— Écoute Samuel, je voulais t'expliquer pour l'autre soir. Je n'aime pas la façon dont on s'est quitté. Pour une semaine sans nouvelles de toi en plus.

Elle explose en sanglot. J'ouvre immédiatement la porte en la refermant derrière moi, pour prendre Lucie dans mes bras. Moi aussi, je déteste ça, mais la seule vue du nom d'Alban me donne la rage. Une grosse rage au ventre qui dévore tout sur son passage.

— Je m'excuse, Lucie. Je t'invite à manger un petit truc en ville, ce soir, OK ? je propose, en essayant de gagner du temps.

Sans me répondre, Lucie se recule pour me jauger de la tête aux pieds, les yeux plissés. Elle se doute déjà de quelque chose. Serait-ce les gouttes d'angoisse et de pression qui coulent sur mon front, qui m'ont démasqué ?

— Dis-moi tout de suite ce qui ne tourne pas rond chez toi, Samuel.

J'inspire un grand coup. Elle n'est pas obligée de tout savoir, et puis au moins, en voyant Paul dans cet état, cela me facilitera la tâche pour en savoir plus sur ce mystérieux Victor.

— Tu sais recoudre une plaie ?

Elle écarquille les yeux, en se précipitant vers moi. Lucie passe ses mains sur moi, dans les moindres recoins pour vérifier mon état de santé.

— Je vais bien, je souffle pour la rassurer.

Elle relève la tête vivement, sa main attrape la poignée de porte, mais je l'empêche de rentrer, en me plaquant dessus.

— Tu m'en as trop dit, elle bouille.

— Oui ou non ? j'insiste.

J'ai vraiment besoin de quelqu'un qui s'y connaît un peu plus que moi, dans ce genre de chose. Lucie se mord nerveusement la lèvre jusqu'à s'arracher un petit bout de peau.

— Bon voilà, pendant mes études, enfin plutôt des vacances, j'ai passé quelques tests dans le médical. Les premiers soins mais aussi quelques interventions. Bien sûr, je l'ai fait librement, parce que j'avais envie d'en apprendre plus et puis je sais que dans mon futur métier, les gens atteints de problèmes psychologiques peuvent agir dans l'action et par exemple se blesser grièvement. Je voulais juste être au point et savoir quoi faire au cas où, elle m'avoue.

Putain, je tombe encore plus amoureux d'elle en voyant à quel point elle veut se dévouer aux gens. Mon dieu, elle est parfaite, et elle ne s'en rend même pas compte.

— Donc, tu sais ? je me risque.

— Recoudre une plaie faisait partie d'un des ateliers, oui.

Ouf.

— Suis-moi, alors.

Lorsque nous rentrons dans l'appartement, Paul ne répond plus à nos appels ni à nos secousses. Lucie me jette un regard inquiétant avant de me pousser à partir vers l'hôpital. Elle sait pertinemment que cette blessure n'est pas anodine, qu'elle n'est pas le fruit du hasard. C'est pour ça que quand quelques médecins nous demandent d'expliquer la cause, en arrivant à l'hôpital avec lui, elle ment.

Elle ment délibérément, en disant que Paul s'est fait agressé à l'arme blanche par une bande de voyous alors qu'il tentait de la protéger elle et son sac. La police arrive ensuite et elle appuie son argument en disant qu'elle m'a appelé pour que je l'aide à l'amener à l'hôpital. Les faits se sont déroulés aux pieds de notre immeuble. Elle me présente comme son copain. Pour mon plus grand bonheur, la police trouve sa disposition juste et m'interroge par la suite. Mais les choses sont presque trop faciles.

FIGHT FOR US 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant