— J'y crois pas ! C'est la quatrième guitare que tu achètes en l'espace de deux mois ! m'avait-elle crié en se jetant sur moi.

— Je ... Je ... Ce n'est pas ma faute ! avais-je tenté de m'expliquer alors qu'elle était à califourchon, me tenant fermement les poignets.

— C'est ça, c'est jamais de ta faute quand on parle de musique !

— Mais c'était une Gibson custom ...

— Tait-toi ! avait-elle dit avec une pointe d'humour.

— Custom Shop ! Gem' !

— Adam ...

— Avec un manche en érable ! Et puis des micros ...

Je n'avais pas eu le temps de terminer ma phrase qu'elle m'avait chatouillé. J'avais fini par l'attraper, et j'avais tenté de me venger, mais elle avait réussi à m'attraper les pieds et la guerre avait réellement débuté. Elle avait enchaîné coups de poing dans l'épaule, morsures, tirage de poils jusqu'à que je finisse par me lever ... avec elle sur le dos, accrochée de toute ses forces comme un paresseux à sa branche d'arbre.

Pendant que Gemma s'activait à me faire des suçons dans le cou, j'essayais tant bien que mal de me défaire d'elle.

Finalement, on s'était envoyé en l'air contre l'armoire.

— Henry ! Mes bières ! crie une femme à côté de moi, me faisant sortir de mon état penseur.

Je remarque alors la chanteuse du groupe. Elle s'impatiente en attendant ses boissons. La mienne étant terminé, je me lève et sors prendre l'air. À l'extérieur, je m'allume une cigarette, puis remonte la fermeture éclair de ma veste.

Tout à coup, je sens une main se poser sur mon épaule. En me retournant, je découvre la chanteuse charismatique qui se tient devant moi, me fixant avec ses yeux vitreux.

— Tu as aimé le concert ? me demande-t-elle en glissant une de ses mains dans ses cheveux noir corbeau.

— Ouais, malgré que vos paroles soient extrêmement déprimantes, rétorqué-je. J'aime beaucoup votre présence sur scène.

— Oh ! Elles sont sexuellement déprimantes, plutôt.

— Ça ne fait pas longtemps que vous jouez ensemble, n'est-ce pas ? demandé-je, évitant un long blanc en approche.

— Non, nous jouons ensemble depuis seulement trois mois ... Mais...nous commençons à bien gérer, dit-elle en me donnant une frappe amicale dans l'épaule. Tu l'as mentionné avant !

— J'ai dit que j'avais apprécié. Gérer, c'est un mot trop fort, mais ce n'était pas trop mal.

— Pas trop mal ! C'est tout ? On est prêt pour les stades, mec. Un jour, plus vite que tu l'imagines, on nous connaîtra dans le monde entier !

Je tire sur ma cigarette, acquiesçant poliment.

— Tu me crois pas ? continue-t-elle en me fixant.

— Si, bien sûr, vous avez un certain talent. Ça viendra sûrement.

— Tu ne me crois pas alors ? Tu te prends pour qui ? s'excite-t-elle en face de moi.

— Je connais ce milieu et ce qui est certain, c'est que vous n'êtes pas prêts.

Je m'éloigne d'elle à reculons, et continue :

— Bonne soirée, Miss Starlette.

—   Miss Starlette ? Attends-moi !

Elle revient à ma hauteur, je continue de marcher.

—   Comment ça t'es dans le milieu ? T'es producteur ?

Je fais signe que non avec la tête.

—   T'es manager ?

Encore, le même hochement de tête.

— Alors t'es responsable d'une grande salle ? Je sais pas dis-le moi.

Je ris.

— Tu ne veux rien me dire ? Ok, alors laisse-moi au moins te payer un verre.

— Je vais plutôt rentrer, il se fait tard.

— Allez ! Juste un verre ! insiste-t-elle.

J'accepte pour lui faire plaisir. De toute façon, mon verre sera vite avalé et je serai dehors dans moins de cinq minutes. Nous retournons au bar et s'asseyons au comptoir. On commande un whisky et une bière.

— Je m'appelle Heather, se présente-t-elle. Et toi ?

— Adam.

— Un beau nom pour un beau mec, lance-t-elle en me faisant un clin d'œil appuyé.

— Ah...euh, merci, balbutié-je, gêné.

J'ai envie de changer de sujet. Très vite.

— Ton groupe s'appelle comment ? demandé-je.

— Uncle Vila.

— D'accord. Pourquoi avoir choisi ce nom ?

— Parce que ça sonne bien. Tu viens souvent écouter des groupes ici ? demande-t-elle en sirotant sa bière.

— Non. Je ne sors pas habituellement.

— Et tu fais quoi alors dans tes moments de solitude ?

— Je joue...

— Ça tombe bien, moi aussi je suis joueuse, susurre-t-elle.

— De la musique, poursuis-je, mal à l'aise.

— Oh, c'est bien aussi ! Du coup, tu connais le métier parce que tu gratte trois cordes dans ta cave tout seul ? ironise-t-elle.

— Ouais, c'est ça...

Soudain, Heather pose sa main sur mon genou et se penche vers moi, si proche que je crois qu'elle veut m'embrasser. Je me recule mais elle ne se démonte pas :

— Tu sais, je te trouve vraiment sexy. Lorsque je chantais, j'ai adoré sentir ton regard sur moi.

Elle s'approche d'avantage et je me dis "merde", pourquoi pas après tout. Quand elle pose ses lèvres sur les miennes, je décide de ne pas résister. Quelque chose de malsain s'est formé entre nous, mais... je ne veux pas être seul, alors quand elle me prend par la main pour se lever, je la suis sans résistance jusque dans les toilettes.

Heather verrouille la porte derrière elle et me lance un regard brûlant de désir. Elle se jette sur moi pour m'embrasser à nouveau et on finit par laisser tomber nos vêtements.

Vingt minutes plus tard, je sors du bar aussi vite que je peux, sans me retourner. Je cours pour la fuir.

Cette fille est folle. Je ne veux plus jamais la voir.

 Je ne veux plus jamais la voir

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FêléWhere stories live. Discover now