Épilogue

834 77 39
                                    

Un bip lancinant me vrille les oreilles. Un bip aiguë, fort, régulier. Un chuintement presque imperceptible accompagne les mouvements de ma poitrine. Et la douleur. Une douleur faible, latente, mais une douleur tout de même.

Je veux me rendormir, j'étais tellement bien dans les limbes. C'était apaisant, dénué de douleur et de sensations. Quelque chose est campé dans ma gorge, traversant ma bouche et m'empêchant de la fermer. Une aiguille semble plantée dans ma main, mais je n'en suis pas sûre.

J'ouvre les yeux, lentement. La lumière est diffuse, apaisante. La pièce dans laquelle je me trouve est haute de plafond. Je suis dans un lit médicalisé, les bras le long du corps. Le tube qui me sort de la bouche est relié à une machine qui produit un doux chuintement à chacune de mes inspirations. De nombreux moniteurs électroniques m'entourent.

Des dizaines d'électrodes sont fixées sur ma poitrine, dissimulée par une chemise de convalescence blanche. Une aiguille est plantée dans ma main droite, introduisant un produit translucide dans mes veines.

Je ne me souviens pas de comment j'ai atterrit ici. Je pense tout d'abord être dans un hôpital mais ma présence dans cette immense pièce au murs gris m'en dissuade. Je ne suis pas dans un hôpital, pourtant j'ai l'air d'être en convalescence. Alors, où suis-je ?

Au fur et à mesure que je reprends conscience, ma respiration s'apaise, tout comme les battements de mon coeur. Mes membres n'ont pas l'air d'avoir souffert, une cicatrice me barre cependant la paume gauche. J'en ai un vague souvenir. Celui d'une lame acérée entamant ma chair.
Une porte s'ouvre alors sur ma gauche, laissant entrer une dame d'âge mûr, vêtue d'un jean et d'un tee-shirt noir. Ses cheveux grisonnants font ressortir ses yeux verts perçants.

Je la suis des yeux le temps qu'elle se rapproche de moi. Elle me sourit, mais son visage m'est inconnu. Arrivée près de moi, elle se décide enfin à parler :

"Bonjour Aurore. Bienvenue dans le monde des vivants."

Je suis un peu sceptique, je me souviens de mon nom, Aurore, mais d'un autre aussi, Adria. La femme s'approche et avec de gestes doux me libère du tube qui m'alimentait en oxygène.

La porte s'ouvre alors à nouveau et une silhouette familière pénètre dans la pièce. Un homme, peut-être un peu plus âgé que la femme, les traits tirés et marqués par les années passées. Il s'approche de moi et je peux enfin mettre un nom sur ces traits : Émeric, mon oncle. Il me sourit à son tour, j'ai du mal à lui sourire en retour, tant mon visage semble engourdi.

Je ne sais pas pourquoi mais je sens qu'il peut m'apporter les réponses aux questions qui me taraudent. Lorsqu'il s'approche, je peux voir ses yeux chargés de larmes, qu'il n'ose pas déverser.

Il prend alors délicatement ma main droite entre ses doigts et commence à en caresser le dos. Ce geste m'apaise.

"Je suis content que tu sois réveillée, me murmura-t-il. Pendant tout ce temps, j'ai cru que tu ne le ferais jamais."

J'ai du mal à répondre, tant la bouche est pâteuse, mais j'arrive tout de même à formuler quelque-chose qui sonne comme :

"Où suis-je ?"

C'est la femme qui me répond alors :

"Tu es dans un endroit un peu spécial, au coeur de Paris. Ce n'est pas un hôpital, comme tu as pu sans doute le constater, mais tu as été soignée ici."

Mon oncle prend alors le relais d'un ton grave :

"Il y a plus d'un an, tu as eu un grave accident de moto. À ton arrivée à l'hôpital, tu as été déclarée en mort cérébrale. J'ai alors pris la décision de te brancher à l'Animus. Tout ce que tu as vécu depuis sont les souvenirs d'Adria, morte il y a plus de 500 ans."

Arcanes | Assassin's CreedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant