Chapitre 49

Depuis le début
                                    

Charly

Mon cerveau me semblait pris dans un étau. La douleur était telle que j'osais à peine ouvrir les yeux. Chaque muscle de mon corps paraissait engourdi, comme si j'avais des poids aux chevilles. Chaque parcelle de ma peau, chaque cellule de mon corps, me détruisait, comme si on enfonçait des milliards d'aiguilles dans ma peau. Un hurlement sourd ne rendait l'expérience que plus insupportable. Peu à peu, la douleur s'estompa. Puis l'engourdissement passé, les bruits extérieurs s'intensifièrent et je sortis totalement de ma torpeur. Je me trouvais allongé sur ce qui ressemblait à un fauteuil de dentiste. Une dizaine de personnes penchées sur moi s'activaient avec des pinces, des aiguilles, des câbles. Il me fallut quelques secondes de plus pour réaliser que j'étais le sujet de leur expérience. Je sursautai, les prévenant ainsi que j'étais réveillé.

- Il est déjà réveillé. Est-ce qu'on le rendort ?

- On a presque fini, ce n'est pas la peine.

Je voulus ouvrir la bouche pour me plaindre, mais j'étais incapable de bouger ma mâchoire. Les calmants que l'on m'avait donné n'y étaient pour rien, un morceau de plastique sous mon menton m'en empêchait. Je tentais de me lever, mais encore une fois, c'était impossible. Des sangles maintenaient chaque partie de mon corps collée à la table. Un homme chauve, portant un masque de chirurgie, une blouse et de petites lunettes se plaça non loin de mon visage.

- Waren, je suis désolé mais ça va piquer un peu.

De ses mains gantées, il approcha une longue aiguille de mon torse. Je redoublai d'effort pour remuer, me libérer, ne serait-ce que hurler, en vain. Les autres médecins reprirent également leur travail, ignorant mes hurlements étouffés. La douleur se réinstalla. Je savais qu'ils retouchaient mes cicatrices, celles qu'ils m'avaient eux-mêmes faits. C'était comme appuyer sur une plaie que l'on venait de se faire. L'engourdissement disparaissait au fur et à mesure que la douleur s'intensifiait. J'avais beau tenter de hurler, de me débattre, j'étais à leur merci, incapable de bouger et incapable de voir ce qu'ils pouvaient me faire. Les seuls éléments dans mon champ de visions était le crâne chauve du chirurgien devant une lumière aveuglante. Au bout de quelques minutes de torture, ils se reculèrent tous. Le bruit d'un coulissement précéda le claquement de talons contre le carrelage, et alors que mes mains tremblaient encore, Nora Jemlins apparut. Cette salope... Lorsqu'elle était venue à ma rencontre à mon réveil, elle m'avait très simplement et clairement expliqué que j'étais maintenant leur cobaye. Je retrouvais son expression froide, figée, comme si elle me haïssait plus que tout sur cette Terre. Et sans me jeter des fleurs, c'était peut-être bien le cas. Si elle ne savait ne serait-ce qu'un quart de toutes les conneries que j'avais fait avec Kian, elle avait de quoi me détester.

- Bonjour Waren.

On retira le morceau de plastique m'empêchant de parler puis deux jeunes femmes commencèrent à pousser le brancard sur lequel je me trouvais. Nora nous suivait de près. Il me fallut quelques secondes pour retrouver l'usage complet de mâchoire, puis je tentais de dissimuler ma peur.

- Qu'est-ce que vous me faites ?

- Je te l'ai dit Waren, j'ai de grands projets pour toi.

- Comment vont les autres ? Kian ? Hack ? Silver ?

- Hélène, Théo et Monty, me reprit-elle sans cacher son agacement.

Ses talons claquants sur le sol allaient me hanter pendant des mois.

- Comment vont-ils ? insistai-je.

- Bien. Nous leur accordons le confort qu'ils méritent.

- Le confort qu'ils méritent ?

J'y croyais à peine, mais je ne comptais pas me battre à ce sujet avec elle. J'étais en position de faiblesse. Nora n'avait aucune raison de les traiter mal, et les savoir en sécurité me suffisait.

- Qu'est-ce que vous me faites ? répétai-je.

Ses lèvres s'étendirent en un sourire démoniaque.

- Nous lançons une toute nouvelle étude. Et tu en es la star.

- J'ai toujours adoré être le centre de l'attention.

Elle grinça de la mâchoire. Si quelques remarques pouvaient la faire serrer les poings, je ne comptais pas me priver.

- En quoi consiste cette étude ?

- Le projet mélas lúkos a pour ligne directrice la simulation.

- La simulation ?

- A partir de nos données et de tes souvenirs, nous allons pouvoir te confronter à différentes situations et étudier tes réactions.

- Et en quoi ma façon de réagir vous est-elle utile ? Novus n'a pas pour unique but de détruire la Terre ?

Un nouveau sourire suffisant apparut sur son visage.

- Nous sauvons la planète, Waren. Mais la recherche fait également partie de nos préoccupations. Le projet mélas lúkos va nous permettre d'approfondir nos connaissances du cerveau humain. Si nous pouvons te faire halluciner, te faire voir ce que nous voulons que tu vois, contrôler le cerveau à ce point, imagine tout ce que nous pourrions faire à plus grande échelle !

- Et le libre arbitre ? Ça vous parle ?

Le brancard s'arrêta dans une nouvelle pièce. Le chirurgien chauve réapparut, une énorme seringue à la main. D'autres médecins s'activaient à nouveau autour de moi, cette fois ils n'avaient plus dans les mains des pinces et des aiguilles mais des câbles qu'ils semblaient relier à mon corps. Puis le brancard se mit lentement à basculer en avant, jusqu'à ce que je sois totalement debout, mais toujours maintenu immobile. Ils quittèrent tous la salle, à l'exception de Nora Jemlins et du chirurgien chauve qui tenait une gigantesque seringue remplie d'un liquide noir entre ses mains gantées. Alors qu'il me l'injectait, malgré mes tentatives de résistance, Nora sourit de plus belle.

- Dieu a laissé l'homme libre de ses choix.

Je sentais la substance se répandre dans mon organisme en à peine quelques secondes. J'avais l'impression que la pièce se refermait sur moi, que je perdais mes membres et que Nora se dédoublait. Si je n'avais pas été fermement plaqué à mon brancard, je me serais écroulé sur le sol.

- Mais nous sommes plus puissants que Dieu.

Sur ce, elle se retourna, suivie par le médecin chauve, et ils sortirent de la pièce. Ce ne fut qu'en les regardant s'éloigner que je remarquai que les murs et la pièce étaient couverts de miroir. Je pus en fin voir ce qu'ils m'avaient fait. Ils n'avaient pas rouvert mes cicatrices, mais ils avaient branché d'épais câbles à leurs extrémités. Je ne portais qu'un caleçon, aussi je pus remarquer sans difficulté l'inscription « κυνάνθρωπος κυανός » tatouée au-dessus de mon cœur. Cette vision me donnait envie de vomir. C'était comme si mon corps ne m'appartenait plus. Ils l'avaient lacéré, tranché, découpé, brûlé, modifié, comme si l'être humain qui l'utilisait ne comptait plus. Les sangles m'immobilisant se détachèrent d'elle-même et le brancard s'enfonça dans le sol jusqu'à disparaitre complètement. Je me mis à tituber. La substance noire me faisait perdre tout sens de l'équilibre et mon reflet reproduit à l'infini ne m'aidait pas à me concentrer. La pièce était gigantesque, haute de plafond. Lorsque je voulus faire quelques pas, le sol se mit à bouger. Il suivait mes mouvements afin que je reste toujours au milieu de la salle. J'étais totalement désorienté. Aussi, je ne tardais pas à tout simplement me laisser tomber au sol, et perdis connaissance.

Hey ! J'espère que vous allez bien et que ce chapitre vous a plu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez en commentaires ! Que pensez-vous de : - la situation de Kian, Charly et Silver ?

- celle de Charly ?

- la mère de Hack et Kian ?

Qu'attendez-vous pour la suite de l'histoire ?

Merci pour tous vos votes, vues et commentaires ! Je vous aime fort !

Le 3eme PrénomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant