Comme une fleur qui éclot - Courte histoire Pokémon Soleil & Lune #2

Comme une fleur qui éclot

Le jour laissait place à la nuit, offrant au ciel son plus bel habit carmin, décoré d'une imposante broche dorée et d'étoffes indigos. Le ciel était si dégagé et le Temple de la Lune si haut qu'on pouvait apercevoir l'île d'Ekaeka à l'horizon. Il était d'ailleurs étonnant que le Temple ne soit pas visible depuis le village flottant de Poni, vu comme il était haut perché, à moins qu'on y porte tout simplement pas attention.

Cylian soupira. Depuis qu'il était arrivé à Alola, sa vie avait été bien remplie en péripéties, mais ce n'était rien en comparaison de ce qu'il avait vécu ces dernières heures. Lilie avait absolument voulu qu'ils aillent sauver sa mère partie dans l'Ultra-Brèche. Bien qu'il considérait cette femme comme la pire personne et mère qu'il ait connu, il admettant que personne ne méritait d'être abandonné dans un lieu inconnu et dangereux. À moins qu'il ait fait ça pour Lilie.

Puis il y avait eu Doudou qui, non content d'être une Ultra-Chimère, s'était aussi révélé être la créature légendaire qu'ils espéraient invoquer. Et puis l'Ultra-Brèche, ce lieu surnaturel et inquiétant, et ce combat contre cette... chose qu'était devenue Elsa-Mina... Heureusement que le processus semblait réversible, en tout cas en apparence.

Tout cela avait été tellement intense. Cela semblait irréel, pourtant l'ouverture de l'Ultra-Brèche était encore présente au beau milieu du titanesque cadran du Temple. Et c'était bel et bien Lunala, étrange créature aux allures de chauve-souris surdimensionnée, qui flottait à proximité de Lilie.

La jeune fille était en train de regarder sa mère, allongée sans connaissance sur le large dos du Bourrinos de Paulie, emmenés par un Guzma un peu perdu. Les longs cheveux de la demoiselle, tirés en une queue de cheval plus complexe que nécessaire, rougeoyaient face à l'astre entrant en contact avec le miroir de l'océan. Ses vêtements blancs, pas très adaptés au voyage sauvage, avaient pas mal souffert. Mais elle semblait tellement rayonner après tous ces événements. Elle prit une grande inspiration et se tourna vers Lunala, visiblement sur le point de dire quelque-chose de délicat.

—Lunala... commença-t-elle, avant de marquer une pause, hésitante, puis de reprendre : tout ce que je voulais, c'était te ramener à ton monde... Mais au final, je t'ai appelé à l'aide, comme si je ne pouvais rien faire toute seule...

Cylian voulu lui faire remarquer que pendant que Doudou était "endormi", elle s'était tout de même très bien débrouillée en solo, mais elle continua :

—Merci pour tout ! Du fond du cœur, merci !

L'imposante créature lui répondit de sa voix stridente, et Cylian fut étonné de constater qu'elle parlait. Dans un langage qui lui était inconnu, mais un langage tout de même. Lilie parut également surprise, mais n'en fut pas décontenancée pour autant :

—T-tu veux me dire quelque chose ? Laisse-moi deviner... Tu souhaites continuer de voyager aux côtés de Cylian, n'est-ce pas ?

Lunala donna sa réponse, sans que Cylian puisse déceler si celle-ci penchait ou non du côté de l'approbation, ce qui ne l'arrangeait pas. Pire encore, c'était une sourde inquiétude qui commençait à poindre dans ses entrailles.

Lilie accueillit, elle, la réponse avec un petit rire :

—J'ai vu juste, n'est-ce pas? Nous avons vécu tellement de choses ensemble. Notre lien est si fort que je peux te comprendre d'un simple regard. Sache que je partage ton sentiment. En faisant le tour d'Alola et de ses îles, nous avons rencontré plein de gens formidables. Les professeurs Euphorbe et Pimprenelle... Monsieur Pectorius, le Doyen de Mele-Mele, et son petit fils Tili... Cylian, qui a volé à notre secours quand les Piafabecs t'ont attaqué... Et j'en oublie tant d'autres...