Chapitre 2

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A l'âge de 13 ans, j'ai perdu mon père. Quelque mois plus tard, ma grand-mère maternelle. Je ne sais pas lequel de ces décès m'a le plus affecté. Mon père n'était pas parfait, loin de là, mais il m'aimait. Il n'était pas forcément présent à toute les étapes de ma vie, mais lorsqu'il était là, je passais les plus beaux moments. Mon père a été assassiné. Voilà les mots qui me hantent depuis maintenant 11 ans. J'ai 24 ans, et je ne m'en suis jamais remis. Mon père était avocat, comme ma mère, c'est grâce à cela qu'ils se sont rencontrés. Ma mère a gagné un procès face à mon père. Je ne sais pas si c'est une manière banale de débuter une histoire d'amour, mais voilà, c'est leur début à eux. Ils se sont mariés après trois ans de vie commune et je suis arrivé 2 ans après. Nous étions heureux, merde, nous étions tellement heureux ! Nous nous aimions tellement ! Et je me rappelle exactement comment tout à basculé.

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-C'est irresponsable de ta part Fred ! Tu sais très bien qu'il y aura des conséquences, et pas seulement pour toi ! Criait ma mère.

Je venais de rentrer de l'école. Je n'avais jamais entendu mes parents se disputer, jamais. Que se passait-il alors ?

-Je sais Maria, j'en suis vraiment désolé. Mais il faut que je le fasse, il faut que les choses changent !
-Non mais écoutes ce que tu dis ! Les choses ne changeront jamais, et tu le sais très bien ! Non seulement tu te mets en danger, mais tu nous mets Jordan et moi aussi en danger. Tu gagneras ce procès, tu le sais déjà, et alors, l'enfer commencera pour nous.

J'attendais pendant quelques secondes la suite, mais rien ne vint.

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Comme ma mère l'avait prédit, mon père gagna ce procès, malheureusement. C'est bien la première fois que je regrettai que mon père soit un aussi bon avocat. Il fut assassiné trois jours après l'annonce du verdict, d'une balle dans la tête. Ma seule consolation et de savoir qu'il n'ai pas souffert, et qu'il est mort pour la "bonne cause" comme il l'aurait dit. Mais putain, j'aimerais tellement qu'il soit présent à mes côtés. Peut-être que ma vie n'aurait jamais pris cette tournure ? Peut-être serais-je entrain de faire des études pour devenir moi-même avocat comme il le voulait ? Peut-être n'aurais-je pas cet satané bracelet électronique attaché en permanence autour de ma cheville droite ? Peut-être ne serais-je pas malade ?

A l'école, je m'entendais plutôt bien avec tout le monde. A l'école, je m'entendais plutôt bien avec tous les noirs, rectification. Même étant métisse, je savais très bien ne pas pouvoir "intégrer" ce groupe de blancs, et de toutes façons, je n'en avais aucune envie. Les noirs m'avaient donc accueillis à bras ouverts.
Je ne dirais pas que nous sommes une secte, ou un gang, mais presque. Certains d'entre nous faisaient du trafic de drogue, de diamants. Et presque tous les autres se droguaient et buvais. Je ne mentirais pas en disant que je n'avais jamais essayé, bien sur que si, juste qu'avec mon syndrome, la drogue ne me réussissait pas vraiment. J'avais eu 6 petites amies. Toutes noires. J'avais vécu de bon moments avec certaines, et perdu mon temps avec beaucoup d'entre elles. Mais peu importait.

Mon anormalité s'annonça très tôt. Au primaire même, je me battais déjà tellement que je fus renvoyer au moins trois. Mais mes parents, et tout le monde, pensaient seulement que j'étais juste instable. Mais après la mort de mon père, tout dégénéra. J'étais tout le temps en colère et pour un rien. J'ai tué mon premier être humain à l'âge de 15 ans, 15 ans merde ! Nicholas Lankfoord. Il était à peine plus vieux que moi, 17 ans tout au plus. Et il était heureux. Et il avait voulu m'aider. C'est cela qui me torture le plus. Il voulait m'aider. Je l'ai battu à mort. Même après, jusqu'à ma colère se dissipe. Étant mineur, je ne fus pas emprisonné, mais condamné à des travaux d'intérêt. Ma crise suivante fut beaucoup plus meurtrière, 3 hommes y sont passés. Puis d'autres, d'autres et encore d'autres.
Après avoir tué Nicholas Lankfoord, je ne réussis pas à dormir. Je fermais à peine les yeux que d'horrible image de moi piétinant, frappant, battant cette homme me revenait en mémoire. Le premier soir où je pus dormir, c'est lorsque j'eu parlé avec sa mère, cinq jours plus tard. Elle m'avait pardonné, je crois bien. Elle m'avait prit dans ses bras et avait pleuré des heures et des heures, j'ai pleuré aussi. Elle disait que tout le monde avait le droit à une deuxième chance, elle disait que j'étais bon, elle disait que je lui rappelais son fils, elle disait que je deviendrais un grand, elle disait que tout irait bien. Elle m'a menti. J'ai épuisé bien plus que deux chances, je n'étais pas bon, je n'étais pas comme son fils, je ne serais jamais un grand, et rien du tout n'irait bien. Annabelle. Voilà comment elle s'appelait. Annabelle s'est suicidée deux mois après la mort de Nicholas. J'eu alors l'impression d'avoir un meurtre de plus sur la conscience.

C'est pourquoi, après tout ça, lorsque j'eu vent de l'existence de 2nd chance, tout changea. J'étais alors toujours interné à l'hôpital psychiatrique. J'ai enfin repris goût à la vie, j'aurais tout fait, mais vraiment tout, pour être embauché dans ce café. Je voulais me reconstruire, vivre une vie normale, être présent pour ma mère et la rendre fière. Ma mère. C'est pour elle que je fais tout ça, elle est la seule personne qui me retiens encore sur cette terre. Je m'en veux tellement de lui avoir fait subir tout ça, c'est une personne tellement fantastique. Aimante et attentionnée. Étant petit, elle travaillait beaucoup, vraiment beaucoup. Mais quand elle rentrait à la maison, elle passait tout son temps avec, quite à dormir à peine deux heures. C'est une mère formidable.

Le jour suivant, elle n'est pas venue non plus, et merde, je ne savais pas pourquoi, mais ça me rendait tellement triste.

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