Khayra bint Abî Hadrad

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Elle fut l'épouse d'un illustre Compagnon, connu sous le nom de Abu Darda, réputé pour son ascétisme et son détachement des plaisirs de ce monde. Ils embrassèrent l'Islam après l'arrivée du Prophète  à Médine. Abu Darda avait une idole qu'il vénérait beaucoup, alors que presque toute sa famille était devenue musulmane.

Abdallah ibn Rawâhna, Compagnon du Prophète et de ses amis, ne cessait de lui dire : « Ô Abu Darda, attendras-tu d'être le dernier à embrasser l'Islam ? » Mais Abu Darda refusait de l'entendre. Un jour qu'il vint pour lui rendre visite, il ne le trouva pas chez lui. Il se rendit dans l'endroit où se trouvait l'idole de son ami et la brisa en plusieurs morceaux en disant : « Toute adoration en dehors de Dieu est vaine ! » Puis il retourna chez lui.

Lorsque Abu Darda regagna sa demeure, il trouva son épouse en pleurs. Elle lui montra les morceaux de l'idole, ce qui mit Abu Darda dans une grande colère contre son ami. Mais, après un moment, il se calma et se mit à réfléchir : « Si cette idole était vraiment un dieu, elle se serait défendue. » Finalement, il se rendit auprès de son ami, Abdallah ibn Rawâhna, et lui demanda de le conduire devant le Prophète  où il prononça la shahada avec son épouse.

Dès lors, les deux époux furent très pieux et menèrent une vie ascétique, multipliant les actes de piété et se désintéressant des choses de ce bas monde. Abu Darda fut inséparable d'un des Compagnons du Prophète, Salmân Al-Fârisî, originaire de Perse, réputé également pour son ascétisme. Cependant, ce dernier s'inquiéta de ce que Abu Darda multipliait exagérément ses actes de piété, priant la nuit et jeûnant le jour, négligeant ses affaires et son épouse.

Alors, Salmân le lui fit remarquer, et Abu Darda rétorqua : « Voudrais-tu m'empêcher de jeûner et d'adorer mon Seigneur ? » Mais Salmân insista en lui rapportant une parole du Prophète  : « Abu Darda, ton Seigneur a des droits sur toi, ton corps a des droits sur toi et ton épouse a des droits sur toi. »

Selon une autre version des faits, ce serait Um Darda elle-même qui aurait, une nuit, retenu par deux fois son époux au moment où il allait se lever pour prier, ne le laissant se consacrer à ses actes d'adoration qu'au dernier tiers de la nuit. Au matin, après la prière, il se serait plaint à son frère en Islam, Salmân Al-Fârisî de l'attitude de son épouse, et ce dernier lui aurait alors fait la réponse que nous savons. Dieu est le plus Savant.

Lorsque Abu Darda raconta cela au Prophète  il lui confirma la réponse de Salmân : « Ô Abu Darda ! Le monachisme ne nous a jamais été prescrit ! Salmân t'a dit la vérité. » C'est ainsi que Abu Darda et son épouse, tout en continuant de mener une vie ascétique et très pieuse, suivirent la voie du juste milieu recommandée par l'Islam.

Um Darda rechercha le savoir depuis le jour de son adhésion à l'Islam. Elle fréquenta assidûment la mosquée afin de tirer profit des enseignements du Prophète  et de ses Epouses. Elle a rapporté avoir entendu l'Envoyé de Dieu dire : « Il n'y a pas de chose plus lourde à mettre sur la balance des actions qu'un bon comportement ! » Elle s'y rendait également pour les prières du matin, du coucher du soleil et de la nuit, afin d'entendre la psalmodie du Coran par le Prophète.

Un jour, elle rencontra le Prophète qui l'interrogea : « D'où viens-tu ? » Um Darda lui répondit qu'elle venait du bain. Il lui dit alors : « Ô Um Darda ! Si l'une de vous ôte ses vêtements en dehors de la demeure de ses parents ou de son époux, elle aura déchiré tous les voiles de la pudeur qui existe entre elle et Dieu ! » Um Darda mourut en Syrie, avant son époux, sous le califat de 'Uthmân ibn Affân.

Que Dieu soit satisfait de Um Darda.

Prochaine partie sur Abu Darda Incha Allah

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