Je t'attendrai.

Partie 2. Chap 4. Faut profiter du vent qu'on a dans l'dos.

J'avais tout préparé. J'avais acheté les tickets. J'avais mis en place un bon séjour où on pourrait faire tout ce qu'on voulait. Où toi et moi on allait pouvoir s'éclater comme des bêtes. Ça m'avait pris du temps, n'empêche. J'avais du appeler là-bas, j'avais du nous trouver un guide à travers l'Australie. J'avais même pris rendez-vous avec une agence de voyage pour comparer les prix.

Il ne restait plus qu'à t'en parler.

La partie la plus compliquée. Je voulais que tu viennes avec moi, de tout mon coeur. Je n'avais qu'une envie : c'était vivre cette dernière expérience, avec toi. Mais j'avais peur. Peur que tu refuses. Je savais que tu n'aimais pas l'inconnu, que tu n'aimais pas te lancer à l'aventure. Toi t'es plutôt le genre de mec à avoir ses habitudes. A se poser et à vivre la même vie tous les jours. Je le savais, je l'avais compris. Ça sert 8 ans de mariage.

Alors voilà, c'était un Mardi soir. Je m'en rappelle, parce que je me demandais encore si ce soir on allait faire l'amour. Ce qu'on avait pas fait depuis que j'avais ce putain de cancer. J'avais l'impression de te dégouter. Mais je perdais pas espoir malgré tout. Je savais qu'au fond de toi tu m'aimais encore. Toute cette mascarade, c'était pour t'éviter de subir la souffrance. Et même si ça me causait une énorme peine, je laissais faire, pour toi.

Ce soir là, t'es rentré. T'avais l'air content. Tu m'as embrassé, sur la joue. Putain, je suis si dégueulasse que ça ? J'ai rien dit. T'as bu un verre d'eau. T'as été sur la terrasse, t'as allumé ta clope. Je suis venu te voir, je me suis adossé à la fenêtre et je t'ai dit:

-Ç'a été ta journée ?

-Bien, merci. Et toi ?

-Superbe !

-...

Tu m'as regardé comme si j'étais fou, alors que je le pensais vraiment. Ma journée fut superbe. Quand tu passes tes journées à regarder la télé, allongé dans un lit, te demandant quand tu vas mourir, un rien fait de ta journée un jour merveilleux. Et ce jour là, j'avais reçu nos tickets pour Sydney, alors j'étais l'homme le plus heureux au monde.

J'ai lancé la conversation:

-David?

-Hm..

Tu regardais Paris, sous tes pieds, en t'intoxicant les poumons.

-Tu sais, j'ai vraiment envie de profiter de ces 4 mois et demi qu'il me reste. Et donc...

-10.

-Pardon ?

-4 moi et dix jours. Pas 15.

-Ah... Excuse-moi. Bon, en tout cas, je pensais que comme j'ai toujours revé d'aller en Australie, tu sais c'est vraiment le pays que...

-Greg, où tu veux en venir?

-Bon, voilà. Depuis quelques semaines, je nous est organisé un voyage, pour deux pendant 1 mois en Australie ! J'ai tout préparé: j'ai fait tout l'itinéraire, on aura même un guide là-bas, j'ai réservé l'hôtel, la voiture, tout. J'ai aussi reçu les tickets ce matin. T'as plus qu'à poser tes vacances, juste toi et moi. On part s'éclater ! Ça va être grandiose!

-Non ! Greg, ça va pas? Tu peux pas voyager dans ton état ! Et puis qui va s'occuper de la maison ? Et puis je peux pas annoncer à mon patron comme ça que je pars pendant un mois, c'est de la folie!

-Mais je l'ai appelé ton patron, il est d'accord ! Je lui ai tout expliqué et il a dit que ça nous ferait du bien !

-Ah parce que maintenant tu te fais plaindre pour arriver à tes fins ?! De mieux en mieux.