Chapitre 1.2

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Avant la rencontre avec Blazzer, j'allume encore une cigarette devant l'entrée du prestigieux hôtel où nous avons rendez-vous. Je me sens observé par les passants, voire ausculté de la tête jusqu'aux pieds. Ce que les gens remarquent en premier, ce sont mes cheveux. J'ai une énorme tignasse bouclée brune qui me tombe toujours sur les yeux. Les journalistes me demandent souvent si je viens de sortir du lit, mais non, je suis comme ça, c'est un peu ma marque de fabrique et mes fans adorent, de toute façon. Soudain, deux filles me remarquent et viennent me demander un autographe. Elles ne sont pas hystériques, heureusement.

     — Même sous ton énorme pull par 35°, tu es repéré, me lance Pino quand les filles s'éloignent.

Maintenant, c'est au tour d'un photographe qui fait son apparition. Impossible de rester quelque part plus de deux minutes sans se faire agresser par ces foutus paparazzis.

     — Adam ! Adam ! Tu n'es plus avec Gemma ?

Pino me tire à l'intérieur du bâtiment et la sécurité empêche l'homme d'entrer.

     —  La journaliste s'appelle Jessy Hodge.

     —  Qu'est-ce que je m'en branle ?

     — Adam, tu verras, c'est une jolie petite jeune.

Je hausse les épaules et fronce les sourcils.

     — T'es obligé d'assurer, morveux, parce que tu fais la couverture de leur prochain numéro !

     —   Je m'en fiche.

J'ouvre la porte du restaurant, l'hôtel est comme tous ceux que je vois défiler depuis deux ans. Des banquettes en cuir brun, des serveurs coincés et des plats raffinés qui me donnent la nausée. Nous traversons le restaurant rapidement et rejoignons la terrasse prise d'assaut en cette après-midi caniculaire.

     — C'est la brune là-bas, me sort Pino en la pointant du doigt sans gêne.

Jessy porte une petite robe en dentelle blanche. De première abord, elle est plutôt pas mal. En approchant, je la vois s'humecter les lèvres et mettre de l'ordre dans sa tenue. Je remarque une rose tatouée sur sa main droite. Quand elle se baisse pour prendre son enregistreur, j'aperçois un autre tatouage, cette fois-ci une plume, sur sa cheville. Ils ne sont vraiment pas recherchés.

      — Salut Adam ! me lance Jessy comme si nous étions de lointains amis. Je peux te dire que je suis une très grande fan de ton groupe.

Elle a un sourire désarmant et je ne peux que bégayer :

     —  Euh... Merci.

Je prends place à la table en bois blanc.

     — Pour commencer, peux-tu te présenter ? reprend-elle d'un ton plus professionnel.

     — Je suis Adam et je fais partie du groupe "Undo".

     — Pendant des années, les labels vous ont claqué leurs portes au visage car vous n'étiez "pas assez bons", "pas prêts". Y a-t-il des moments où vous pensiez qu'ils avaient raison, où vous songiez à abandonner ?

À ce moment-là, la serveuse arrive. Jessy commande un soda, moi un whisky.

     —  Oui, oui, il y en a eu parce que c'était des adultes et nous étions des gamins. Je réponds après un instant de réflexion. Et ce sont eux qui détenaient la clé de notre rêve. Ils pouvaient nous dire "Oui" ou "Non". Il y a des moments où je me sentais mal à cause de ça car à ce moment-là, ça peut être prétentieux, mais le groupe n'était pas juste quelque chose qu'on faisait, c'était tout ce qu'on était.

FêléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant