- 6 -

5.5K 404 119
                                    

Contrairement à l'appréhension d'Harry, Ron et Hermione prirent la chose plutôt bien. D'une parce qu'Hermione rêvait de voir un vrai Dragon adulte en chair et en os, et de deux parce que Ron aurait ainsi de quoi faire frémir ses petits-enfants quand il leur racontera l'histoire du garçon devenu Dragon pour tenter de gagner une guerre.

— Mais bien sûr, Ron, dit Harry en souriant à son ami qui s'était mit à imaginer la scène, lui dans un fauteuil, enroulé dans des couvertures à carreaux, devant la cheminée, et à ses pieds, une ribambelle d'enfants roux, avides de connaître l'histoire. Trouve-toi déjà une copine, après on verra pour les petits-enfants.

Le rouquin sourit à la boutade puis Hermione dit :

— C'est une grande expérience ce que vous allez tenter, Harry. J'espère que cela va fonctionner, ce serait un plus important pour la magie blanche que de réussir à vaincre Voldemort. Et puis au moins, nous serons à égalité.

Harry hocha la tête puis Hermione regarda sa montre. Il était passé quinze heures et l'estomac de Ron gronda soudain.

— J'ai faim ! s'exclama le rouquin en se levant. Où est la gentille dame avec son chariot de bonbons ?

Il sortit la tête par la porte du compartiment puis recula et Harry vit le chariot tant attendu se profiler dans la porte.

En secouant la tête pour dénoter l'irrécupérabilité de Ron, Harry se leva et alla s'acheter quelques friandises histoire de tenir jusqu'au dîner qui aurait lieu dans à peu près cinq heures.

— En parlant nourriture, dit Ron en enfournant un Chocogrenouille à peine déballé. Vous allez manger quoi quand vous serez des Dragons ?
— Je n'en sais trop rien, dit Harry. De la viande sans aucun doute, mais pour contenter un corps aussi massif, il va en falloir des tonnes....
— Un petit sortilège de croissance et c'est bon, dit Hermione. Si déjà Hagrid prend les plus gros steaks possibles et qu'il les soumet un sortilège de croissance, je pense que ça suffira. Un Dragon doit, je pense, manger une tonne de viande à chaque repas, comme il pèse environ trois tonnes, ça fait son poids en viande chaque jour, ça devrait suffire.
— Si tu le dis, dit Harry. Enfin, vous viendrez avec moi, ce soir ?
— Pour assister à ta transformation ? Et comment ! s'exclama Ron. J'ai envie de rater ça pour rien au monde.

Harry sourit devant l'enthousiasme de son ami, mais, au fond de lui, un petit rat lui grignotait les intestins. C'était le rat de l'anxiété que tout le monde connaît plus ou moins bien.

Le Gryffondor se tourna alors vers la fenêtre et regarda défiler le paysage à toute allure. Le visage de Sirius Black s'imprima sur la vitre et Harry fronça les sourcils. Soudain, le gros chat de la vengeance chassa le rat de l'anxiété, et Harry pinça les lèvres. Ce qu'il avait dit à Malefoy un peu plus tôt venait de trouver grâce à ses yeux et c'est avec impatience qu'il sauta du train sur le quai de Pré-au-Lard, à dix-neuf heures tapantes, serrant sa cape autour de ses épaules.

Alors qu'Hermione et Ron se dépêchaient d'aller réserver une calèche, Harry traîna un peu, pensif, et il vit Malefoy qui marchait le long de rails, suivit par Blaise et Pansy. Il le regarda monter dans une calèche avec trois autres Serpentard puis il grimpa lui-même dans une calèche avec Ron et Hermione, calèche qui s'ébranla dès que les trois dernières places furent comblées et les portières fermées.

~

Lors du dîner, Harry était anxieux, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure, mais Hermione, en meilleure amie qui se respecte, parvint à dérider le brun et à lui faire manger quelques pommes dauphines et un peu de poulet en sauce.

— T'a la trouille ? demanda Ron alors que les élèves commençaient à se lever de table.
— Pas trop, dit Harry. Ce n'est pas que j'ai confiance en Rogue mais en Dumbledore si, donc... Et puis, qu'est-ce qui peur m'arriver de pire que ce qui m'arrive déjà ?
— Un point pour toi, dit Hermione avec un sourire.

Tous trois se levèrent ensuite de table et gagnèrent Gryffondor et leurs dortoirs où ils rangèrent leurs affaires.

~

Assis sur son lit, Harry regarda sa montre. Elle indiquait vingt heures et vingt-neuf minutes.

— Harry ! s'exclama Ron en entrant dans le dortoir. Mais ? Tu es encore là ? Aller, bouge !

Harry regarda son ami puis dit :

— Je crois que je ne vais pas y aller...
— Quoi ? s'étrangla Ron. Sûrement pas ! Tu ne vas pas te dégonfler maintenant !

Ron se jeta sur son ami, le saisit par le bras et le mit à bas du lit.

— Aller, on y va.

Harry suivit Ron en maugréant et ils retrouvèrent Hermione en bas de l'escalier. Il y avait tous les autres septièmes années, finalement mis dans la confidence, plus le reste de Gryffondor à qui il avait fallut raconter un gros mensonge pour expliquer la sortie massive des Gryffondors de septième année.

— On y va ? demanda Hermione en regardant Harry s'enrouler dans une cape, la mine sombre. Tu en fais une tête, Harry...
— Il a faillit se défiler, dit Ron. Mais on y va.

Hermione regarda à nouveau Harry puis elle hocha la tête et les septièmes années de Gryffondor quittèrent la Tour puis le château, formant comme un bouclier autour de leur leader.

Dans le hall, ils furent rejoints par les Serpentards et les Serdaigles, les Pouffsouffles étant déjà dehors, massés devant la maison de Hagrid et les quatre professeurs. Tous les septièmes années étaient là, et cela surpris un peu les professeurs, mais ils ne dirent rien.

— Enfin, dit Rogue en regardant les trois classes approcher. On commençait à s'impatienter. Que les Gryffondors soient en retard, je ne dis pas, c'est toujours ainsi, mais vous, Serpentard... Tsk, Tsk, vous me décevez. Enfin, passons. Aller, approchez-vous donc. Potter, Malefoy, Ramons et Montor, venez ici.

Les quatre garçons sortirent des rangs de leurs classes et s'approchèrent de Hagrid. Ils lui firent face et le demi-géant fit alors volte-face. Il leva au-dessus de lui une grosse lanterne garnie d'une bougie à la flamme rouge et puissante, puis il se mit en marche.

— Allons-y, dit McGonagall.

Dumbledore se mit en marche derrière le professeur de Métamorphose et Rogue ferma la marche derrière les autres élèves des quatre maisons.

Rapidement, les lumières du hall d'entrée laissèrent place au noir ténébreux de la Forêt Interdite.

Harry, dont la seule vue vers l'avant se résolvait au dos aussi large que haut de Hagrid, regarda à sa droite. Là, se tenait Malefoy. À sa droite à lui, il n'y avait rien, juste le noir et quelques buissons que le blond évitait soigneusement de toucher, comme s'ils étaient venimeux – ce qui était probablement le cas.

Harry vit bien que le Serpentard autrefois arrogant n'était pas du tout à l'aise, même en sachant Dumbledore, Rogue, McGonagall, Hagrid et une trentaine d'élèves autour de lui. Cette vision ramena Harry en première année quand, pour une punition, McGonagall les avait envoyés, lui, Ron, Hermione et Malefoy, dans la Forêt Interdite pour découvrir qui tuait les Licornes...

Harry regarda alors devant lui. Le dos en peau de taupe de Hagrid lui renvoya son regard. Le Gryffondor soupira discrètement et, d'un mouvement rapide, saisit la main du blond qui sursauta légèrement.

Le regard d'émeraude et celui d'acier se croisèrent, et Harry hocha la tête, d'un air de dire « tout va bien » puis il entrelaça ses doigts à ceux du blond, les serra un instant avant de récupérer sa main et de la plonger dans une des poches de son jean.

Malefoy serra son poing dans le vide. Il regarda le Gryffondor puis enfouit à son tour ses mains dans ses poches, le froid de la Forêt commençant à se faire particulièrement sentir.

✔️ Expérience AudacieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant