23. LUCIE

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Je laisse ma tête heurter le sol, tandis que les mains de Samuel lâchent mes poignets. Je récupère mes mains pour pleurer en silence, et sans honte. En fermant les yeux, je revois cette photographie d'Alban prise dans son appartement. Il est allongé raide mort, une seringue prêt de lui. Le message qu'a laissé Victor dessous, en guise de commentaire, me fait encore froid dans le dos. Je me souviens encore de cette question répugnante.

A qui le tour ?

Mon dieu, est-il sérieux ? Veut-il seulement me faire peur, ou est-ce lui qui l'a poussé à prendre de la drogue pour se suicider ? Je n'arrive pas à savoir. Tout s'embrouille dans ma tête, et j'étouffe depuis hier. En silence, j'agonise. Je sais que je devrais me réjouir de sa mort, de sa disparition. Sauf, que je n'y arrive pas. Je ne peux pas.

Comme pour me faire revenir à la réalité, je sens Samuel me prendre dans ses bras et me serrer fort. J'aperçois vaguement qu'il me transporte jusqu'à à ma chambre et me dépose à l'intérieur de mon lit, avant de me border comme le ferait un parent pour son enfant. Puis sans un mot pour moi, il s'éloigne jusqu'à trouver mon père sur le pas de ma porte. Je tourne la tête vers la fenêtre.

Je voudrais disparaître, ne jamais avoir vécu cette vie.

— Je repasserai plus tard, j'entends Samuel chuchoter tout bas.

— Elle aura besoin de toi. Tu sais, ce qu'elle vient de te dire, elle ne le pensait pas une seule seconde. C'est seulement que parfois, lors de ses crises, elle peut s'avérer blessante, lui explique mon père.

Le pire c'est qu'il a raison. Je voudrais m'excuser auprès de Samuel pour mon comportement déplacé et pour la gifle que j'ai osé lui mettre, mais ma langue refuse de suivre le mouvement. Je reste muette, en serrant fortement ma couette. J'aurai aimé qu'il ne parle plus jamais de plainte à déposer, mais il ne pouvait pas savoir.

—Je sais, souffle Samuel.

Il sait, mais je sens au plus profond de lui que mes paroles l'ont blessé et ont laissé en lui, un vide considérable. Je me promets de réparer mon erreur, mais avant, j'ai besoin de sommeil et de me vider la tête surtout.

— Tu étais courant ? le questionne mon père.

— Je n'en savais rien. A vrai dire, je ne sais pas quoi dire face à cette nouvelle, murmure Samuel.

Moi non plus, renchérit mon père.

Un silence s'ensuit entre les deux hommes, pendant quelques minutes, juste avant que Samuel ne déclare filer pour s'occuper de quelques affaires. J'entends mon père refermer la porte derrière lui, et descendre à son tour, en me laissant avec ma peine et ce trou béant dans la poitrine, que je ne saurais décrire.

•••

Les jours passent. Un, deux, trois. Samuel m'envoie des messages passe-partout, qu'on enverrait à quelqu'un avec qui on entretient une relation quelconque. Sauf qu'entre nous, il n'y a rien de quelconque ou encore de platonique. Je m'en veux tellement, parce que c'est ma faute s'il ne s'attarde pas sur le contenu de ses messages.

Alors que je m'habille tranquillement, décidée à faire un tour en ville aujourd'hui, mon téléphone vibre pour m'annoncer un message. Depuis que Victor a osé me contacter et m'envoyer cette photo, je tremble à l'idée de m'apercevoir qu'il s'agit une énième fois de lui. Heureusement pour moi, il s'agit juste de mon père qui me faire savoir qu'il restera déjeuner avec ma mère.

FIGHT FOR US 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant