20 ~ Criminals

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Bien que l'air que je peinais à reprendre semble être de nouveau chassé de mes poumons, j'ai le réflexe de basculer violemment ma tête en arrière. Je cogne de plein fouet le menton de mon agresseur qui pousse un grognement de douleur et tombe à la renverse, m'attirant avec lui dans sa chute, ou plutôt avec elle. Après ce coup mon crâne me brûle et ma tête se met à tourner, cependant il me semble bien discerner des grognements féminins.

Son bras est toujours contre ma gorge, mais sa poigne n'est plus la même, alors je profite de son état d'étourdissement lié à la chute pour m'écarter d'elle, ne laissant que ses ongles raper la peau de mon cou en voulant me rattraper. Je fais quelques mètres à quatre pattes, écarte mes cheveux humides de mon visage et me redresse tant bien que mal, glissant dans les flaques que je venais de faire. Je dois traverser le pont.

Je ne me retourne même pas pour voir si la fille me suit ou non et le traverse à vive allure, prenant la direction du dortoir des professeur lorsque je reçois quelque chose au visage.

Je vois blanc l'espace d'une seconde et m'écroule au sol, un goût de sang venant se répandre dans ma bouche pâteuse. Je ne sais plus où ni comment je suis, tout tourne autour de moi et la noirceur alentour n'aide en rien.

Une douleur écrasante se répercute le long de mon visage, mon pouls tambourinant dans chaque veine, dans chaque parcelle de ma peau, comme si tout mon corps était prêt à exploser. D'où cela venait ? Mes oreilles sifflent et rien que redresser la tête semble être devenu l'effort le plus intense que j'aie jamais fait.

Sauf que ce n'est pas moi qui redresse ma tête. Je suis soulevée, traînée lourdement contre la glace et la seule chose dont je sois certaine, c'est qu'on m'approche dangereusement du pont. La lumière du champ devient plus intense et un déclic m'électrifie.

Je me débats automatiquement, sachant très bien pourquoi je suis trainée de ce côté.

La peur ne paralyse pas mon cerveau, au contraire, tout semble clair sur l'instant.

Je remonte mes bras vers le haut, trouve la veste à ma portée et exerce une pression si forte que mes épaules entreprennent un mouvement inconnu mais pas inespéré. La deuxième personne, qui est également une fille, bien plus lourde, pousse un cri et avec ma force, passe au dessus de ma tête, son visage heurtant la glace de plein fouet alors que ses genoux se logent dans le haut de mon dos. Une douleur aiguë me traverse et chaque poil, jusqu'à mes cheveux, se dresse dans un frisson. Ne pouvant bouger, je cherche à découvrir qui est cette seconde fille, mais je ne vois pas son visage.

Non pas parce que ma tête tourne encore, mais parce que son visage est caché derrière un tissu noir. Seuls ses yeux, hagards, sont visibles. Ils papillonnent, elle est dans le même état que moi, sauf que je suis encore suffisamment en alerte pour entendre des bruits de pas de course sur le pont. Je pousse les jambes inertes de mon dos et m'extirpe en rampant, essuyant l'eau et le sang de mon visage et trouvant au sol une barre en fer, couverte de sang.

Mon sang.

C'est ce que j'ai reçu en pleine tête.

Je l'attrape au bon moment, car je suis tirée par les pieds, la glace ne permettant pas, ni à mes doigts, ni à mes ongles de s'y accrocher. Je tente de me mettre sur le dos alors que je suis tirée sur le ventre, contorsionnant mon corps trempé et glacé pour réussir à atteindre les doigts qui maintiennent mes chevilles, arrachant un cri hystérique à la fille.

Mes jambes retombent d'un coup au sol, mais je sais que ça ne sera pas pour longtemps, alors je donne un coup de pied en plein dans son visage qui s'est abaissé devant moi.

HuntersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant