IV : Combattre ou Mourir

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Le garde tomba à terre, déjà mort, aux côtés du prisonnier qui, affalé au sol, se tenait le ventre en une grimace de douleur, incapable de bouger.

Il était très mal en point, mais Adria ne pouvait se permettre de l'aider avant de s'être débarrassée des trois combattants restants.

Elle se tourna donc vers eux. Ils avaient enfin dégainé leur arme et se tenaient en face d'elle, prêts à frapper. La jeune fille s'avança de quelques pas, de manière à se retrouver entre eux et le blessé, dans une tentative pour éviter qu'il ne soit tué par l'un des trois soldats.

Les deux moins gradés s'étaient placés devant leur supérieur, dans la même démarche que celle de la jeune fille, pointant leur arme, l'air menaçant, mais la main tremblante. Quelques secondes plus tôt, ils étaient soulagés d'avoir enfin mis fin à un combat meurtrier, et voilà qu'un nouvel adversaire se présentait. Une fille qui plus est !

Les deux parties se toisèrent quelques secondes, en chiens de faïence, avant qu'un des gardes n'engage finalement le combat, s'avançant vers Adria l'épée levée dans un cri de guerre.
La jeune fille para l'épée à l'aide de son poignard gauche et lança le droit vers le ventre de l'homme.

Celui-ci atteignit son but, transperçant la tenue de toile et la chair, arrachant un cri de douleur au blessé, mélangé à un horrible bruit de succion.

L'homme recula, se tenant le flanc, l'épée baissée, suppliant du regard son adversaire de l'épargner, mais elle l'acheva en plantant son poignard dans son œil gauche, le faisant éclater et brisant son crâne à cet endroit en un bruit horrible. C'était la loi. Tuer ou se faire tuer.

Plus que deux.

Adria était essoufflée, pourtant il lui restait encore deux soldats à affronter, seulement deux soldats. Prenant l'initiative de l'attaque, et donc de la surprise, cette fois- ci, elle bondit en direction de son avant-dernier adversaire.

Celui-ci était mieux armé et protégé. En effet, il possédait une cuirasse qui protégeait son torse et une rapière, souple et véloce, avec laquelle il para sa première attaque. Il tenta une percée vers le ventre de la jeune fille, qu'elle esquiva en un saut de jambe élégant et efficace sur le côté gauche.

Elle repartit à l'attaque et réussit à planter son poignard dans l'interstice entre l'épaule et le cou de son opposant, pénétrant la chair facilement. Elle tenta de le retirer mais il resta coincé entre l'os et la cuirasse. La lame vibrait sous la tension qu'elle lui infligeait.

D'un coup de bras puissant, le soldat l'envoya valser à quelques mètres de là. Sa lame se brisa sous la pression, coincé dans la chair et l'armure.

La chute fut rude. Elle se réceptionna sur le dos et sentit l'onde de choc se répandre dans ses os. Elle eut le souffle coupé et la lèvre tranchée par un coup de dent, le sang se répandit alors rapidement dans sa bouche.

Cependant, Adria se reprit très vite, elle essuya le sang qui coulait sur son menton, et, jetant le moignon de poignard qui lui restait au loin, elle repartit à l'assaut.

Les deux gardes choisirent cette fois-ci de l'attaquer à deux, jugeant que c'était plus sûr et qu'elle ne tiendrait de toute façon plus longtemps.

La jeune fille se focalisa sur l'homme qu'elle avait déjà touché et blessé, tout en surveillant ses arrières, menacées par le haut gradé.

Après une feinte et un échange de coups d'estoc avec le garde blessé, elle réussit à lui enfoncer sa lame dans la gorge, en direction du crâne. Il s'écroula, agonisant dans son propre sang.

Plus qu'un.

Puis, se tournant vers son dernier adversaire, la jeune fille souffla. Ses côtes lui faisaient vraiment mal et elle craignait d'en avoir brisé une. De plus, l'épuisement commençait à se faire sentir dans ses muscles mis à rude épreuve.

La peur et l'indécision se lisaient dans les yeux du dernier adversaire qui lui faisait face, il hésitait entre la peur d'une telle machine à tuer, qui avait décimé les hommes qu'il lui restait, et l'admiration pour son jeune âge apparent.

Enfin, il se décida et attaqua. Adria esquiva plusieurs coups mais un l'atteignit au bras droit, lui ouvrant une estafilade d'une vingtaine de centimètre de long, heureusement peu profonde.

Elle continua cependant à se battre comme une lionne protégeant ses petits, mais là était le paradoxe : elle protégeait quelqu'un qu'elle ne connaissait même pas, mais néanmoins qui avait été blessé gravement par des Borgia. Et Dieu sait qu'Adria ne les portait pas dans son coeur.

Elle réussit à blesser son adversaire au bras, lui aussi, ne pouvant attaquer de front du fait de son armure qui protégeait une bonne partie de son corps et de la lourde épée qu'il maniait avec agilité.

L'homme essaya de lui porter un coup sur le crâne à l'aide du plat de son épée, mais la jeune fille, plus rapide, plaça sa main gauche en protection, comme elle le faisait avec son poignard.

Malheureusement, elle n'avait plus de poignard dans cette main et l'épée laissa donc une longue ouverture dans sa paume, à présent dégoulinante de sang.

Quelque peu surprise, Adria marqua un temps  d'hésitation que l'homme utilisa pour l'envoyer à terre d'un puissant coup de pied dans les reins. Pour la deuxième fois, elle se réceptionna durement, serrant sa main blessée contre sa poitrine et sa lame dans l'autre.

Mais sa tête heurta le sol violemment, lui faisant lâcher le poignard qu'elle tenait pourtant fermement. Il atterrit à plusieurs mètres d'elle, inatteignable. Sa vue se brouilla sous l'effet du choc, sa tête l'élançait atrocement, et du sang commençait à couler à l'arrière de son crane meurtri.

Le soldat s'approcha alors au-dessus d'elle, d'un air triomphant, levant progressivement son épée pour asséner le coup fatal.

"Dommage que je doive te tuer, tu es si mignonne, midonna-t-il. Mais vu ce que tu as fais à tous mes hommes (il fit un grand arc de cercle à l'aide de son épée pour designer les cadavres), tu mérites de mourir. Ta place est en enfer, fille de Satan !"

Son ton cajoleur avait laissé place à une rage indescriptible, perçant autant dans sa voix que dans son visage déformé de colère.

Adria pestait contre elle-même, elle avait échoué, son adversaire avait été plus fort qu'elle et avait réussi à la mettre à terre. Ses côtes lui rappelaient à chaque instants qu'elles étaient dans son torse, sa main l'élançait horriblement, lui tirant une grimace de souffrance sur le visage.

Dans la brume de la douleur, elle vit sa mort approcher. Sa vie allait s'achever là, sur une place qu'elle ne connaissait que trop bien, de la main d'un de ses ennemis Borgia, pour avoir voulu sauver une homme qu'elle ne connaissait même pas.

Alors, quand le soldat leva son arme pour porter le coup fatal, elle ne détourna point le regard, le plantant plutôt dans celui de son adversaire, en un ultime défi. Elle garda la tête haute, pour mourir avec honneur.

Adria entendit la lame siffler dans l'air et la vit se rapprocher dangereusement de son visage, elle crispa sa mâchoire, à l'attente de la mort.

Arcanes | Assassin's CreedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant