulation. Je n'avais plus de cicatrices, je n'avais plus mal, mais j'étais trop fatigué mentalement pour tenter de lutter contre ce système. Une fois à l'accueil, je pus récupérer tous les documents relatifs à mes cours, mon inscription et ma chambre d'étudiant. Novus s'était assuré de placer des étudiants un peu partout sur le campus, mais je n'eus aucun besoin de faire la queue au guichet, je ne me faisais pousser de l'épaule ou balloter de tous les côtés dans la foule. Une nouvelle limite de la stimulation.

Le 3eme PrénomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant